Test Blu-ray : Rêves sanglants

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Rêves sanglants

Royaume-Uni : 1982
Titre original : The Sender
Réalisation : Roger Christian
Scénario : Thomas Baum
Acteurs : Kathryn Harrold, Zeljko Ivanek, Shirley Knight
Éditeur : Rimini Éditions
Genre : Fantastique
Durée : 1h32
Date de sortie cinéma : 9 mars 1983
Date de sortie DVD/BR : 12 juillet 2025

Après avoir tenté de se noyer, un jeune homme amnésique est interné en hôpital psychiatrique. Rapidement, le médecin qui s’occupe de lui et certains patients sont victimes d’hallucinations. Le patient semble posséder un curieux pouvoir : il aurait la possibilité de transmettre ses rêves et cauchemars à d’autres personnes…

Le film

[3,5/5]

Présenté au Festival d’Avoriaz en 1983, puis distribué dans quelques salles, Rêves sanglants a par la suite bénéficié d’une sortie au format VHS, sous les couleurs de CIC Vidéo, avant de retomber complètement dans l’oubli. Il s’agit d’un film fantastique, réalisé par Roger Christian. Son nom vous dit forcément vaguement quelque-chose, mais pourquoi ? Il a été le lauréat de deux Oscars – celui des meilleurs décors pour La Guerre des étoiles (1978), et celui du meilleur court-métrage de fiction pour The Dollar Bottom en 1981. Mais non, ce n’est pas pour cette raison que vous le connaissez. Parce qu’il fut également nommé pour les meilleurs décors pour Alien, le huitième passager en 1980 ? Non, toujours pas. Vous donnez votre langue au chat ? Si son nom est connu des cinéphiles aujourd’hui – et c’est probablement le drame de sa vie ! – c’est bel et bien surtout parce que Roger Christian fut le réalisateur de Battlefield Earth – Terre champ de bataille en 2000… Un film considéré comme l’un des pires nanars de tous les temps par la critique, mais qui s’avère, il faut bien l’avouer, un véritable petit plaisir coupable.

Rêves sanglants est donc le premier long-métrage de Roger Christian, et a été tourné juste après que ce dernier ait reçu l’Oscar du meilleur court-métrage. Le film suit la trajectoire d’un jeune homme interné dans un hôpital psychiatrique après avoir tenté de se noyer. Sur place, les médecins, qui lui ont donné le nom « John Doe #83 », tentent de découvrir qui il est, pourquoi il a tenté de se suicider et quel rôle joue sa mère dans son histoire – une femme étrange qui semble apparaître et disparaître selon ses envies. On ne tardera pas à faire comprendre au spectateur que ce qui lui est montré à l’image par Roger Christian ne correspond pas forcément à la réalité : le personnage central a en effet la particularité de pouvoir projeter ses rêves et cauchemars dans l’esprit de ceux qui l’entourent, les faisant penser et ressentir ce que lui-même pense et ressent. L’analogie avec Freddy Krueger, qui débarquerait deux ans plus tard au cœur du classique Les Griffes de la Nuit, est évidente, même si au lieu d’entrer dans les rêves des autres, le personnage interprété par Željko Ivanek fait entrer les autres dans ses rêves.

Globalement, Rêves sanglants opte plutôt pour une approche du fantastique nimbée de mystère, avec une mise en scène sans artifice et un gros travail sur le montage, tendant à rapprocher la narration de sa thématique en multipliant les faux raccords, les ellipses et les coupes abruptes. Qu’elle ait été volontaire ou non, cette idée contribue à faire prendre au film des allures de rêve – ou de cauchemar – éveillé. L’atmosphère générale du film joue beaucoup sur cette sensation de flottement, on ne sait jamais si les personnages sont en train de rêver ou pas, et la bande-son de Trevor Jones (Excalibur, Dark Crystal, Le Dernier des Mohicans…) joue également la carte de cette constante étrangeté liée à une possible invasion des rêves par le personnage central. De plus, contrairement à d’autres films mettant en scène des télépathes ou des malades dotés de pouvoirs paranormaux, le personnage de John Doe #83 nous est présenté de façon bienveillante, la narration le présentant clairement comme une victime plutôt que comme un tueur. D’ailleurs, l’héroïne du film, le docteur Gail Farmer (Kathryn Harrold), semble bel et bien convaincue qu’il n’est pas responsable des dégâts provoqués par son pouvoir. Tout comme Carrie dans le livre de Stephen King / le film de Brian De Palma, John Doe #83 n’a pas choisi de suivre une voie télépathique destructrice, mais y a plutôt été poussé par les circonstances, ancrées dans une relation maternelle toxique.

