Test Blu-ray : Old

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Old

États-Unis : 2021
Titre original : –
Réalisation : M. Night Shyamalan
Scénario : M. Night Shyamalan
Acteurs : Gael García Bernal, Vicky Krieps, Rufus Sewell
Éditeur : Universal Pictures
Durée : 1h48
Genre : Fantastique
Date de sortie cinéma : 14 juillet 2021
Date de sortie DVD/BR : 24 novembre 2021

En vacances dans les tropiques, une famille s’arrête pour quelques heures sur un atoll isolé où ils découvrent avec effroi que leur vieillissement y est drastiquement accéléré, et que leur vie entière va se retrouver réduite à cette ultime journée…

Le film

[4/5]

La carrière de M. Night Shyamalan a véritablement explosé avec Sixième Sens (1999), son troisième film en tant que réalisateur. Acclamé par la critique et le public, il continuerait sur sa lancée avec Incassable (2000) et Signes (2002), deux autres énormes succès qui étaient parvenus à mettre tout le monde d’accord. Ces trois films ont largement contribué à créer une véritable « légende » autour du cinéaste, considéré comme un prodige du 7ème Art, et régulièrement comparé à Alfred Hitchcock.

Par la suite, la réputation de M. Night Shyamalan commence à péricliter : ses films continuent à faire des entrées dans le monde entier, mais la critique dénonce la « recette » un peu trop éprouvée qu’il s’évertue à renouveler long-métrage après long-métrage. Ses films suivants seront de fait de plus en plus décriés par la critique, mais mis à part La jeune fille de l’eau (2006), aucun ne constituera un réel échec au box-office. Cependant, Shyamalan a perdu son aura, et ne fait plus figure de « valeur sûre » du cinéma international.

Pour autant, quinze ans plus tard, et en dépit des boudeurs, la sortie de chaque nouveau film de Shyamalan constitue toujours à sa manière une sorte de micro-événement pour les cinéphiles du monde entier. C’est d’ailleurs sans aucun doute encore plus vrai dans le cas de Old, qui marque les retrouvailles du cinéaste avec le film fantastique à tendance métaphysique et qui, pour le coup, s’avère en effet dans la droite lignée d’un épisode « étendu » de La Quatrième dimension.

Old emmène donc le spectateur sur une plage « privée » en compagnie d’une petite poignée de personnages. Il ne faudra pas longtemps pour que les vacanciers se rendent compte que quelque chose ne va pas sur cette plage : outre l’apparition d’un cadavre s’étant échoué sur le rivage, il semble que les enfants se mettent à grandir / vieillir à une vitesse exponentielle. Les adultes également commencent à vieillir rapidement, et des problèmes médicaux mineurs deviennent soudainement des préoccupations bien réelles. Impossible pour eux de retourner par où ils sont venus, ni de repartir à la nage : ils s’évanouissent dès qu’ils tentent de quitter la plage. Et au fur et à mesure que les corps vieillissent / grandissent, les conditions physiques et mentales des personnages se détériorent, rendant leurs réactions émotionnelles de plus en plus imprévisibles…

Désireux de nous proposer avec Old une expérience cinématographique complexe et puissante, M. Night Shyamalan réussit le pari fou de faire évoluer ses personnages, en dépit de leur intense confusion émotionnelle, au cœur d’une vie soudain réduite à l’espace de quelques heures : des affres de l’adolescence à la perte de repère du crépuscule de la vie, Old nous propose un véritable déluge d’émotions contradictoires, qu’il amène par touches subtiles. Ainsi, la discussion sur la plage entre Gael García Bernal et Vicky Krieps dans le dernier acte du récit s’impose comme un magnifique moment de cinéma, d’autant plus intense et remarquable qu’il évite tout recours superflu au pathos.

Old constitue une preuve indiscutable du fait que Shyamalan maîtrise plus que jamais les aspects purement formels de son œuvre. La maestria technique habituelle du cinéaste implique d’entrée de jeu le public, non seulement du seul point de vue émotionnel, mais également presque du point de vue « physique » : l’utilisation de forts sons de basses durant les premières séquences prenant place sur la plage tendent en effet à provoquer un réel sentiment de malaise, voire même d’oppression, chez le spectateur. Ce procédé, déjà utilisé par Steven Spielberg sur La Guerre des mondes il y a quelques années, dénote d’une volonté forte de Shyamalan de placer le public dans une position très inconfortable, de le déstabiliser afin de le préparer à ce qui va suivre.

