Test Blu-ray : Tiger Cage – La Trilogie

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La franchise Tiger Cage s’inscrit dans la vague de films de type « Supercop » sortis suite au succès fracassant de Police Story en 1985. Il s’agit de trois thrillers urbains extrêmement violents : le premier met en scène une escouade de flics des stups pour qui les notions d’honneur et de loyauté envers leur plaque se situe au-dessus de toute autre considération. Enfin, presque, puisque dans Tiger Cage – La Rançon des traîtres, le premier volet de la saga, le démantèlement d’un important réseau de trafic de drogue amènera les personnages – ainsi que les spectateurs – à se rendre compte que certains flics Hongkongais sont en fait de mèche avec les odieux occidentaux venus écouler leur merde sur les trottoirs de la péninsule.

Tiger Cage – La Rançon des traîtres

Hong Kong : 1988
Titre original : Dak ging to lung
Réalisation : Yuen Woo-ping
Scénario : Wong Wing-fai, Yip Kwong-kim
Acteurs : Jacky Cheung, Simon Yam, Donnie Yen
Éditeur : HK Vidéo
Durée : 1h34
Genre : Action
Date de sortie DVD/BR : 22 mars 2024

L’inspecteur des stups Hsiu aidé de son équipe met sous les verrous une bande de dealers. Mais leur chef Swatow réussit à s’échapper. Le lendemain, Hsiu est retrouvé mort. Ses collègues veulent le venger mais des flics sont également impliqués dans l’affaire…

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Tiger Cage – La Rançon des traîtres commence sur les chapeaux de roue : la séquence d’ouverture suit une équipe de flics infiltrés qui tente, à grands coups de flingue, de coincer les responsables d’un cartel. Et le film de scotcher d’entrée de jeu le spectateur à son siège en s’ouvrant sur une scène d’action monumentale, une fusillade / course-poursuite se déroulant sur tout un quartier, avec des personnages criblés de balles, du sang qui gicle dans tous les sens, ou encore des flics sprintant après les méchants, sautant par-dessus les obstacles et se suspendant aux viaducs des autoroutes. Avec cette séquence riche en rebondissements, Yuen Woo-ping se positionnait directement dans la catégorie du film bourrin, marquant ses distances avec le cinéma d’un John Woo par exemple, et de sa « romantisation » de la violence.

Affrontements violents, cascades brutales, chargeurs littéralement vidés dans le corps des dealers : Tiger Cage – La Rançon des traîtres s’offre une entrée en matière électrisante, pleine de bruit et de fureur. Le contraste n’en sera que plus brutal lorsque la séquence suivante nous proposera de retrouver les mêmes flics à l’occasion d’une petite fête de pré-mariage. La violence décomplexée laisse ici la place aux rires et à l’amusement bon enfant, dans une ambiance volontairement caricaturale, et tout au long de l’intrigue, le film de Yuen Woo-ping alternera entre les séquences d’action survoltées et les séquences à visée humoristique, dont l’impact sur nos zygomatiques ne sera que peu probant. Mais qu’importe dans le fond, car même s’il ne revient à l’action que par intermittence, le film parvient tout de même à s’imposer comme une bonne claque bien nerveuse lors de ses passages les plus intenses.

Pour le reste, Tiger Cage – La Rançon des traîtres laisse son intrigue se dérouler au rythme des incidents et de quelques coups de théâtre relativement prévisibles. Pour autant, le film donne également à Jacky Cheung, Simon Yam, Carol Cheng et Donnie Yen de belles occasions de briller dans la peau de super-flics qui bottent des culs. La dramatisation de l’ensemble est too much à tous les niveaux, mais les personnages permettent au film de se montrer attachant et de dépasser la simple enfilade de scènes de combat et de poursuites, bien que celles-ci soient exécutées avec style et férocité.

Tiger Cage 2

Hong Kong : 1990
Titre original : Sai hak chin
Réalisation : Yuen Woo-ping
Scénario : Fong Chi-ho, Yip Kwong-kim, Yuen Yeuk-Kwong
Acteurs : Donnie Yen, Rosamund Kwan, David Wu
Éditeur : HK Vidéo
Durée : 1h36
Genre : Action
Date de sortie DVD/BR : 22 mars 2024

Alors que son divorce vient d’être prononcé, l’inspecteur Dragon Yau est blessé quand il tente de mettre fin à un hold-up. Accusé du crime avec l’avocate de son divorce, il se retrouve alors pourchassé par la police et les triades…

