Test Blu-ray : Out of order

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Out of order

Allemagne de l’Ouest : 1984
Titre original : Abwärts
Réalisation : Carl Schenkel
Scénario : Carl Schenkel, Frank Göhre
Acteurs : Götz George, Renée Soutendijk, Hannes Jaenicke
Éditeur : Carlotta Films
Durée : 1h27
Genre : Thriller
Date de sortie cinéma : 6 février 1985
Date de sortie DVD/BR : 22 août 2023

Un vendredi soir, les travaux de réparation d’un ascenseur sont interrompus pour le week-end. L’employé quitte l’immeuble sans savoir que quatre personnes sont encore dans les étages. L’une d’entre elles, Jörg, est un voleur. Les trois autres sont un couple de cadres et un jeune coursier. Tous les quatre se retrouvent bloqués dans l’ascenseur à 100 mètres de hauteur. Ils ont quarante-huit heures à tenir sans céder à la panique…

Le film

[3,5/5]

Abwärts est un film allemand sorti dans les salles françaises en 1985 sous le titre Out of order – En dérangement, et dont la pérennité dans l’inconscient collectif a probablement énormément souffert de sa ressemblance – tant formelle que thématique – avec le film néerlandais L’Ascenseur, réalisé par Dick Maas et sorti l’année précédente, qui avait qui plus est fait forte impression lors du Festival international du film fantastique d’Avoriaz en 1984. D’ailleurs, on ne pourra que souligner que la simplicité et l’efficacité du film de Dick Maas ont marqué les esprits d’une façon si durable que L’Ascenseur s’imposerait rapidement comme un classique dans son genre et ferait finalement de l’ombre à tous les films ultérieurs tournant autour de personnes coincées dans un ascenseur (Elevator, Devil, Blackout…).

De ce fait, Out of order était retombé dans l’oubli depuis presque quarante ans, mais Carlotta Films nous permet aujourd’hui de redécouvrir le film de Carl Schenkel, et de le replacer au cœur de sa filmographie, qu’on connaissait jusqu’ici essentiellement pour Mighty Quinn avec Denzel Washington, pour le film d’horreur Terror Clinic, ainsi que pour le très intéressant Face à face avec Christophe Lambert. Très représentatif des années 80, Out of order est donc un thriller en huis-clos mettant en scène quatre personnages représentant quatre visions de la société allemande de l’époque. Le fait de les réunir dans un espace clos est une façon pour Schenkel de justifier une montée en tension assez rapide : au bout de dix minutes de film, l’ascenseur est bloqué, l’alarme et l’interphone se sont révélés inutiles et les quatre protagonistes du récit ont déjà les nerfs à vif.

Bien entendu, le fait que les esprits s’échauffent et que la situation s’aggrave aussi rapidement n’a rien de profondément réaliste, mais dans le contexte d’un thriller, cela fonctionne parfaitement : l’atmosphère lourde développée par Carl Schenkel est remarquablement efficace, et de toute façon, le spectateur n’a pas vraiment envie de voir les personnages de Out of order se tourner les pouces pendant deux heures. C’est donc tout l’inverse qui se produit ici, avec des personnages tous plus antipathiques les uns que les autres qui se jugent et s’insultent sans se connaître, et l’escalade dans la tension s’accompagne de cadres et d’images extrêmement soignés : le scénariste / réalisateur fait monter le sentiment de claustrophobie afin de garder un rythme soutenu, mais cela ne l’empêchera pas pour autant de proposer au spectateur un sous-texte sociopolitique clair.

Dans la cabine de l’ascenseur de Out of order, on sera donc amené à faire connaissance avec trois hommes : Gössmann (Wolfgang Kieling), un comptable / escroc au comportement assez guindé, Jörg (Götz George), un publicitaire à succès absolument odieux, et Pit (Hannes Jaenicke), un nihiliste cynique adepte du No Future. De quoi attiser les conflits de génération et de classe, d’autant qu’une femme est également présente dans cet espace restreint : la collègue de Jörg, Marion (Renée Soutendijk), qui se trouve également être sa maîtresse insatisfaite. La présence de Marion ajoute forcément une dose de sexe à l’équation, ce qui tendra à rendre littéralement explosive la promiscuité à l’intérieur de l’ascenseur. Les trois hommes bloqués dans la cage de métal sont sensiblement différents : il y a celui qui se tait, l’adepte du contrôle qui parle beaucoup, et enfin celui qui contredit par principe. Au milieu, il y a la femme, qui semble tromper sa lassitude par des petits jeux qui attisent les rivalités machistes.

Pour autant, quand les personnages de Out of order chercheront à quitter cette proximité étouffante, ils seront confrontés avec le froid et le vide de la cage d’ascenseur – le contraste entre le chaud et le froid semble être une constante dans le cinéma de Carl Schenkel, et on la retrouve lors de la scène réunissant Marion et Pit, alors que Jörg les espionne à travers l’ouverture dans le plafond. Enfin, on pourra souligner qu’aucun des quatre personnages du film n’est jamais réellement sympathique ou attachant, et aussi étrange que cela puisse paraître, une grande partie du plaisir ressenti par le spectateur à la découverte de Out of order est bel et bien de les voir s’énerver les uns sur les autres. Un très bon moment !

Le Blu-ray

[4/5]

Si personne ne s’attendait réellement à redécouvrir en France ce film totalement oublié au doux parfum 80’s, Out of order s’offre néanmoins aujourd’hui une riche édition Blu-ray sous les couleurs de Carlotta Films. Comme toujours avec l’éditeur, le boulot de restauration qui nous est proposé ici est absolument remarquable, avec une copie de toute beauté, respectueuse de la forte granulation d’origine, un piqué précis et des couleurs restituant parfaitement l’ambiance oppressante voulue par Carl Schenkel et son directeur photo Jacques Steyn. Côté son, nous avons droit aux deux versions « d’origine », VF et VO étant proposées dans des mixages DTS-HD Master Audio 1.0 propres et nets, faisant la part belle à l’ambiance du film.

Côté suppléments, la galette Haute Définition éditée par Carlotta Films nous propose tout d’abord deux scènes coupées (3 minutes), puis on enchaînera avec un entretien avec Hannes Jaenicke (28 minutes). L’acteur incarnant le rebelle un peu agressif du film évoquera ses premiers pas dans le monde du cinéma et les difficultés pour percer en tant qu’acteur dans les années 80, puis s’attardera sur Out of Order et sur son travail avec Carl Schenkel et les autres acteurs. On continuera ensuite par un entretien avec le directeur de la photographie Jacques Steyn (19 minutes), qui commencera en évoquant ses débuts en tant qu’assistant éclairagiste et caméraman, puis reviendra sur l’énorme influence qu’a eue Robby Muller sur son travail ainsi que sur sa contribution à Out of Order et sa collaboration professionnelle avec Carl Schenkel. On terminera ensuite avec la traditionnelle bande-annonce.

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