Test Blu-ray : Les Tueurs sont nos invités

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Les Tueurs sont nos invités

Italie : 1974
Titre original : Gli assassini sono nostri ospiti
Réalisation : Vincenzo Rigo
Scénario : Renato Romano, Bruno Fontana
Acteurs : Anthony Steffen, Margaret Lee, Luigi Pistilli
Éditeur : Le Chat qui fume
Durée : 1h30
Genre : Thriller
Date de sortie cinéma : 30 avril 1980
Date de sortie DVD/BR : 31 décembre 2022

Franco, Eliana et Mario dévalisent une bijouterie à Milan et prennent la fuite. Franco, ayant été blessé lors de la fusillade avec la police, les criminels prennent la décision de se réfugier temporairement dans une villa isolée. Là, ils obligent le propriétaire des lieux, le Dr Malerba, à soigner Franco, et contactent Eddy, le chef de l’organisation. Alors que le trio attend son arrivée, la tension monte peu à peu dans la maison…

Le film

[3,5/5]

Les Tueurs sont nos invités s’ouvre sur un décor extrêmement urbain, typique de l’Italie des années 70. On y suit une jeune femme (Margaret Lee) marchant dans la rue, puis rentrant dans une voiture. Alors qu’elle s’apprête à démarrer, un travelo en mini-jupe sort d’un hôtel de passe, et commence à hurler : la jeune femme vient de lui piquer sa voiture. Mine de rien, en l’espace de quelques minutes, le réalisateur Vincenzo Rigo parvient à poser les bases d’une société italienne pourrie, où même les femmes semblant à priori propres sur elles chouravent des caisses, et où la prostitution fait rage en plein jour, et vu et au su de tous. La décadence de la société de l’époque est donc soulignée d’entrée de jeu, de la même façon que le ferait Mario Caiano – de façon un peu moins subtile – avec Assaut sur la ville en 1977.

Cette entrée en matière nihiliste tendrait à inscrire Les Tueurs sont nos invités dans la « tradition » (encore relativement récente en 1974) du « poliziottesco » ou néo-polar italien, également connu sous le nom de polar bis italien. Ce genre volontiers extrêmement violent, putassier et démagogique s’attachait à relater sur un ton noir et sans concessions des faits divers sanglants, le plus souvent traités de façon outrancière. Les flics y étaient montrés comme de véritables cowboys, solitaires et adeptes de la loi du talion, tandis que les truands prenaient souvent des allures de salopards intégraux, dont la plus infime trace de valeur morale avait été réduite à néant par des années de soumission à la société capitaliste.

La suite du film de Vincenzo Rigo nous confortera d’ailleurs un moment dans cette idée selon laquelle Les Tueurs sont nos invités est un pur poliziottesco : on y suivra en effet un braquage de bijouterie par trois truands ainsi que leur fuite en voiture jusqu’à la villa d’un riche médecin et de sa femme. L’intrigue du film, qui évoque celle de La Rançon de la peur (Umberto Lenzi, 1974) et prend sans doute une partie de ses racines dans l’enlèvement de Patricia Hearst (février 1974), suit donc un temps les rails du néo-polar italien. On retrouve dans le film de Rigo à peu près tous les excès du genre – nudité, viols, misogynie, homophobie – ainsi que cette idée selon laquelle l’Italie de l’époque est en totale déliquescence sociale et morale, corrompue par la lutte des classes et sans juste milieu entre une bourgeoisie insouciante (et forcément décadente) et le reste de la population, obligé de survivre dans la misère.

Le personnage du riche médecin (Anthony Steffen) et de sa femme (Livia Cerini) contribuent à illustrer ce grand écart social entre les riches et les pauvres au cœur de l’Italie des années 70. Derrière la caméra, Vincenzo Rigo joue essentiellement sur l’atmosphère, absolument sordide, mais surtout, Les Tueurs sont nos invités tirera son épingle du jeu grâce à son scénario, qui nous propose un joli rebondissement tout à fait inattendu au cours du film, dont on ne révélera rien ici mais qui contribue à faire totalement basculer le film dans un autre genre, et en fait une espèce d’hybride entre le poliziottesco et le Giallo de machination, avec une bonne dose d’exploitation par-dessus. Et quels acteurs ! On notera tout particulièrement les prestations d’Anthony Steffen et surtout de l’excellent Giuseppe Castellano, inoubliable « gueule » du Néo-polar (Milan Calibre 9, La Rançon de la peur, La Mort en sursis…) et du western spaghetti (Le Jour du jugement, Le Retour de Django…). A découvrir.

Le Blu-ray

[5/5]

Le Chat qui fume est le premier éditeur au monde à nous proposer Les Tueurs sont nos invités au format Blu-ray, et nous livre à nouveau un travail éditorial impressionnant et impeccable. Comme à son habitude, Le Chat nous propose une édition limitée à 1000 exemplaires s’affichant dans un superbe digipack trois volets surmonté d’un fourreau cartonné. Comme d’hab également, la maquette est signée Frédéric Domont, alias Frhead Domont, alias BaNDiNi, et s’avère tout simplement somptueuse.

Du côté du Blu-ray à proprement parler, on ne pourra également que saluer l’éditeur : la restauration 4K du film a fait place nette de tout défaut de pellicule, et le master Haute Définition du film est tout simplement excellent : pas de souci de compression, encodage maitrisé, format respecté et version intégrale… Le piqué est précis, l’image toujours parfaitement stable, les couleurs sont littéralement explosives et le grain argentique a été préservé avec soin. Les contrastes ne manquent pas de punch, et semblent même avoir été tout particulièrement boostés lors des passages nocturnes, qui affichent des noirs peut-être un poil trop denses. Du très beau travail donc, que l’on retrouvera également au niveau sonore, avec la piste VO (en italien, quelques dialogues en anglais) mixée en DTS-HD Master Audio 2.0. Le rendu acoustique est propre et net, et permet une immersion idéale dans cet étonnant thriller. On ne remarquera ni souffle ni craquements disgracieux, rien à redire niveau technique donc, le travail du Chat qui fume est toujours fait, et bien fait.

Dans la section suppléments, Le Chat qui fume nous propose un passionnant entretien avec le réalisateur Vincenzo Rigo (47 minutes), qui reviendra sur son parcours au cinéma, d’abord en tant que chef opérateur, puis de réalisateur. Sans la moindre langue de bois, il évoquera ensuite son expérience sur le film. Il se remémorera les limites de son scénario autant que celles de son budget, qui l’ont forcé à tenter de dynamiser le récit le plus possible. Il reviendra également sur sa relation avec les différents acteurs du film, sur les lieux de tournages, ainsi que sur le succès inattendu du film au box-office italien. Pour vous procurer cette édition limitée à 1000 exemplaires, rendez-vous sur le site de l’éditeur !

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