Critique : The Substance

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The Substance

France, Royaume-Uni, États-Unis : 2024
Réalisation : Coralie Fargeat
Scénario : Coralie Fargeat
Acteurs : Demi Moore, Margaret Qualley, Dennis Quaid
Distribution : Metropolitan FilmExport
Genre : Horreur, Comédie
Durée : 2h20
Date de sortie (FR): 6 Novembre 2024

3/5

Il m’arrive de plus en plus fréquemment (comme pour Joker: folie à deux) de m’agacer de la communication et du marketing autour des films. C’est que leur distribution commerciale me semble tellement effrayée, à l’ère de la convergence, de ne pas réussir à capter notre attention si fuyante qu’elle cherche trop désespérément à nous engager dans des considérations politiques, des discours sensationnalistes et jusqu’aux clins d’œil épuisants à l’intérieur même des films. A ce jeu, tout est bon pour provoquer une réaction, un émoi, une étincelle, quitte à simplifier les discours, surfer sur un didactisme infantilisant et abandonner toute complexité. La sortie de THE SUBSTANCE, dernière sensation cannoise, ne déroge pas à cette règle. On pouvait lire un peu partout qu’il y avait là l’émergence d’un grand film “important”; beaucoup de courage féministe, un moment de cinéma unique, etc, etc…

Synopsis : AVEZ-VOUS DÉJÀ RÊVÉ D’UNE MEILLEURE VERSION DE VOUS-MÊME ? Vous devriez essayer ce nouveau produit: The Substance. ÇA A CHANGÉ MA VIE. Avec The Substance, vous pouvez générer une autre version de vous-même, plus jeune, plus belle, plus parfaite… Il suffit de partager le temps. Une semaine pour l’une, une semaine pour l’autre. Un équilibre parfait de sept jours. Facile n’est-ce pas ? Si vous respectez les instructions, qu’est ce qui pourrait mal tourner ?

Méfiant par nature, je craignais une énième arnaque. Je pouvais déjà sentir résonner bien fort les discours, cachant derrière un “sujet” la faiblesse prudente de leur forme. Je trainais des pieds avant d’entrer en salle en ce soir d’Halloween bruxellois. Et bien quelle ne fût pas ma surprise quand, projeté dans les mains de Coralie Fargeat, je pris un plaisir férocement ridicule et outrancier à cette satire sans pudeur.

C’est que si j’ai commencé ces lignes par une remarque sur les discours promotionnels, c’est qu’ils ont vite fait de nous raconter une histoire qui n’a rien à voir avec notre expérience en salle. Hors, le cinéma , c’est une histoire d’illusions, de propositions, de joyeux mensonges et de sublimes tricheries; pas celui de la vérité, encore moins du grand discours politique. D’où l’intérêt pour moi sacrément jouissif de cette SUBSTANCE.

Que les intentions de sa réalisatrice, bourrines à souhait, soient de dénoncer, de dynamiter les représentations du corps féminin ne font aucun doute. Seulement, ce postulat n’aurait pas suffi en lui-même à déployer un film iconique; en particulier quand on est comme moi allergique aux donneurs de leçons. Bien heureusement, mon plaisir de vision du film ne se résume pas à l’idéologie du projet. Ce qui m’a amusé, c’est une liberté qui se moque d’être grotesque et dégage un mauvais esprit bien réjouissant.

J’ai aimé ricaner avec le film (et pas contre lui) de ce jeu de massacre cradingue, de cette satire de l’hypocrisie du show business face au corps vieillissant de Demi Moore. Dans un plaisir horrifique bien farceur, multipliant les références, ne pas prendre ce spectacle au sérieux était essentiel. De plus, j’avais heureusement l’estomac vide.

Dans son dernier acte, je craignais enfin que le film ne vienne se conclure trop poliment, comme un peu effrayé d’être allé aussi loin. Que Nenni! Fargeat enfonce encore l’accélérateur et fait exploser de grand guignol ces 10 dernières minutes, gagnant des sommets de dégueulasserie giclants et toute ma sympathie.

Conclusion

La substance est débile, cheap, colle aux doigts, et vous allez sans doute regretter un peu d’en avoir pris autant d’un coup. Mais cette bêtise qui fait tout son charme, laisse sa cicatrice

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