Test Blu-ray : Les évadés

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Les évadés

France : 1955
Titre original : –
Réalisation : Jean-Paul Le Chanois
Scénario : Jean-Paul Le Chanois, Michel André
Acteurs : Pierre Fresnay, François Perier, Michel André
Éditeur : Coin de mire Cinéma
Durée : 1h57
Genre : Guerre
Date de sortie cinéma : 17 Juin 1955
Date de sortie DVD/BR : 4 septembre 2020

1943. Michel et François, deux prisonniers de guerre, s’évadent d’un camp allemand. En chemin, ils rencontrent Pierre, un lieutenant français dont le plan d’évasion a échoué. Une amitié nait entre ces trois hommes aux caractères très différents et qui exercent dans la vie des professions très dissemblables. Mais ils ont un objectif commun : gagner la Suède en traversant le nord de l’Allemagne et le Danemark…

Le film

[4/5]

Comme la plupart des cinéastes ayant contribué à donner ses lettres de noblesse au cinéma français populaire des années 50, Jean-Paul Le Chanois n’était pas très apprécié des critiques et cinéastes de la Nouvelle Vague. Ces derniers voyaient en lui une bête noire, dans le sens où son cinéma apparaissait comme l’exemple-type du « cinéma de Papa » auquel ils s’opposaient totalement et sans la moindre réserve. De ce fait, en partie parce qu’ils auront peu été relayés dans les cercles cinéphiles, beaucoup de films réalisés par Jean-Paul Le Chanois sont aujourd’hui retombés dans l’oubli – et ce même quand ces derniers avaient rencontré de gros succès dans les salles obscures. C’est par exemple le cas des Évadés, qui à sa sortie en 1955 a enregistré presque quatre millions d’entrées, et s’avère aujourd’hui presque totalement oublié des cinéphiles.

Heureusement, Coin de mire Cinéma est là pour nous rafraîchir la mémoire. On notera tout d’abord que Les évadés est un film de guerre un peu singulier, dans le sens où le film est adapté des mémoires de Michel André, qui a co-écrit le scénario avec Jean-Paul Le Chanois et… joue également dans le film. Vous avez bien lu : la rocambolesque histoire que nous raconte Les évadés est une version à peine romancée du récit de l’évasion d’un des acteurs du film ! Un peu comme dans le cas du 15h17 pour Paris de Clint Eastwood, Michel André incarne ici son propre rôle, accompagné par deux acteurs aguerris, François Périer et Pierre Fresnay.

Passée son introduction – assez brillante – dans un camp de prisonniers, l’essentiel de l’action des Évadés se déroule dans l’espace exigu d’un wagon à bord duquel not trois évadés espèrent atteindre la Suède. Trois personnalités opposées, trois motivations différentes, trois acteurs remarquables, même si certains phrases sonnent vaguement « sentencieuses » à nos oreilles contemporaines. Et l’art de la mise en scène de Jean-Paul Le Chanois fait le reste, avec notamment une poignée de scènes développant un suspense remarquable, doublé d’une véritable atmosphère faite de tension et de peur omniprésente. Techniquement très solide, le film s’offre qui plus est une photo très réussie signée Marc Fossard, qui offre aux Évadés quelques plans absolument sublimes, flirtant par moments même avec le fantastique.

Avec Les évadés, Jean-Paul Le Chanois signait donc un film de guerre essentiellement basé sur « l’humain », et construisant son récit sur l’évasion de trois personnages que tout aurait probablement opposé « à l’extérieur » si la Guerre ne les avait paradoxalement pas rapprochés. Parfois comparé – pour le railler – à La grande illusion, le film se poserait presque comme le pendant « populaire » du film de Jean Renoir, intellectuel et plus difficile d’accès. Au final cependant, et malgré ses nombreuses maladresses – tonales notamment – Les évadés s’avère un film de guerre absolument fréquentable et original, à (re)découvrir au plus vite.

La collection « La séance »

Voilà bientôt deux ans que Coin de mire Cinéma propose avec régularité au public de se replonger dans de véritables classiques du cinéma populaire français, tous disponibles au cœur de sa riche collection « La séance ». En l’espace de ces deux années de passion, le soin maniaque apporté par l’éditeur à sa sélection de films du patrimoine français a clairement porté ses fruits. Ainsi, Coin de mire est parvenu à se faire une place de tout premier ordre dans le cœur des cinéphiles français. L’éditeur s’impose en effet comme une véritable référence en termes de qualité de transfert et de suppléments, les titres de la collection se suivent et ne se ressemblent pas, prouvant à ceux qui en douteraient encore la richesse infinie du catalogue hexagonal en matière de cinéma populaire. Une telle initiative est forcément à soutenir, surtout à une époque où le marché de la vidéo « physique » se réduit comme peau de chagrin d’année en année.

