Critique : Alephia 2053

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Liban, 2021
Titre original : Alephia 2053
Réalisateur : Jorj Abou Mhaya
Scénario : Bassem Breish, Romy Coccia Di Ferro et Mohammad Sabbah d’après une idée originale de Rabih Sweidan et Marwan Harb
Voix : Oussama El Ali, Khaled El Sayed, Gamal Hamdan et Hassan Hamdan 
Distributeur : YouTube
Genre : Animation
Durée : 1h
Date de sortie : 21 mars 2021

Les scénaristes Rabih Sweidan et Mohammad Sabbah avaient pour projet commun de délivrer un film-animation fictif sur le monde arabe. Collaborateurs pour la compagnie Spring Entertainment, basée à Beyrouth, les deux compères ont travaillé d’arrache-pied pour livrer le premier film dessin animé arabe pour adultes, jamais réalisé. Alephia 2053 est un thriller d’animation dystopique qui met en scène la chute d’un dictateur dans un pays arabe imaginaire. La particularité de ce film est qu’il traite du futur et non du passé, ce qui tranche totalement avec les autres films du genre ; les auteurs ont voulu parler de traiter de sujets plus actuels que les récits contés dans Aladdin ou Bilal. À travers leur œuvre, Rabih Sweidan et Mohammad Sabbah, ont voulu jeter un pavé dans la mare et éveiller les consciences sur l’avenir des pays arabes.

Le film, qui n’a toujours pas de distributeur officiel, a réussi l’exploit de réunir plus de 8 millions d’internautes depuis sa sortie en 2021. Récemment invités lors des Rencontres du 9ème art d’Aix-en-Provence, les créateurs d’Alephia 2053 ont expliqué le but de leur film, entre message d’espoir et “observation émotionnelle de la société”. Le nom “Alephia” a pour racine le mot “aleph” et “ia”, premières et dernières lettres de l’alphabet arabe. Pour plus d’immersion, le film est en arabe littéraire (arabe fusha) et sous-titré en français et anglais. 

Synopsis 

Le film met en scène trois héros qui vont unir leurs efforts pour libérer son peuple du joug du régime du dictateur despotique Aleph II. Dans un futur proche, en 2053 exactement, Soumaya, Majd et Dalal sont des activistes dissidents du gouvernement “démocratique” qui ne trouvent pas leur place dans cette société au climat anxiogène. Leur but : faire tomber le régime en place par n’importe quel moyen. Pour mener leur mission à bien, nos héros devront évoluer dans les quartiers ultra-sécurisés d’Alephia, jouer les espions lors de soirées données dans un somptueux casino arabe, et éviter les pièges tendus par les sbires du tyran Aleph II.

Éveiller les consciences

Réaliser un film traitant de la chute d’un dictateur arabe quand on est libanais, peut paraître osé. Pourtant, il semblerait que Jorj Abou Mhaya ait réussi son pari, en attirant plus de 8 millions de téléspectateurs. Interrogé par la presse lors de sa première diffusion publique officielle, le réalisateur s’est confié sur ce projet qui lui tenait tant à cœur. Selon lui, Alephia 2053 ne cherche pas à montrer du doigt tel ou tel régime, mais plutôt à sensibiliser le public sur des conditions de vie de certaines populations. Néanmoins, ce film “engagé malgré lui” comporte quelques détails dissimulés qui font clairement référence à certains régimes despotiques que le monde moderne a pu connaître…

Le 21 mars 2021, l’équipe d’Alephia assiste à la première projection de leur film… Sur YouTube ! Même si ce mode de diffusion est moins profitable niveau comptable, le film libanais bénéficie du rayonnement international et de la gratuité du fameux site web. Deux ans plus tard, le film récolte plus de 8 millions de vues et fait de plus en plus parler de lui dans les sphères du 9ème art.

Une vision du futur sombre

Présenter ce film a un distributeur a été un des plus grands défis pour le studio Spring Entertainment. Aucun des grands noms du cinéma n’a voulu s’engager dans ce projet, jugé “trop sensible”. Mais ce n’était sans compter sur la détermination et l’audace de Rabih Sweidan et Marwan Harb ; les auteurs d’Alephia ont réussi à créer le buzz autour de leur film grâce une communication efficace. Tout d’abord, Alephia 2053 est le premier film d’animation arabe pour adultes. À première vue, faire un dessin animé pour traiter de traiter des problématiques sociétales actuelles ne semblait pas être le format le plus adéquat. Cependant, la formule s’avère être efficace et on se retrouve directement happé par l’intrigue de ce thriller aux allures d’un Blade Runner

Conclusion  

Les protagonistes de ce récit sont issus d’une génération d’activistes dissidents de cette, soi-disant, “république démocratique et populaire”, dirigée d’une main de fer par Aleph II. Grâce à leurs compétences de hackers et le soutien de la population opprimée par l’état, ces résistants vont tenter de faire tomber le régime tyrannique d’Alaa Ibn Ismail Al-Alef, alias Aleph II, au pouvoir depuis 40 ans. Pour leur premier film, Rabih Sweidan et Marwan Harb frappent fort en nous livrant ce tout premier film d’animation arabe unique en son genre : thriller dystopique et sombre, mais porteur d’un message d’espoir. 

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