Test DVD : Miss Dolittle

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Miss Dolittle

 
Allemagne : 2018
Titre original : Liliane Susewind – Ein tierisches Abenteuer
Réalisation : Joachim Masannek
Scénario : Matthias Dinter, Betty Platz, Katrin Milhahn, Antonia Rothe-Liermann, Beate Fraunholz
Acteurs : Malu Leicher, Christoph Maria Herbst, Tom Beck
Éditeur : Koba Films
Durée : 1h37
Genre : Comédie
Date de sortie DVD : 13 février 2019

 

Lilli a un secret : elle parle aux animaux ! A l’exception de ses parents, personne ne doit le savoir car cet incroyable don lui cause beaucoup d’ennuis. D’ailleurs, la famille déménage une nouvelle fois. Elle passe toutes ses journées au zoo avec ses amis… animaux. Quand Ronni, le bébé éléphant, est kidnappé, Lilli part à sa recherche avec l’aide de son chien, Bonsaï…

 


 

Le film

[3/5]

Grand spécialiste dès qu’il s’agit d’aller dégoter de fiers représentants d’un certain cinéma familial européen développant un esprit très « bande dessinée », Koba Films nous permet régulièrement de nous familiariser avec un peu de la culture populaire issue de chez nos voisins, et dont nous ignorons parfois tout. Si on ignore par exemple si des films français ou franco-belges tels que Les enfants de Timpelbach (2008), Le petit Nicolas (2009), L’élève Ducobu (2011), Boule et Bill (2013), Benoît Brisefer : les taxis rouges (2014), Tamara (2016) ou encore Le petit Spirou (2017) parviennent à « s’exporter » dans le reste de l’Europe, Koba Films en revanche permettra aux curieux de découvrir des héros en provenance d’Allemagne, d’Autriche, d’Italie, des Pays-Bas, de Suisse, de Hongrie…

Le film qui nous intéresse aujourd’hui est allemand, comme on le remarquera d’ailleurs à son thème musical, qui fait approximativement « Du bist klein gemacht geführ, la la la la, la la, la la, wunderbahr gewürst, mädchen, la la la la, la la, la la ». Le film, signé Joachim Masannek, nous propose de découvrir Liliane Susewind, héroïne de romans jeunesse créée en 2007 par Tanya Stewner et ayant le pouvoir de parler aux animaux : une vingtaine de récits ont déjà vu le jour en Allemagne. La romancière a par ailleurs créé un autre personnage assez populaire outre Rhin, et qui pourrait un jour débarquer sur grand écran : il s’agit de la sirène Alea Aquarius. Néanmoins, malgré le nombre de livres leur étant consacré, aucune des aventures de ces deux personnages n’a pour le moment bénéficié de traduction en France. A priori, la popularité de Lilian Susewind n’a pas forcément beaucoup dépassé les frontières de l’Allemagne, puisque le titre du film, Liliane Susewind – Ein tierisches Abenteuer, est devenu Little Miss Dolittle à l’international, et a même été carrément raccourci en Miss Dolittle à son arrivée en France. Un titre trompeur si l’on veut, puisque le long-métrage de Joachim Masannek n’a absolument rien à voir avec l’œuvre de Hugh Lofting et les films qui en ont été adaptés en 1967 puis à partir de 1998, mais on pourra également arguer que les cinq films « officiels » de la saga Dr. Dolittle, réalisés entre 1998 et 2009, n’avaient pas beaucoup plus à voir avec le personnage créé par Lofting. En revanche, il est assez habile de la part des distributeurs allemands d’avoir pensé à Dolittle, dans le sens où le film va probablement bénéficier du regain de popularité autour du personnage qui ne manquera pas d’arriver l’année prochaine avec la sortie du film Le voyage du Docteur Dolittle, qui mettra en scène Robert Downey Jr. et Antonio Banderas.