Chaque titre de la collection « La séance » édité par Coin de mire s’affiche donc dans une superbe édition Combo Blu-ray + DVD + Livret prenant la forme d’un Mediabook au design soigné et à la finition maniaque. Chaque coffret Digibook prestige est numéroté et limité à 3.000 exemplaires. Un livret inédit comportant de nombreux documents d’archive est cousu au boîtier (on trouvera notamment ici de nombreuses photos d’exploitation des Évadés). Les coffrets comprennent également la reproduction de 10 photos d’exploitation sur papier glacé (format 12×15 cm), glissés dans deux étuis cartonnés aux côtés de la reproduction de l’affiche originale (format 21×29 cm). Chaque nouveau titre de la collection « La séance » s’intègre de plus dans la charte graphique de la collection depuis ses débuts à l’automne 2018 : fond noir, composition d’une nouvelle affiche à partir des photos Noir et Blanc, lettres dorées. Le packaging et le soin apporté aux finitions de ces éditions en font de véritables références en termes de qualité. Chaque coffret Digibook prestige estampillé « La séance » s’impose donc comme un superbe objet de collection que vous serez fier de voir trôner sur vos étagères.

L’autre originalité de cette collection est de proposer au cinéphile une « séance » de cinéma complète, avec les actualités Pathé de la semaine de la sortie du film, les publicités d’époque (qu’on appelait encore « réclames ») qui seront bien sûr suivies du film, restauré en Haute-Définition, 2K ou 4K selon les cas. Dans le cas des Évadés, il s’agit d’une restauration 4K réalisée par TF1 Studio avec la participation du CNC et de Coin de Mire. C’est lors de la restauration du film que les éléments techniques du huitième sketch inédit en France ont été retrouvés. Ayant pu être reconstitué selon le montage d’origine en se basant sur les informations disponibles, le film se présente aujourd’hui dans une version intégrale inédite.

La cinquième vague de la collection « La séance » débarquera le 4 septembre. Les six nouveaux films intégrant la collection la portent aujourd’hui à un total de 31 titres. Les six films annoncés sur cette nouvelle vague ont de quoi mettre l’eau à la bouche des cinéphiles, puisqu’il s’agit de Les évadés (Jean-Paul Le Chanois, 1955), Maigret tend un piège (Jean Delannoy, 1958), Maxime (Henri Verneuil, 1958), Maigret et l’affaire Saint-Fiacre (Jean Delannoy, 1959), Le diable et les 10 commandements (Julien Duvivier, 1962) et Maigret voit rouge (Gilles Grangier, 1963). Pour connaître et commander les joyaux issus de cette magnifique collection, on vous invite à vous rendre au plus vite sur le site de l’éditeur.

Le coffret Digibook prestige

[5/5]

L’image que nous propose le Blu-ray des Evadés édité par Coin de mire Cinéma est d’une parfaite propreté. Le rendu est par moments tellement impressionnant de précision que l’on fermera les yeux avec bienveillance sur les très rares fourmillements perceptibles sur quelques arrière-plans – le prix à payer pour sauvegarder la texture argentique d’origine. Le noir et blanc est solide et soigneusement étalonné, et la fermeté des contrastes témoigne de la qualité de la restauration 4K réalisée par le laboratoire L21. Côté son, le film nous est proposé en DTS-HD Master Audio 2.0 mono d’origine, et le mixage s’avère d’une irréprochable propreté, avec un bon équilibre entre les dialogues et la musique de Joseph Kosma. Des sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles.

Du côté des suppléments, l’éditeur nous propose donc de recréer dans la chaleur douillette de votre foyer doux foyer l’intégralité d’une séance de cinéma de juin 1955. Et comme le voulait la tradition dans les années 50, on commencera avec les actualités de la 24ème semaine de 1955 (12 minutes). Une semaine très chargée en informations d’ailleurs, et passant comme d’habitude sans transition du Coca Light, ou du coq à l’âne oui pourquoi pas. A l’international, on reviendra sur le voyage en Yougoslavie de Khrouchtchev, le retour en Tunisie de Bourguiba et le défilé des anciens combattants en Algérie. Plus proche des français de l’époque, on revenait ensuite sur les (impressionnantes) méthodes d’entraînement de la marine française. On fêtera ensuite la libération de « provocateurs » chinois après deux ans de prison, on s’attardera sur les œuvres naïves du sculpteur Robert Juvin, on reviendra sur le tirage du loto à Namur, sur le tour de l’Oise, sur une très amusante parade de scooters, sur un système de freinage révolutionnaire destiné aux poids lourds. On terminera avec le sport – les 500 miles d’Indianapolis (qui voit malheureusement Bill Vukovich mourir dans sa voiture) et un match de foot Belgique / Tchécoslovaquie. On n’a rien compris au sujet consacré à la Caisse des dépôts, la Caisse autonome d’investissements et la Caisse Nationale d’Assurance sur la vie.

Après avoir découvert la bande-annonce de Si tous les gars du monde (Christian-Jaque, 1956), on continuera avec la traditionnelle page de publicités, ou plutôt de réclames comme on les appelait à l’époque (9 minutes). Les eskimos Gervais, le soda Orangina, le savon Monsavon, les machines à laver Brandt (« Monsieur, ayez pitié de votre femme, offrez-lui une machine à laver Brandt »), le chocolat en poudre Regibana, le liquide vaisselle Rex, les stations-services Azur, le shampoing Dop, etc. On notera également, en plus de la bande-annonce du film, la présence d’une fin alternative en couleurs (5 minutes), retrouvée lors de la restauration des Évadés et imaginée dès l’origine par le réalisateur.

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