Test DVD : Mary et la fleur de la sorcière

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Mary et la fleur de la sorcière

 
Japon : 2017
Titre original : Meari to majo no hana
Réalisation : Hiromasa Yonebayashi
Scénario : Riko Sakaguchi, Hiromasa Yonebayashi
Acteurs (VO) : Hana Sugisaki, Ryunosuke Kamiki, Yuki Amami
Éditeur : Diaphana
Durée : 1h38
Genre : Animation, Fantastique
Date de sortie cinéma : 21 février 2018
Date de sortie DVD/BR : 3 juillet 2018

 

 

C’est l’été. Mary vient d’emménager chez sa grand-tante dans le village de Manoir Rouge. Dans la forêt voisine, elle découvre une fleur mystérieuse qui ne fleurit qu’une fois tous les 7 ans. On l’appelle la « fleur de la sorcière ». Pour une nuit seulement, grâce à la fleur, Mary possèdera des pouvoirs magiques et pourra entrer à Endor, l’école la plus renommée dans le monde de la magie, qui s’élève au-dessus du ciel, au-delà des nuages. Le secret de la fleur de la sorcière se révèlera à elle petit à petit…

 

 

Le film

[4/5]

Si vous vous intéressez à l’animation japonaise, vous connaissez sans aucun doute le nom de Hiromasa Yonebayashi, qui a réalisé deux films pour le studio Ghibli : le sympathique Arrietty – Le petit monde des chapardeurs (2010) et le très beau Souvenirs de Marnie (2014). Vous savez sans doute également que le studio japonais fondé par Hayao Miyazaki et Isao Takahata au milieu des années 80 a entamé en 2014 une phase de « restructuration », et n’a depuis lors plus produit le moindre long-métrage d’animation ; en attendant une éventuelle reprise à plein régime, les forces vives du studio se concentrent actuellement sur Boro la petite chenille d’Hayao Miyazaki, annoncé pour 2019.

C’est suite à cette restructuration de Ghibli qu’est créé le studio Ponoc en avril 2015 par Yoshiaki Nishimura et d’autres « anciens » de chez Ghibli, dont bien sûr le réalisateur Hiromasa Yonebayashi. Mary et la fleur de la sorcière est le premier long-métrage produit par le studio Ponoc, et le moins que l’on puisse dire, c’est que « l’ombre » de Ghibli et de Miyazaki plane au-dessus de ce nouveau film, au point même de quelque-peu en « vampiriser » ses qualités.

Car le film de Yonebayashi en possède bel et bien, des qualités – et pas des moindres ! Visuellement, Mary et la fleur de la sorcière s’avère en effet une véritable petite merveille, le récit est rythmé et plein de rebondissements, et l’univers proposé par les auteurs du film au spectateur est d’une richesse tout simplement extraordinaire. Mais en tant que spectateur, on ne pourra s’empêcher pendant le film de penser, régulièrement, aux grands films de chez Ghibli : comment ne pas penser à la découverte de cette jeune fille devenant une sorcière malgré elle à Kiki la petite sorcière ? Comment ne pas, à la découverte de cet univers peuplé de créatures étranges et métamorphes se remémorer des films tels que Le voyage de Chrihiro et, surtout, Le château ambulant ? Et comment –tout simplement– ne pas dresser de passerelles mentales entre les paysages bucoliques pleins de poésie et de simplicité qui peuplent ce film et ceux que nous servait avec régularité le studio Ghibli depuis plus de trente ans ?

Il est certain que la sensibilité artistique des anciens de Ghibli se retrouve, comme à l’issue d’une perfusion (et c’est bien ce dont il s’agit ici : d’une perfusion de talents), dans cette première œuvre –autant que dans les œuvres à venir– du studio Ponoc. Certains y iront donc de leurs récriminations, arguant que pour leur entrée en matière, les créatifs de chez Ponoc auraient dû choisir un univers volontairement éloigné des œuvres classiques développées depuis des années par le studio créé par Miyazaki et Takahata : mais quel intérêt auraient-ils eu à se plonger des années durant dans un projet, disons, au hasard, cyber-punk, si ce dernier s’avère éloigné de leur sensibilité ? Mary et la fleur de la sorcière ressemble donc à du Ghibli, et c’est tant mieux : c’est la preuve s’il en fallait une de l’intégrité artistique des équipes ayant travaillé pendant toutes ces années auprès de Miyazaki.

Le plus simple, au final, est peut-être tout simplement de tenter de faire abstraction du studio : comme on considère par exemple que Nausicaä de la vallée du vent (1984) est une œuvre « pré-Ghibli », on pourra situer Mary et la fleur de la sorcière dans une mouvance « post-Ghibli » ou « hors-Ghibli », ce qui tendrait à faire du studio Ponoc le descendant légitime de Ghibli – ce qu’il est assurément !

 

 

Le DVD

[4,5/5]

Le DVD de Mary et la fleur de la sorcière édité par Diaphana est à l’image des sorties vidéo d’un éditeur décidément bien aguerri au format : la galette propose un impressionnant piqué et un encodage bien maîtrisé. En deux mots, le transfert compose parfaitement avec les  limites du support DVD (on note certes une granulation un peu excessive durant les scènes nocturnes, mais il s’agit d’une des limites intrinsèques du format) et offre un spectacle très propre, sans écueil majeur à déplorer, rendant un superbe hommage au travail du studio Ponoc sur le film. Niveau son, VF et VO sont encodées dans d’explosifs mixages Dolby Digital 5.1, avec une nette prépondérance laissée aux voix sur la version française, et une dynamique plus ample sur la version originale. Mais l’éditeur a également pensé aux cinéphiles regardant le film sur une simple TV sans utilisation d’un onéreux système Home Cinéma : VF et VO sont également proposées en Dolby Digital 2.0, le mixage stéréo convenant mieux à ce type de visionnage.

Dans la section suppléments, et outre la traditionnelle bande-annonce du film, on trouvera un très intéressant entretien avec Hiromasa Yonebayashi et Yoshiaki Nishimura, au cœur duquel ils évoquent la genèse du film, les difficultés à surmonter ainsi que les conditions de création du Studio Ponoc.

 

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