War dogs
États-Unis : 2016
Titre original : –
Réalisateur : Todd Phillips
Scénario : Stephen Chin, Todd Phillips, Jason Smilovic
Acteurs : Jonah Hill, Miles Teller, Steve Lantz
Éditeur : Warner bros.
Durée : 1h54
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 14 septembre 2016
Date de sortie DVD/BR : 25 janvier 2017
Deux copains âgés d’une vingtaine d’années, vivant à Miami Beach à l’époque de la guerre en Irak, profitent d’un dispositif méconnu du gouvernement fédéral, permettant à de petites entreprises de répondre à des appels d’offres de l’armée américaine. Si leurs débuts sont modestes, ils ne tardent pas à empocher de grosses sommes d’argent et à mener la grande vie. Mais les deux amis sont totalement dépassés par les événements lorsqu’ils décrochent un contrat de 300 millions de dollars destiné à armer les soldats afghans. Car, pour honorer leurs obligations, ils doivent entrer en contact avec des individus très peu recommandables… dont certains font partie du gouvernement américain…
Le film
[4/5]
Sans vouloir verser dans l’anti-américanisme primaire, l’idée de l’American Way of Life, du rêve américain, et de la réussite personnelle au pays des « opportunités » semble tout de même souvent s’amalgamer avec une obsession assez malsaine de l’argent et des armes. Qu’il s’agisse de la culture « rap » ou du culte autour de Scarface, gros billets et grosses pétoires font souvent la paire dans l’imaginaire aux États-Unis, le pays de la libre entreprise et de l’ultra-capitalisme, qui est aussi le pays où le deuxième amendement de la Constitution garantit pour tout citoyen américain le droit de porter des armes.
La fascination pour Scarface et la trajectoire d’un Tony Montana conquérant le monde capitaliste, les personnages de War dogs (dont l’histoire est inspirée de faits réels) en sont pleinement conscients, les immenses posters et autres références narratives et visuelles au film de Brian De Palma étant clairement affichées par le réalisateur Todd Phillips, qui reprend à son compte, comme en écho, le discours profondément critique du film de 1984. Et s’il arrive naturellement trop tard pour faire autre chose qu’enfoncer des portes ouvertes (les faits qu’il expose ont été révélés en 2011 dans le magazine Rolling Stone), le film de Phillips n’en reste pas moins un pavé dans la mare pour le moins rageur vis à vis des États-Unis, et plus particulièrement de l’administration Bush, qui a non seulement « laissé faire » mais a carrément « organisé » le trafic d’armes à un niveau national sous prétexte de favoriser les petites entreprises. Comme le déclare le personnage d’Efraim Diveroli (Jonah Hill) dans le film : « This is the job. To do business with the people the US government can’t do business with directly. » – l’idée est claire et précise : ils serviront d’intermédiaires pour un gouvernement ne désirant pas se salir les mains en travaillant avec des trafiquants d’armes.
Brillant et souvent drôle, porté par l’interprétation d’un duo d’acteurs convaincus (Jonah Hill / Miles Teller), War dogs permet donc à Todd Phillips de régler ses comptes avec le grand rêve capitaliste US, déboulonnant le mythe contemporain du self made man en mettant en scène un type qui n’a certes pas peur de mouiller la chemise et déploie énormément d’énergie, d’intelligence et d’ingéniosité pour se frayer une place au soleil – mais le fait sans respecter la légalité et en manipulant son prochain. War dogs marque également la quatrième collaboration entre Phillips et Bradley Cooper (trois ans après le troisième volet de la saga Very bad trip) – le cinéaste orchestre cette dernière autour d’un récit plus sombre qu’à l’accoutumée, et développe un discours et une réflexion énoncées de façon plus explicite que dans les comédies potaches auxquelles ils nous avait habitué jusqu’ici. Reste à déterminer maintenant si le film marquera un tournant définitif dans sa carrière ou juste une pause entre deux films un peu plus légers…
Le Blu-ray
[4/5]
C’est Warner Bros. qui sort aujourd’hui War dogs en Blu-ray, et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’éditeur nous propose un rendu HD absolument superbe : définition au taquet, piqué d’une précision redoutable, couleurs éclatantes de naturel… En trois mots, un excellent boulot. Même constat pour les pistes son, la VO encodée en DTS-HD Master Audio 5.1 se révélant très dynamique et immersive, en proposant des effets parfois surprenants, notamment sur les échos. La répartition et le placement des voix sont plus subtils sur la V.O ; pour les amateurs de VF, le mixage en Dolby Digital 5.1 est soigné mais, forcément, un peu moins efficace.
Côté suppléments, Warner nous propose tout d’abord un making of, revenant de façon très concise mais finalement assez efficace sur la genèse du film. On continuera avec une featurette sur le « vrai » David Packouz, qui revient sur ses déboires avec la justice américaine et fait d’ailleurs un petit caméo dans le film. On terminera avec The Pentagon Pie, un court dessin animé expliquant l’intrigue du film avec des rats en lieu et place de David et Efraim.