Test Blu-ray : Tralala

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Tralala

France : 2021
Titre original : –
Réalisation : Arnaud Larrieu, Jean-Marie Larrieu
Scénario : Arnaud Larrieu, Jean-Marie Larrieu
Acteurs : Mathieu Amalric, Josiane Balasko, Mélanie Thierry
Éditeur : Pyramide Vidéo
Durée : 2h01
Genre : Comédie musicale
Date de sortie cinéma : 6 octobre 2021
Date de sortie DVD/BR : 1 février 2022

Tralala, la quarantaine, chanteur dans les rues de Paris, croise un soir une jeune femme qui lui adresse un seul message avant de disparaitre : « Surtout ne soyez pas vous-même ». Tralala a t-il rêvé ? Il quitte la capitale et finit par retrouver à Lourdes celle dont il est déjà amoureux. Elle ne se souvient plus de lui. Mais une émouvante sexagénaire croit reconnaître en Tralala son propre fils, Pat, disparu vingt ans avant aux États-Unis. Tralala décide d’endosser le « rôle ». Il va se découvrir une nouvelle famille et trouver le génie qu’il n’a jamais eu…

Le film

[4/5]

En dehors de l’œuvre de Jacques Demy, qui naturellement nous vient tout de suite en tête à l’évocation du genre, la comédie musicale n’a jamais été un genre particulièrement prisé ou répandu en France. Ainsi, les films français entrecoupés de chansons faisant avancer l’action et/ou permettant à leurs personnages soliloquer en musique sont relativement rares, mais certains cinéastes ont relevé le défi au fil des années, en empruntant les codes de la comédie musicale, par exemple au détour d’une ou plusieurs séquences. On pense bien sûr aux « scènes chantées » des films d’Alain Resnais (La vie est un roman, On connaît la chanson, Pas sur la bouche), de François Ozon (8 femmes), de Christophe Honoré (Les Chansons d’amour, Les Bien-aimés, Chambre 212) ou encore de Valérie Donzelli (Notre Dame).

Plus rarement, certains réalisateurs se sont également laissé tenter par de « vraies » incursions dans le genre. On pense par exemple à Jeanne et le Garçon formidable (Olivier Ducastel, 1998) et Filles perdues, cheveux gras (Claude Duty, 2002), qui se soldèrent malheureusement par deux cuisants échecs au box-office. De façon (encore) plus confidentielle, le cinéaste Jacques Deschamps tenta également l’expérience du mélange de documentaire et de comédie musicale avec Les Petits Maîtres du Grand hôtel en 2019.

C’est également en 2019 que le CNC lança un appel à projets pour relancer la comédie musicale en France : à la clé, une aide financière de 500.000 euros, qui permettrait à une poignée de cinéastes inventifs de trouver les moyens nécessaires afin d’investir le terrain du film chanté. Trois projets seraient finalement retenus par la commission, présidée par Christophe Honoré : Tralala des frères Larrieu serait le premier à voir le jour sur les écrans français, réunissant un peu plus de 88.000 spectateurs sur un parc de 248 salles (ouch!). On espère que les deux autres lauréats de l’aide du CNC, à savoir Don Juan de Serge Bozon et La Grande Magie de Noémie Lvovsky, tous deux en post-production, parviendront à attirer un peu plus de curieux.

L’échec public de Tralala est d’autant plus regrettable qu’Arnaud et Jean-Marie Larrieu, que l’on n’avait pas revus derrière la caméra depuis 21 nuits avec Pattie en 2015, nous reviennent tout particulièrement en forme, avec à la fois leur acteur fétiche (Mathieu Amalric) et leur région d’origine et de prédilection (les Pyrénées). Et surtout, Tralala est rythmé par tout un tas de chansons signées Philippe Katerine, Jeanne Cherhal, Bertrand Belin, Étienne Daho, Dominique A ou encore Sein, le groupe rap / électro composé de Joseph Brisset et Balthazar Gibert, qui jouent également dans le film. Les scènes de danse ont été chorégraphiées par Mathilde Monnier.

Feel good movie au moins autant porté par l’interprétation formidable de Mathieu Amalric que par les chansons originales et les quelques reprises qui rythment le récit, Tralala est en effet une jolie réussite de comédie musicale, mêlant une indéniable créativité narrative et formelle avec une espèce de décontraction loufoque et surréaliste, que l’on retrouve surtout à travers la description de plusieurs seconds-rôles volontairement peu crédibles mais absolument réjouissants (Denis Lavant et Josiane Balasko en tête).

Très empreint de « religiosité », sans pour autant jamais jouer la carte du prosélytisme, Tralala joue de plus sur un amusant sous-texte christique, que les frères Larrieu intègrent avec aisance à une large série de chansons et de chorégraphies. La photo de Jonathan Ricquebourg est superbe, et si le film est certes marqué par quelques petits problèmes de gestion du rythme, l’abattage des comédiens est tel que cette histoire de rires et de chansons très emprunte de fantaisie trouve sans peine sa propre respiration, qui ne empêchera finalement au spectateur de trouver le temps long.

Tralala joue ainsi suffisamment sur les ambiguïtés et les accents absurdes de son scénario pour maintenir l’attention du spectateur en éveil tout au long de ses deux heures de projection. La maîtrise et l’inventivité des frères Larrieu font le reste, et permettent ainsi à ce « pèlerinage cinématographique » qui ne se prend jamais au sérieux de s’imposer comme un film réellement attachant, de ceux que l’on reverra sans doute régulièrement dans les années à venir, avec un plaisir sans cesse renouvelé.

Le Blu-ray

[4/5]

Le Blu-ray de Tralala édité par Pyramide Vidéo fait honneur au film et à sa photo superbe, signée Jonathan Ricquebourg. Rendant un bel hommage à l’ambition du film des frères Larrieu, la galette est quasi-irréprochable techniquement : format Scope respecté, définition et piqué d’une précision chirurgicale, couleurs chatoyantes… De leur côté, les scènes nocturnes affichent des noirs bien tranchés, et les contrastes sont affirmés : c’est un sans-faute. Ajoutez à cela un mixage audio encodé dans un DTS-HD Master Audio 5.1 à la spatialisation fine, remarquablement bien pensée durant les scènes musicales, et vous obtenez une séance Blu-ray de rattrapage tout à fait solide. On notera par ailleurs que Pyramide Vidéo n’oublie pas les cinéphiles qui visionnent leurs films à domicile sans utiliser de Home Cinema, puisque l’éditeur nous propose également un mixage DTS-HD Master Audio 2.0 plus cohérent si vous visionnez Tralala sur un « simple » téléviseur.

Côté suppléments, l’éditeur nous proposera tout d’abord une présentation du film par les frères Larrieu (4 minutes) : ils y reviendront sur le tournage à Lourdes, dans leur ville natale, avant de revenir sur ce qui les attirait dans le fait de tourner une comédie musicale. Mais ce n’est pas tout : Pyramide nous propose également de découvrir Madonna à Lourdes (24 minutes), court-métrage des frères Larrieu se déroulant également à Lourdes et tourné une petite vingtaine d’années plus tôt, en 2001. A la lisière entre la fiction et le documentaire, il s’agit d’un amusant court dont la tête d’affiche est partagée entre Hélène Fillières et une statue de la madone mesurant 1m70 – une réplique exacte de Notre-Dame de Lourdes peinte en jaune vif, que l’on doit à l’artiste allemande Katharina Fritsch. On trouvera également une présentation du court-métrage par les frères Larrieu (5 minutes). Enfin, on terminera avec une poignée de bandes-annonces de films disponibles chez l’éditeur.

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