Sorti sur les écrans hongkongais en 1990, Tiger Cage 2 n’a pas grand-chose à voir avec le premier épisode en termes d’intrigue ou de personnages. Les flics de la brigade des stups qui composaient la bande de personnages du film original ne sont plus de la partie, et laissent la place à Donnie Yen en solo, qui change de personnage et incarne ici l’inspecteur Yau, un flic tête brûlée qui refuse d’accepter son divorce, et doit composer avec le harcèlement de Mandy (Rosamund Kwan), l’avocate qui représente sa femme. Seulement voilà : le patron du cabinet d’avocats de Mandy s’enrichit en blanchissant de l’argent pour des gangsters menés par David Wu. Après une poignée de péripéties et de scènes de violence assez intense, Mandy et Dragon seront accusés à tort d’avoir tué une femme (Carol Cheng, déjà vue dans le premier épisode… dans un rôle différent) et se verront obligés de fuir ensemble. Bien sûr, ils seront pourchassés par tous les truands et les flics de la ville…

Avec Tiger Cage 2, Yuen Woo-ping décide de faire table rase du premier opus, et si le film porte ce titre, c’est probablement pour souligner l’idée de « réunion de famille » pour l’équipe et certains membres du casting. On y retrouve également l’idée d’une course-poursuite effrénée à travers Hong Kong, et le mélange d’action décomplexée et d’humour. Ainsi, si Tiger Cage 2 est peut-être le film nous proposant les scènes d’action les plus impressionnantes et les plus fastennfurieuses de la saga, c’est également celui qui se laisse le plus aller à des gags stupides et autres pitreries enfantines qui n’amusent pas grand monde de notre côté du globe, et ce même si certaines punchlines sont encore assez efficaces dans leur côté outrancier (Donnie Yen qui balance à Rosamund Kwan « Je vais te violer, ça te donnera une bonne raison de pleurer ! »). Cette inclinaison à la bouffonnerie, déjà présente dans certaines scènes de Tiger Cage – La Rançon des traîtres, pourra, pour certains spectateurs, nuire de façon assez nette à l’expérience visuelle que nous proposent Yuen Woo-ping et ses équipes de cascadeurs. Cependant, on ne peut pas non plus ignorer le fait que Tiger Cage 2 est régulièrement considéré par les fans comme le meilleur opus de la série ; à ce titre, l’édition DVD sortie en France en 2009 se négociait jusqu’il y a peu à prix d’or sur le marché de l’occasion.

Tiger Cage 2 se démarque également de son prédécesseur par le genre de personnages qu’il met en scène. Si à l’exception des ripoux, les flics du premier opus étaient des modèles d’intégrité tenant en haute estime leur rôle sociale et leur badge, les notions d’honneur et de loyauté semblent ici quelque-peu chamboulées : le film n’est en effet pas porté sur les personnages nobles, créant plutôt au fur et à mesure que son intrigue évolue une zone « grise » au cœur de laquelle les bons et les méchants sont fondamentalement les mêmes. Le personnage interprété à l’écran par Donnie Yen se présente ainsi comme un flic très borderline, sujet à de sérieux problèmes de gestion de la colère, qui s’en prend à tous ceux qui l’entourent. Idem dans le camp adverse, avec un David Wu incarne un « méchant » pas si méchant que ça…

Du côté des scènes d’action, Tiger Cage 2 recentre un peu le débat autour des combats à mains nues, qui s’avèrent rapides et brutaux. Les différentes scènes de fight, qui prennent place dans des ruelles, des égouts ou même sur le toit d’un bus touristique, offriront aux amateurs une certaine variété en matière d’affrontements, et le final du film, qui voit Donnie Yen affronter tour à tour John Salvitti, Michael Woods et Robin Shou, est absolument incontournable pour tout amateur de baston urbaine. Un excellent moment !

Tiger Cage 3

Hong Kong : 1991
Titre original : Leng mian ju ji shou
Réalisation : Yuen Woo-ping
Scénario : Wong Wing-fai, Patrick Leung
Acteurs : Michael Wong, Ricky Cheung Kwok Leung, Sharla Cheung
Éditeur : HK Vidéo
Durée : 1h34
Genre : Action
Date de sortie DVD/BR : 22 mars 2024

L’inspecteur James enquête sur Mr Lee, soupçonné d’activités criminelles. Quand ce dernier se sent surveillé, il kidnappe Suki, la fiancée de James et tente d’assassiner le policier. Mais James survit et décide de se venger…

Un an après le deuxième épisode, Yuen Woo-ping remettait le couvert avec Tiger Cage 3, un nouveau polar orienté action n’ayant, à nouveau, absolument rien à voir avec le(s) précédent(s). Cette fois, le casting change également de fond en comble, exit Donnie Yen, Carla Cheung et Michael Woods, et place à de nouveaux venus Si les deux premiers films avaient pour particularité notable de régulièrement proposer au spectateur de grosses scènes d’action plongeant de super-flics dans le chaos de la violence, ce troisième opus prend le parti d’un changement de rythme assez radical, en prenant son temps pour étudier plus en profondeur les relations entre ses différents personnages.