Les séquences de rêves éveillés qui rythment Rêves sanglants sont très habilement réalisées : plusieurs d’entre elles s’avèrent même véritablement glaçantes, et le scénariste Thomas Baum exploite plusieurs peurs humaines irrationnelles. Un rôdeur qui pénètre dans la maison, la voiture fantôme qui vous prend en chasse, le patient qui se réveille en plein milieu d’une opération… Mention spéciale à la scène de « tentative » d’administration d’électrochocs par le personnel hospitalier, qui s’avère probablement la séquence hallucinatoire la plus impressionnante et la plus mémorable du film. Pourtant, au-delà des scènes de cauchemars, une curieuse mélancolie sous-jacente se dégage du film de Roger Christian, notamment à travers sa photo, signée Roger Pratt (Brazil, Batman…). Du côté du casting, le rôle principal est tenu par l’acteur slovène Zeljko Ivanek, que l’on a récemment pu voir dans 3 Billboards – Les Panneaux de la vengeance. A ses côtés, le rôle de la gentille psychiatre est tenu par Kathryn Harrold, vue dans Le Contrat avec Arnold Schwarzenegger en 1986. On reconnaîtra également Shirley Knight dans le rôle de la mère de John Doe #83, et que nos lectrices connaissent peut-être pour son rôle de Phyllis Van De Kamp dans la série Desperate Housewives. On reconnaît également Paul Freeman, surtout connu pour avoir incarné Belloq, l’ennemi juré d’Indiana Jones dans Les Aventuriers de l’Arche perdue.

Le Blu-ray

[4/5]

Après avoir exhumé nombre de trésors oubliés ces dernières années au cœur de sa collection « Angoisse », Rimini Éditions continue son exploration des arcanes du cinéma horrifique des années 70/80 avec Rêves sanglants, qui vient tout juste de sortir au format Blu-ray. Une excellente nouvelle pour les nostalgiques ayant vu et aimé ce petit film fantastique oublié lors de sa sortie en France il y a un peu plus de quarante ans, et une occasion pour les plus jeunes de découvrir le film dans des conditions inespérées, surtout si l’on considère qu’il était inédit depuis sa sortie au format VHS. De plus, le film de Roger Christian a la chance de bénéficier du packaging habituel de la prestigieuse « Collection Angoisse » : une édition Combo Blu-ray + DVD, accompagnée d’un livret signé Marc Toullec, le tout étant présenté dans un luxueux Digipack trois volets surmonté d’un fourreau.

Côté Haute Définition, Rêves sanglants n’a pas à rougir de sa présentation Haute-Définition : la définition est précise, les couleurs riches et bien saturées, les noirs sont profonds, et la restauration a globalement pris soin de préserver le grain argentique d’origine. Bien sûr, les plans « à effets » (générique, mentions écrites, fondus enchaînes) accusent un peu des effets du temps, mais le reste est d’une propreté et d’une stabilité tout à fait satisfaisantes. Bref, la galette Blu-ray de Rêves sanglants nous propose un rendu HD tout à fait appréciable. Côté son, la version originale ainsi que la version française d’origine sont toutes deux mixées en DTS-HD Master Audio 2.0, dans des mixages propres, équilibrés et toujours clairs. Pas de bonus sur le Blu-ray à proprement parler, mais le livret de 24 pages conçu par Marc Toullec permettra aux curieux de replacer le film dans son contexte de tournage et de sortie.

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