Test DVD : Moi Capitaine

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Moi Capitaine

Italie, Belgique : 2023
Titre original : Io Capitano
Réalisation : Matteo Garrone
Scénario : Matteo Garrone, Massimo Gaudioso
Acteurs : Seydou Sarr, Moustapha Fall, Issaka Sawadogo
Éditeur : Pathé
Durée : 1h58
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 3 janvier 2024
Date de sortie DVD : 8 mai 2024

Seydou et Moussa, deux jeunes sénégalais de 16 ans, décident de quitter leur terre natale pour rejoindre l’Europe. Mais sur leur chemin les rêves et les espoirs d’une vie meilleure sont très vite anéantis par les dangers de ce périple. Leur seule arme dans cette odyssée restera leur humanité…

Le film

[3,5/5]

« C’est par deux films mettant en scène des migrants, Terra Di Mezzo en 1996, et Les Hôtes en 1998, que Matteo Garrone a fait ses débuts comme réalisateur de longs-métrages de fiction. Agé aujourd’hui de 55 ans, des films comme Gomorra (Grand Prix du Jury à Cannes 2008), Reality (Grand Prix du Jury à Cannes 2012), Tales of Tales et Dogman ont fait de lui un des cinéastes italiens les plus importants du moment. Avec Moi Capitaine, le voilà de retour dans le monde des migrants. Ce film ayant été présenté en compétition à la dernière Mostra de Venise, Matteo Garrone a reçu le Lion d’argent pour la meilleure réalisation et Seydou Sarr, l’interprète de Seydou, le Prix Marcello-Mastroianni du meilleur espoir.

La route est longue et les écueils nombreux

(…) Traversée du Mali, traversée du Niger, traversée du Sahara, traversée de la Libye, traversée de la Méditerranée avec pour objectif final de débarquer vivants en Sicile, la route est longue et les écueils nombreux : lorsqu’un pick-up n’arrête pas de tressauter sur une piste du désert au point de perdre en route un migrant qui ne s’était pas suffisamment accroché à la rambarde, aucun espoir qu’il fasse demi-tour pour venir le récupérer ; lorsque, épuisée par les kilomètres parcourus à pied dans les dunes du désert, une femme n’arrive plus à suivre le groupe dont elle fait partie, aucun espoir qu’elle soit attendue par les autres membres du groupe. Les deux cousins vont rencontrer la corruption, le peu d’argent qu’ils avaient emporté avec eux va être volé, ils vont connaître la torture, ils vont être vendus tels des esclaves en Libye, ils vont être séparés, etc. (…)

Important et décevant

Voilà un film, Moi Capitaine, qui réussit l’exploit d’être à la fois important et décevant. Important, car rares sont les films qui soient aussi exhaustifs sur toutes les « galères » que peuvent rencontrer des migrants partant d’un pays d’Afrique vers l’Europe, que ce soit Seydou et Moussa ou leurs compagnons d’infortune. (…) On sent que les scénaristes ont su s’entourer de personnes connaissant bien le sujet, dont certains pour avoir vécu tout ce que le film raconte. Parmi ces personnes, l’un d’eux, Mamadou Kouassi Pli Adama, un ivoirien, a eu un rôle très important dans la genèse du film. Alors, pourquoi parler de déception à propos de ce film ? Déception mineure, certes, mais déception quand même ! Eh bien, cela peut paraître curieux mais c’est justement cette exhaustivité qui en est une des causes : à souhaiter montrer tout ce que les migrants doivent endurer, le temps passé sur chacun des drames est forcément limité et le spectateur, chaque fois, n’a pas vraiment le temps de compatir à leur malheur. Si on ajoute les quelques scènes oniriques que recèle le film, Moi Capitaine en arrive à se rapprocher d’un conte et ne parvient que rarement à revêtir le caractère poignant auquel on pouvait s’attendre. (…)

Des louanges pour les interprètes et la photographie

Le jeune sénégalais Seydou Sarr, l’interprète de Seydou, s’est vu décerner le Prix Marcello-Mastroianni du meilleur espoir lors de la dernière Mostra de Venise, en septembre dernier, un prix très mérité, mais c’est l’ensemble de la distribution qui mérite des louanges. Tout comme mérite des louanges Paolo Carnera, le Directeur de la photographie, même si la beauté des images qu’il nous offre est pour beaucoup dans l’impression qu’on a de visionner un conte plutôt qu’une tragédie. (…) Il y a beaucoup de positif dans Moi Capitaine, ne serait-ce que toutes ces scènes où le réalisateur donne aux spectateurs le ressenti des migrants, mais on ne peut s’empêcher de regretter d’avoir eu du mal à entrer vraiment dans un film aux allures de conte qui s’apparente un peu trop à un catalogue des drames que peuvent subir des migrants « en route » vers l’Europe. »

Extrait de la critique de notre rédacteur Jean-Jacques Corrio. Pour en découvrir l’intégralité, cliquez sur ce lien !

Le DVD

[4/5]

Moi Capitaine est sorti en DVD le 8 mai chez Pathé, dans une belle édition Digipack. Les 228.000 spectateurs s’étant déplacés dans les salles françaises pour voir le film ne lui ont pas permis de voir le jour au format Blu-ray, et c’est dommage, tant la photographie du film, signée Paolo Carnera, aurait mérité un encodage en Haute-Définition. Cela dit, on se consolera en profitant de l’opportunité de découvrir le film autrement qu’en VOD ou SVOD. D’autant que le DVD édité par Pathé est à l’image de ce que nous offre l’éditeur depuis des années en matière d’encodage sur support à définition standard : définition sans faille, précision de tous les instants, colorimétrie tout à fait satisfaisante, dans les limites naturelles d’un encodage en MPEG-2 bien entendu. Côté son, VF et VO (wolof) nous sont proposées dans des mixages Dolby Digital 5.1 tout à fait satisfaisants : la spatialisation se concentre essentiellement sur la restitution des ambiances – le film ne se prête de toute façon pas forcément à la démonstration technique.

Côté suppléments, on trouvera tout d’abord une conversation entre Roberto Benigni, Matteo Garrone et Seydou Sarr (14 minutes). Ardent défenseur du film, Benigni évoquera l’héritage de Roberto Rossellini, de Vittorio De Sica, mais également de John Ford pour le côté épique, et soulignera le tour de force de Matteo Garone d’avoir réalisé un film qui nous apprend des choses sur un sujet dont on parle tous les jours à la télé. Ils échangeront ensuite sur l’humanité et l’authenticité de Moi Capitaine, ainsi que sur le côté onirique du film et sa beauté picturale. Matteo Garrone et Roberto Benigni étant extrêmement bavards, le jeune Seydou Sarr ne parvient à placer que deux phrases dans le sujet. On continuera ensuite avec une session de questions / réponses entre l’équipe du film et le public lors d’une avant-première du film (30 minutes). Seydou Sarr et Moustapha Fall s’y expriment en français, Matteo Garrone en italien. Enfin, on terminera avec une série d’entretiens avec l’équipe (12 minutes). Comme dans les autres suppléments, Matteo Garrone reviendra sur l’odyssée humaine que représente le film, ainsi que sur le mélange réalisme / onirisme. Seydou Sarr et Moustapha Fall reviendront sur le tournage, qui s’est fait de façon chronologique, ainsi que sur la grande liberté que leur laissait le réalisateur.

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