Test Blu-ray : Les Liens du sang

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Les Liens du sang

Espagne : 2021
Titre original : La Hija
Réalisation : Manuel Martín Cuenca
Scénario : Alejandro Hernández, Manuel Martín Cuenca, Félix Vidal
Acteurs : Javier Gutiérrez, Patricia López Arnaiz, Irene Virgüez
Éditeur : Condor Entertainment
Durée : 1h57
Genre : Thriller
Date de sortie DVD/BR : 3 janvier 2023

Pensionnaire dans un foyer pour jeunes en difficulté, Irène tombe enceinte après une aventure sans lendemain. Déboussolée face à cette grossesse non désirée, elle trouve une oreille compatissante auprès de Javier, tuteur respecté du centre. Javier propose à Irène de l’accueillir chez lui, dans un chalet isolé où il vit avec sa compagne Adela. D’abord touchée par leurs égards, la jeune fille tombe de haut lorsque le couple lui propose un pacte contre nature. Enfermée dans cet endroit perdu, a-t-elle même le choix de refuser ?

Le film

[3,5/5]

Découvert en France il y a presque dix ans avec Amours cannibales, Manuel Martín Cuenca avait fait preuve d’un certain talent pour renverser les tabous de la société espagnole – et plus largement de la société occidentale contemporaine – afin d’en gratter un peu le vernis et de révéler certains des monstres qui se cachent parmi nous. Même s’il traite d’un sujet radicalement différent, Les Liens du sang permet cependant à Manuel Martín Cuenca de renouer avec ces personnages que la société espagnole préfère ne pas voir : après le tueur cannibale opérant dans l’ombre des rues de Grenade, le film nous propose cette fois de découvrir Irene (Irene Virgüez), une très jeune fille appartenant à un foyer pour jeunes en difficulté et ayant la particularité d’être enceinte. Deux raisons qui lui vaudront d’être rejetée par la société, mais qui attireront l’attention de Javier (Javier Gutiérrez), un des éducateurs les plus respectés du centre.

Les Liens du sang développe un scénario qui jongle de façon assez habile avec plusieurs thématiques, dont celles de la maternité et plus précisément du « droit » d’être mère. Cela permet au film de s’engager dans un premier temps sur le terrain du drame social avant d’aborder de façon plus franche celui du thriller. Le style de Manuel Martín Cuenca, qui prend le temps d’installer son récit sur un rythme assez lent, permet à la tension de grimper crescendo, au fur et à mesure des dialogues – et des silences – qui s’échangent à l’écran entre Irene et Javier, mais également entre Irene et Adela (Patricia López Arnaiz). S’il joue d’une façon assez intéressante avec les ellipses et/ou les non-dits, le cinéaste prend cependant grand soin de garder le spectateur en avance sur les événements qui se déroulent à l’écran, de sorte à limiter les changements de direction abrupts. Pour autant, et en dépit de ce que le spectateur sait ou soupçonne, Les Liens du sang parvient tout de même à orchestrer une poignée de surprises de manière extrêmement calculée – impossible par exemple de prévoir à l’avance ce qui se produira durant le dernier quart d’heure du film.

On peut également souligner le soin avec lequel Manuel Martín Cuenca cultive le malaise tout au long de son film grâce à l’habileté de sa mise en scène, qui souligne notamment l’isolement absolu des lieux où se déroule l’intrigue du film. Qu’il s’agisse des plans en extérieur ou dans le fait que les chiens qui entourent la propriété de Javier et Adela soient tout à la fois représentés comme une protection et un danger, tout dans Les Liens du sang suggère un endroit où la loi n’existe pas et où les rapports de force transforment les personnages en animaux. Le personnage de Miguel, le flic interprété par Juan Carlos Villanueva, ne semble d’ailleurs jamais constituer une menace pour ce qui se trame du côté de chez Javier et Adela, et ce même si la rencontre du personnage avec Osman (Sofian El Benaissati) nous confirme bel et bien que Miguel est tout à fait conscient de ce qui se cache derrière la disparition d’Irene.

Le Blu-ray

[4/5]

C’est donc Condor Entertainment qui nous propose aujourd’hui de découvrir Les Liens du sang sur support Blu-ray, et comme sur toutes ses galettes Haute Définition depuis quelque temps déjà, l’éditeur nous propose un encodage maîtrisé et pas loin d’être irréprochable, si l’on excepte bien sûr un défilement en 1080i (25 images/secondes) qui réduit la durée du film de 2h02 dans les salles espagnoles à 1h57 dans les salons français. Du côté du master cependant, la définition ne manque pas d’attrait, le piqué est d’une belle précision, les couleurs sont littéralement superbes et les noirs très stables et profonds ; le tout affiche une précision de tous les instants, même durant les séquences nocturnes. Côté son, VF et VO sont proposées dans des mixages DTS-HD Master Audio 5.1 amples et immersifs : tous deux font le djaube sans aucun problème. Naturellement, on trouvera plus de finesse et une spatialisation plus spectaculaire sur la version originale, qui de plus s’avère artistiquement plus convaincante que la version française, assurée et enregistrée par les équipes de chez AudioProjects autour de l’omniprésent Michael Cermeno. Pas de suppléments.

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