Décès du réalisateur Richard Rush

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Un monde psychédélique © 1968 Peter Sorel / Dick Clark Productions / American International Pictures Tous droits réservés

Le réalisateur américain Richard Rush est décédé le 8 avril à Los Angeles. Il était âgé de 91 ans. Connu surtout pour Le Diable en boîte, le film culte sur la magie trompeuse du cinéma avec Peter O’Toole en réalisateur manipulateur, Rush laisse une carrière atypique derrière lui. Car après la production problématique de l’œuvre majeure de sa filmographie au début des années 1980, il n’avait pratiquement plus tourné. Auparavant, il s’était fait un nom dans le monde du cinéma indépendant avec des films d’ores et déjà à l’esprit iconoclaste, comme Le Retour des anges de l’enfer avec Jack Nicholson et Campus avec Elliott Gould.

Après avoir collaboré pour l’armée américaine à des films institutionnels sur la guerre de Corée au début des années ’50, Richard Rush avait tourné son premier long-métrage en 1960 avec Jeunes amants, le deuxième film de Jack Nicholson. L’acteur et le réalisateur allaient encore faire équipe à deux reprises au fil de la décennie sur ces productions indépendantes et fermement ancrées dans l’esprit rebelle de l’époque que sont Le Retour des anges de l’enfer et Un monde psychédélique. En parallèle, Rush avait également mis en scène Le Jardin de mes amours avec Merle Oberon et Curd Jürgens, Thunder Alley avec Annette Funicello, Monsieur Dague à votre service avec Terry Moore et Les Sept sauvages avec Robert Walker Jr.

Campus © 1970 The Organization / Columbia Pictures / Sony Pictures Releasing France Tous droits réservés

Après ce cycle d’apprentissage prometteur sur le terrain du cinéma américain indépendant, notamment pour American International Pictures, la compagnie de distribution de Samuel Z. Arkoff, le reste de la carrière de Richard Rush était étonnamment irrégulier. Au cours du quart de siècle suivant, il n’allait tourner que quatre films, quoique pas des moindres. A commencer par Campus en 1970, une comédie à la fois intelligente et irrévérencieuse sur la vie mouvementée d’étudiants et d’enseignants, suivie quatre ans plus tard par Les Anges gardiens, l’une des premières comédies de potes en milieu policier, au duo de collègues aussi mal assortis que parfaitement interprétés par Alan Arkin et James Caan.

La période de gestation de Le Diable en boîte était longue et tortueuse, comme Rush l’avait lui-même expliqué dans le cadre d’un documentaire fleuve, inclus au début des années 2000 dans l’édition vidéo anglaise de ce film assez méconnu jusque là. En France, les spectateurs ont eu la chance de pouvoir le redécouvrir sur grand écran en décembre 2019 grâce à Splendor Films. Mais avant sa réhabilitation tardive, cette histoire sur le tournage rocambolesque, voire déroutant d’une épopée guerrière dans une station balnéaire, orchestré de main de maître par Peter O’Toole dans l’un de ses meilleurs rôles du réalisateur machiavélique Eli Cross, avait sérieusement peiné à trouver son public. Un rendez-vous manqué aussi à cause de la frilosité du distributeur, qui ne savait guère de quelle manière commercialiser ce film inclassable.

Les Anges gardiens © 1974 Peter Sorel / Warner Bros. France Tous droits réservés

Malgré le succès critique de Le Diable en boîte, Richard Rush avait alors sérieusement galéré pour mettre sur pieds son film suivant. Il avait beau s’investir pendant longtemps dans l’écriture de Air America, le film allait finalement être réalisé par Roger Spottiswoode en 1990. Le producteur de ce dernier, Andrew G. Vajna, avait alors proposé à Rush de s’occuper de Color of Night. Tandis que le tournage – le premier pour le réalisateur en près de quinze ans – s’était passé à merveille, le thriller érotique avec Bruce Willis et Jane March avait connu une période de post-production pour le moins houleuse. Avec pour résultat deux versions du film dont celle du producteur distribué en salles, un carnage critique et même une crise cardiaque pour le pauvre Richard Rush.

Richard Rush a été nommé à l’Oscar du Meilleur réalisateur et du Meilleur scénario adapté en 1981 pour Le Diable en boîte. Le même film lui avait également valu une nomination au Golden Globe du Meilleur réalisateur, ainsi qu’aux prix du syndicat américain des scénaristes et des réalisateurs.

Le Diable en boîte © 1980 Melvin Simon Productions / 20th Century Fox / Splendor Films Tous droits réservés

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