Test DVD : Amours à la finlandaise

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Amours à la finlandaise

Finlande : 2023
Titre original : Neljä pientä aikuista
Réalisation : Selma Vilhunen
Scénario : Selma Vilhunen
Acteurs : Alma Pöysti, Eero Milonoff, Oona Airola
Éditeur : Blaq Out
Durée : 1h57
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 3 janvier 2024
Date de sortie DVD : 7 mai 2024

Juulia découvre que son mari Matias a une liaison. Pour sauver leur mariage, elle lui propose d’expérimenter le polyamour et d’inventer les nouvelles règles de leur vie conjugale. Un champ des possibles amoureux s’ouvre alors à eux…

Le film

[3,5/5]

Avec Amours à la finlandaise, la scénariste / réalisatrice Selma Vilhunen choisit d’aborder un sujet dans l’air du temps : le polyamour. Si vous ignorez ce dont il s’agit, le polyamour est une orientation relationnelle (et non uniquement sexuelle) qui désigne la capacité à aimer plusieurs personnes en même temps. Dans la pratique, cela se traduit par le fait d’entretenir des relations amoureuses non exclusives, avec le consentement éclairé de tous les partenaires. Ce n’est donc ni tout à fait de l’adultère (qui n’est pas consentie par tous les partenaires), ni de l’échangisme (qui est un principe de non-exclusivité sexuelle uniquement), ni de la polygamie (non-exclusivité conjugale).

Amours à la finlandaise met donc en scène Juulia (Alma Pöysti) et Matias (Eero Milonoff), un couple qui, au départ, nous est présenté comme un couple heureux à tous points de vue. Ils sont passionnément amoureux l’un de l’autre, ont une vie sexuelle épanouie, prennent de la cocaïne ensemble, ont un enfant et ne semblent pas avoir de soucis financiers, puisque Juulia travaille comme députée et Matias comme pasteur. Mais sous la surface de cette relation parfaite, il y a un problème : Matias a une liaison. Lorsque Juulia l’apprend, elle choisit de permettre à Matias d’avoir une autre partenaire, Enni (Oona Airola), tout en se laissant également, de son côté, la liberté d’entreprendre une autre relation.

Dans notre culture essentiellement monogame, le polyamour est considéré avec pas mal de réserves, pour ne pas dire plus, bien qu’en survolant les critiques d’Amours à la finlandaise publiées en France depuis la sortie du film dans les salles au mois de janvier, on puisse avoir l’impression qu’il s’agit d’une pratique très en vogue au sein de la communauté des journalistes cinéma, qui la défendent avec véhémence au nom de la sacro-sainte ouverture d’esprit à la française. Une partie de la critique française semble également convaincue que le polyamour est une pratique courante dans les pays nordiques, et particulièrement en Finlande, où les gens sont si ouverts. On vous rassure tout de suite : il s’agit d’une vue de l’esprit.

La finesse de Selma Vilhunen est de nous donner à voir des personnages profondément humains, ce qui facilitera l’identification du spectateur, et de ne jamais nous proposer un quelconque jugement moral sur leurs agissements. Au contraire, Amours à la finlandaise amènera plutôt le spectateur à réfléchir aux situations qui lui sont proposées afin de se forger sa propre opinion. La neutralité de la narration du film soulève un certain nombre de questions et pousse le spectateur à se demander si cette liberté de vivre ses relations amoureuses au pluriel ne cache pas, dans le fond, un certain malaise, un « vide » à combler. On sent ainsi au fur et à mesure que le film avance que Matias semble en réalité beaucoup plus « libre » en présence d’Enni qu’avec Juulia.

Malgré sa durée de presque deux heures, Amours à la finlandaise fonctionne assez correctement sur le plan narratif ; l’histoire est centrée sur Juulia et Matias, et parvient à maintenir l’intérêt du spectateur, même si sur le plan thématique, le film est un peu répétitif et ne parvient jamais réellement à approfondir les motivations des personnages, et notamment la question de ce qui leur « manque » au sein de leur relation. Alors bien sûr, les chantres du polyamour nous affirmeront que rien ne leur manque forcément, et que l’on peut parfaitement aimer deux personnes de manière égale, mais il est tout de même permis d’en douter.

Pourquoi Matias s’est-il engagé dans sa relation avec Enni, si ce n’est pour combler un vide ? On aurait tendance à penser que si Matias peut se laisser aller à faire/dire des choses avec Enni dont il n’est plus capable avec Juulia, c’est que leur relation bat de l’aile. Le mensonge et l’absence de dialogue est aussi un aspect assez révélateur du fait que leur relation n’était pas au beau fixe, malgré ce que nous laissait entendre le premier acte d’Amours à la finlandaise. La question des raisons de l’infidélité de Matias sont complètement éludées par le film, que cette problématique intéresse peu, peut-être parce qu’elle va trop chercher du côté de la « morale », ou peut-être, tout simplement, parce qu’elle aurait révélé que la flamme entre Juulia et Matias s’était éteinte. Pourtant, il aurait été intéressant de creuser ces raisons, d’autant plus si l’on considère que le personnage de Matias est un pasteur.

Le fait que l’on ignore tout de la naissance de l’idylle entre Matias et Enni dessert finalement un peu le propos de Selma Vilhunen, et plus globalement d’Amours à la finlandaise, car au final, ces trous dans la narration ne feront que conforter le spectateur dans ses propres convictions : les adeptes du polyamour seront confortés dans leur idée qu’un équilibre est possible en dépit des problèmes – notamment de jalousie – et les monogames revendiqués resteront quant à eux convaincus que si on a besoin de plusieurs partenaires amoureux, c’est qu’il nous manque quelque chose, et que l’amour véritable ne laisse aucun vide à combler, si infime soit-il. Malgré ces petits problèmes, Amours à la finlandaise demeure un film intéressant, bien torché, parfaitement interprété, et qui donne matière à réflexion.

Le DVD

[4/5]

Après une petite carrière dans les salles ayant attiré un peu plus de 10.000 curieux, Amours à la finlandaise débarque au format DVD sous les couleurs de Blaq Out. Les qualités techniques du film auraient sans doute mérité un encodage en haute définition, mais on ne se plaindra pas trop, le DVD édité par Blaq Out permettant aux cinéphiles de découvrir cette intéressante réflexion sur le polyamour dans des conditions tout à fait satisfaisantes. Rodé au format DVD, l’éditeur nous propose une nouvelle fois un master sans faille : définition, piqué et couleurs composent plutôt bien avec les limites d’un encodage en définition standard.

Côté son, la VO finnoise nous est proposée en Dolby Digital 5.1, dans un mixage dynamique et bien enveloppant, qui prend toute leur ampleur lors des quelques scènes musicales du film, et notamment celle qui marque la rencontre entre Juulia et Miska (Pietu Wikström), le chanteur non-binaire qui deviendra le quatrième larron de cette joyeuse bande de polyamoureux. On notera par ailleurs que Blaq Out n’oublie pas les cinéphiles qui visionnent leurs films dans la chaleur douillette de leur Home Sweet Home sans utiliser de Home Cinema ou de barre de son : l’éditeur nous propose également un mixage Dolby Digital 2.0, qui s’avérera plus cohérent et équilibré si vous visionnez Amours à la finlandaise sur un « simple » téléviseur. Pas de bonus.

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