Cela dit, dans l’inconscient collectif, un personnage qui parle aux animaux, c’est forcément un descendant de Dr. Dolittle, nuff said. Tout comme un homme invisible sera toujours perçu comme un hommage lointain à celui imaginé par H.G. Wells, et un vampire des carpates un rejeton de Dracula, même s’il s’appelle Karnstein. Grande injustice pour Sheridan Le Fanu, mais également pour Tanya Stewner, qui verra son personnage assimilé à un autre dans les yeux de la plupart des spectateurs non allemands du film de 2018, et son nom oublié au profit d’un autre. La vie d’auteur est parfois cruelle…

Avec un peu plus de 470.000 entrées en Allemagne, Miss Dolittle n’a pas non plus rencontré le succès le plus fracassant qui soit : placé à la 57ème position du box-office de 2018 (et 16ème film allemand du classement), le long-métrage de Joachim Masannek s’est incliné face à d’autres, tels que Der Vorname (remake du Prénom d’Alexandre de La Patellière) ou d’autres films familiaux comme Die kleine Hexe (La petite sorcière), Fünf Freunde und das Tal der Dinosaurier, une aventure du « Club des cinq » d’Enid Blyton ou encore Hilfe, ich hab die Eltern geschrumpft, que l’on pourrait traduire par A l’aide, j’ai rétréci les parents, référence évidente à la saga Chérie, j’ai rétréci les gosses.

Pourtant, Miss Dolittle s’avère indéniablement un petit produit soigné, visuellement très réussi, qui suivra l’enquête de Lili et Jess autour de la disparition de plusieurs animaux dans un zoo en pleine rénovation. L’idée du zoo à rénover avant son ouverture est plutôt bien exploitée, même si bien sûr tout ici se déroule sur un registre très différent de Nouveau départ (Cameron Crowe, 2011). Dans Miss Dolittle bien entendu, tout est exagéré, cartoonesque, rempli de personnages qui sont autant d’archétypes issus de dessins animés : méchants machiavéliques, policiers idiots, maladresses en tous genres… L’humour pipi/caca bat son plein, parfois un poil embarrassant pour les adultes (et assez typique du film pour enfants allemand pour ce qu’on en connait chez nous), mais le tout s’avère réjouissant pour les plus petits. Les personnages se limitent à des « fonctions » dans le récit, et sont tous décrits de façon superficielle – c’est un peu dommage pour certains d’entre eux : le père de Lili, le colonel ou le gardien du zoo notamment auraient mérité un traitement un peu plus approfondi. On pourra également regretter que les animaux ne soient finalement pas vraiment importants au cœur de l’intrigue. Ils sont certes présents, et en grand nombre, du chien de Lili au petit éléphant en images de synthèse en passant par les pingouins amateurs de théâtre, mais ne jouent aucun rôle particulier, ne remplissant également que des « fonctions » mécaniques au cœur d’un récit ayant paradoxalement nécessité cinq scénaristes.

Néanmoins, on admettra que sur son public cible (les enfants de 5 à 10 ans), Miss Dolittle fonctionne à merveille, malgré ses ellipses narratives qui gêneront parfois les adultes. Et le message du film, qui prône sans une once de subtilité la tolérance et le fait d’assumer ses différences, a au moins le mérite de passer sans ambiguïté. Idéal donc pour les vacances scolaires, si vous souhaitez occuper vos têtes blondes avec un spectacle qui les captivera sans aucun doute pendant une heure et demi.

 

 

Le DVD

[4/5]

Proposé par Koba Films en DVD uniquement, Miss Dolittle s’offre une galette sobre et efficace, allant à l’essentiel, en composant de façon adroite avec les limites d’un encodage en définition standard. Comme à son habitude, l’éditeur français nous propose un master propre et stable, l’image est lumineuse, le piqué assez précis et les couleurs vives et parfaitement saturées : c’est parfait. Côté son, l’éditeur nous propose de découvrir le film dans un mixage Dolby Digital 5.1 en version française uniquement, le tout s’avérant dynamique, immersif et parfois bien punchy.

Du côté des suppléments, on trouvera « l’espace découverte » habituel de chez Koba Films, qui nous proposera quelques bandes-annonces de films familiaux disponibles chez l’éditeur.

 

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