Dans Tiger Cage 3, on suivra donc deux flics de la brigade financière de Hong Kong, James (Ricky Cheung Kwok Leung) et John (Michael Wong). Ne faisant pas entièrement confiance à sa femme Suki (Sharla Cheung), qui dénote d’un penchant assez prononcé pour l’alcool, James place un mouchard dans son sac à main pour la surveiller, ce qui révélera aux deux hommes des informations sur des délits d’initié commis par Mr Lee (Kam-kong Wong), un truand en col blanc jouant impunément avec les marchés boursiers. Quand ce dernier commence à se sentir surveillé, il kidnappe Suki et tente d’assassiner le policier. Mais James survit et, dissimulant son visage atrocement brûlé derrière un masque argenté façon « Fantôme de l’Opéra », décide de se venger…

Au-delà du récit de vengeance, il y a dans Tiger Cage 3 un petit côté mélodramatique et « Bigger than Life » qui colle finalement assez bien avec son propos, ainsi qu’avec l’intéressant portrait de femme qu’il nous donne à voir. Car la véritable héroïne du film est bien Suki qui, pour différentes raisons, parviendra à tirer la couverture à elle et à faire enfin décoller l’ensemble, qui ne prend réellement que dans son troisième acte, mais nous propose alors une poignée de scènes d’action assez mémorables. Les arts martiaux et les combats à mains nues sont moins présents que dans les films précédents, mais les quelques cascades que propose le film sont enthousiasmantes et très variées, avec notamment une poursuite en jet-skis. Pour autant, et en dépit des efforts de Yuen Woo-ping pour rendre le dernier tiers du film le plus rythmé et le plus divertissant possible, Tiger Cage 3 demeure le film le plus faible de la franchise, peut-être parce qu’aucun acteur ne parvient réellement à se démarquer des autres et à s’imposer en « Action Star » incontournable. L’ensemble reste néanmoins assez sympathique !

Le coffret Blu-ray

[5/5]

Le coffret Blu-ray Tiger Cage – La Trilogie édité par HK Vidéo contient donc, sur deux galettes Haute Définition, les trois films de la franchise créée par Yuen Woo-ping. Le tout s’affiche dans un beau boîtier Digipack quatre volets de toute beauté, contenant un passionnant petit texte sur chaque film : un packaging impeccable pour un bel objet qui ravira à coup sûr les collectionneurs et s’impose comme ce qui se fait de mieux dans l’hexagone en matière d’édition collector. Du lourd !

Côté Blu-ray, le coffret nous propose de découvrir ou redécouvrir les trois films de la saga Tiger Cage dans des masters Haute Définition assez étonnants, affichant une définition et un niveau de détail assez précis, tout en respectant globalement la granulation d’origine de la pellicule. En dépit de quelques baisses de définition par ci par là et d’un rendu par moments un poil numérique, l’image étonne par sa propreté et sa stabilité. Le rendu des couleurs et des contrastes semble avoir également bénéficié d’un soin tout particulier, et les trois films sont naturellement proposés en 1080p : un quasi sans faute technique qui nous incite à applaudir l’initiative de HK Vidéo : on n’avait jamais vu les films de la saga dans de telles conditions.

Côté son, pour le premier film, nous aurons droit à des pistes DTS-HD Master Audio 2.0 en VF et VO cantonaise qui ne présentent pas le moindre problème : le souffle est quasi-absent, et le tout est parfaitement équilibré, naturel, respectant parfaitement la dynamique acoustique d’origine. La VO est également disponible dans un mixage DTS-HD Master Audio 5.1, à la spatialisation tonitruante. Pour les deux films suivants, nous aurons droit aux mêmes pistes audio (DTS-HD Master Audio 5.1 + DTS-HD Master Audio 2.0), mais sans VF, et on fera le même constat d’excellence global : le rendu acoustique est excellent. On notera par ailleurs la présence d’une piste en mandarin et DTS-HD Master Audio 2.0 pour Tiger Cage – La Rançon des traîtres, disposant d’une musique alternative.

Du côté des suppléments, on trouvera un intéressant entretien avec Yuen Woo-Ping (20 minutes), réalisée par le talentueux Frédéric Ambroisine en 2012. Le maestro y reviendra sur sa carrière ainsi que sur l’évolution du cinéma d’action au fil des années. Il évoquera également ses collaborations avec Jackie Chan, Jet Li, Sammo Hung, Donnie Yen ou encore Michelle Yeoh. On trouvera également une fin alternative de Tiger Cage 2 (5 minutes), issue du montage malaisien, très intrigante. On terminera enfin avec les bandes-annonces des trois films, ainsi que celle de Raging Fire avec Donnie Yen.

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