Tirant habilement parti de son budget (et de ses limites), Shyamalan utilise la technique de façon réfléchie, chaque travelling, chaque mouvement de caméra, chaque cadrage ou décadrage ayant non seulement un effet sur le spectateur, mais aussi et surtout un sens, ici régulièrement lié au rapport au temps qui, évidemment, est au cœur de Old. A ce titre, une des plus grandes forces du film est sans aucun doute de ne pas se disperser : M. Night Shyamalan a choisi une thématique – les différentes étapes de la condition humaine racontées en accéléré – qu’il développe et approfondit de façon remarquable, sans jamais dévier de sa trajectoire, ni de faire de concessions. Old risque de ce fait de mettre une partie du public mal à l’aise, parce qu’il l’invite à réfléchir et à mettre en perspective son propre processus de vieillissement, à qui personne sur cette terre – sauf peut-être Keanu Reeves – ne semble en mesure d’échapper.

Alors oui, le temps défile à une vitesse folle, et tout un chacun regarde bien souvent par-dessus son épaule afin de se rendre compte de la vitesse à laquelle les années ont passé. On voit les enfants naître, puis grandir, entrer à l’école, devenir des versions améliorées de nous-mêmes, et tout cela nous paraît passer en un instant – Old prend nos impressions au pied de la lettre, et nous confronte de façon brutale à l’impact du temps sur nos corps et nos esprits. Le public est ainsi mis au défi par M. Night Shyamalan d’affronter ses propres peurs, du vieillissement notamment, mais également de la maladie ainsi que des transformations physiques, mentales et émotionnelles qui en découlent. Old nous montre aussi de façon spectaculaire la façon dont l’esprit humain ne parvient pas toujours à faire face aux changements soudains survenus dans la réalité : il reste bloqué dans le passé, à la façon de ce couple à l’aube de sa vie évoquant un passé ici à la fois immédiat et révolu, ou de ces deux grands gamins de cinquante ans faisant des châteaux de sable sur la plage.

Imparfait mais fascinant, Old permet donc à M. Night Shyamalan de revenir à ses premières amours avec un film fantastique profond, porté par des acteurs solides et une classe visuelle absolument folle. L’inévitable twist final, véritable marque de fabrique du cinéaste, est à la fois intéressant et très marqué par l’époque. On le rapprochera néanmoins d’avantage de celui de films tels que Le Village (2004) ou Split (2017) que de ceux qui intervenaient à la fin de Sixième Sens (1999), Incassable (2000) ou Signes (2002). On veut dire par là que ce retournement de situation final ne remet pas réellement l’intégralité du film en perspective : il « élargit » simplement son horizon en donnant un sens différent à certains détails ayant pris place dans le premier tiers du métrage.

Le Blu-ray

[4/5]

D’un point de vue purement technique, le Blu-ray de Old édité par Universal Pictures constitue réellement ce qui se fait de mieux en matière d’encodage Haute-Définition. Le transfert est de toute beauté, il n’y a vraiment rien à redire, Universal connaît indubitablement son travail et nous en met littéralement plein les mirettes. Les couleurs pètent la forme, les noirs sont abyssaux, le piqué est d’une précision extraordinaire, et aucun souci de compression ne vient jamais gâcher la fête. Côté son, la VO encodée en Dolby Atmos vous vaudra sans doute des plaintes du voisinage à 800 mètres à la ronde (rappelez-vous de ce recours aux basses évoqué quelques lignes plus haut), suivi de près par une version française mixée en Dolby Digital + 7.1 tout aussi tonitruante et dynamique. La spatialisation des effets est tout simplement re-dou-ta-ble, il y en a partout, le caisson de basse ne chôme pas, bref, c’est du lourd de chez lourd.

Du côté des suppléments, c’est très complet : on commencera avec une sélection de scènes coupées (8 minutes), dans l’ensemble très courtes et ne présentant pas d’intérêt réel. L’une d’entre elles cependant a retenu notre attention : il s’agit de celle mettant en scène l’anniversaire de l’hotesse d’accueil de Madrid, incarnée par Francesca Eastwood (fille de Clint). On ignore en effet si cette scène la voyant fêter ses 30 ans n’était là que pour apporter un contraste supplémentaire avec le vieillissement des personnages principaux du film, ou si le fait qu’elle ne souffle que deux bougies ne serait pas un indice destiné à nous faire comprendre qu’elle aussi subit un vieillissement prématuré. De là à ce que le personnage revienne en tant que personnage central d’un nouveau film de Shyamalan, il n’y a qu’un pas… On continuera ensuite avec un petit ensemble de featurettes consacrées au tournage du film : on y découvrira notamment que M. Night Shyamalan travaille désormais « en famille » (8 minutes), avec une de ses filles, Ishana, assurant le poste de réalisatrice de seconde équipe et une autre, Saleka, ayant composé la chanson chantée par Maddox au début du film, qui reviendra également sur le générique de fin. On reviendra ensuite sur les thématiques et la structure du film dans un court making of (10 minutes), avant de s’attarder plus particulièrement sur le décor de la plage, et notamment sur l’impressionnante falaise construite spécialement pour le film (7 minutes), ainsi que sur le tournage d’une scène particulièrement émouvante (6 minutes). On notera que les suppléments contiennent quelques [Spoilers] : mieux vaut les visionner après avoir vu le film !

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