Test Blu-ray : The lodge

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The lodge

États-Unis, Royaume-Uni, Canada : 2019
Titre original : –
Réalisateur : Severin Fiala, Veronika Franz
Scénario : Sergio Casci, Severin Fiala, Veronika Franz
Acteurs : Riley Keough, Jaeden Martell, Lia McHugh
Éditeur : Metropolitan Vidéo
Durée : 1h47
Genre : Horreur
Date de sortie DVD/BR : 15 juillet 2020

Un événement tragique a endeuillé une famille. Des mois plus tard, un peu avant Noël, le père décide d’envoyer son fils et sa fille avec sa nouvelle compagne dans un chalet isolé au milieu de montagnes enneigées. Les enfants détestent cette belle-mère pourtant discrète et compréhensive en apparence. Des événements étranges se produisent alors tandis que la tension monte entre les habitants. Qui est vraiment cette jeune femme ? Et ces enfants, sont-ils aussi innocents qu’ils veulent bien le faire croire ?

Le film

[4/5]

Difficile de rassembler ses idées à la fin de The lodge, le nouveau film écrit et réalisé par Veronika Franz et Severin Fiala, quelques années après le choc Goodnight Mommy. Difficile de s’extirper de l’état étrange et inconfortable dans lequel nous a plongé cette virée sombre au cœur de la nuit hivernale. Difficile même à vrai dire d’exprimer clairement son ressenti et ses sentiments sur le film, que l’on ressent dans sa chair comme profondément unique en son genre, mais qui peine également un peu à réellement nous toucher comme il le devrait. Cela dit, la « froideur » du film et le fait qu’il demeure, même après son générique de fin, un objet cinématographique bizarre et insaisissable, constituent paradoxalement ces petits détails intrigants qui le rendent attachant et lui permettront sans doute de bien mûrir dans l’esprit du spectateur.

Pourtant, à l’issue de la projection, si un sentiment domine, c’est bien l’incertitude, le flou, qu’il soit ressenti comme « artistique » ou pas. Ainsi, si vous demandez à votre voisin ce qu’il a pensé de The lodge , il y a de fortes chances qu’à l’image d’un indécis ou d’un centriste de la première heure, celui-ci « ne se prononce pas ». Film de douleur et d’atmosphère, s’échinant à ouvrir et rouvrir les plaies, parfois anciennes, parfois plus fraîches, de ses personnages, The lodge dresse le portrait troublant de trois vies brisées en pleine jeunesse, forcées de cohabiter sous le même toit. Peu à peu, le malaise et les rancœurs céderont la place à une ambiance faisant la part belle au surnaturel.

C’est donc parti pour une heure de voyage au bout de l’enfer pour Grace (Riley Keough), jeune femme perturbée et seule survivante d’une secte suicidaire. Au milieu de nulle part, dans un chalet enseveli sous des montagnes de neige, elle a pour but de créer des liens avec ses beaux-enfants, Mia (Lia McHugh) et Aiden (Jaeden Martell), qui viennent tout juste de perdre leur mère. Cette dernière, incarnée par Alicia Silverstone, s’est également suicidée.

Se dirigeant, lentement mais sûrement, vers un final spectaculaire et cohérent malgré un dernier quart d’heure réservant au spectateur la traditionnelle série de twists propre au genre, The lodge agrippe le spectateur, lui assène un enchainement de séquences dans le but avoué de le secouer, de le mettre mal à l’aise. Décidément doués dans l’instauration d’une atmosphère lourde, portée par une photo sublime et un soin maniaque du détail et du cadrage, Veronika Franz et Severin Fiala explorent la fragilité émotionnelle de leurs personnages en instaurant une ambiance surnaturelle qui les forcera à affronter les aspects les plus sombres de leur passé. Si réussie soit-elle, cette ambiance n’est cependant pas réellement originale. Elle se situera plutôt en effet à la croisée des chemins entre La quatrième dimension – pour les événements inexplicables et le soin apporté aux détails – et Hérédité – pour l’omniprésence de la maison de poupées, se posant parfois en miroir de la réalité.

Hypnotique, développant un malaise presque physiquement palpable, The lodge permet à ses auteurs de rectifier les maladresses de construction de Goodnight Mommy, tout en développant des thématiques très similaires, notamment liées à l’enfance (deuil, cruauté). Le film s’impose donc comme une véritable évolution dans leur carrière, à la fois narrative et visuelle. C’est d’autant plus clair et impressionnant que les performances des acteurs sont réellement exceptionnelles. Jaeden Martell (déjà vu dans la peau de Bill Denbrough dans Ça – Chapitre 1 et Ça – Chapitre 2) et Lia McHugh sont excellents dans la peau des enfants traumatisés, et font preuve d’une maîtrise étonnante dans la douleur et la distance. Mais c’est surtout l’impressionnante Riley Keough qui domine le film de son interprétation. Réellement impressionnante dans la peau d’une jeune femme brisée, au(x) traumatisme(s) profondément ancré(s) dans sa psyché, elle parvient à renvoyer au spectateur une image à la fois fragile et terrifiante, toujours sur le fil et prête à sombrer dans la folie.

Le Blu-ray

[4/5]

Le Blu-ray de The lodge édité par Metropolitan Vidéo s’avère à nouveau un parfait exemple de l’excellence du support Haute-Définition en matière d’immersion et de confort de visionnage. Pas la peine de chercher la petite bête, le transfert du film de Veronika Franz et Severin Fiala est littéralement sublime, nous offrant un piqué, des textures et des couleurs d’une richesse impressionnante. Qu’il s’agisse de plans larges foisonnant de personnages ou de gros plans, c’est impeccable, irréprochable, avec des noirs profonds et une profondeur de champ exceptionnelle. Côté enceintes, les ambiances sont solidement retranscrites, mais c’est surtout dans le dernier acte du film que débutera le feu d’artifice sonore au cœur desquelles les deux pistes DTS-HD Master Audio 5.1 (VF / VO) en enverront littéralement plein les oreilles, notamment lors du final, cauchemardesque, alternant les stridences sonores et les moments de calme. Une véritable démonstration acoustique, de placement des voix et de restitution des échos. Du très beau travail ! Pas de bonus.

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