Test Blu-ray : Les Démons du maïs – La Trilogie d’origine

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Avec la nouvelle « Les Enfants du Maïs » en 1978, Stephen King inventait l’horreur céréalière – celle qui fait pousser l’angoisse dans les sillons du bizarre. Ce court récit, originellement paru dans le recueil « Danse macabre », ne tarderait pas intéresser les producteurs, et se verrait adapté au cinéma en 1984, sous le titre Children of the Corn – le film sortirait en France l’année suivante, sous le titre Horror Kid, puis ressortirait en vidéo renommé Les Démons du Maïs dès 1986. Mais le film de Fritz Kiersch ne fut que le premier d’une longue série : la franchise compte en effet à ce jour rien de moins que dix films et un téléfilm, plus ou moins en rapport avec la nouvelle d’origine. Ces films firent le bonheur des amateurs de séries B tout au long des années 90 : dans l’ordre, on eut donc droit à Les Démons du maïs 2 : Le Sacrifice final (David Price, 1993), Les Démons du maïs 3 : Les Moissons de la Terreur (James D.R. Hickox, 1994), Les Démons du maïs 4 : La Moisson (Greg Spence, 1996), Les Démons du maïs 5 : La Secte des Damnés (Ethan Wiley, 1998), Les Démons du maïs 6 : Le retour d’Isaac (Kari Skogland, 1999), et Les Démons du maïs 7 : La révélation (Guy Magar, 2001). On croyait que la saga était morte avec le support VHS, mais non : virent ensuite le téléfilm Children of the Corn (Donald P. Borchers, 2009), Les enfants du maïs (Joel Soisson, 2011), Children of the Corn – Runaway (John Gulager, 2018) et enfin Les Démons du maïs (Kurt Wimmer, 2020).

Les trois premiers films de la franchise sont aujourd’hui réunis au cœur d’un coffret Blu-ray chez Rimini Éditions, intitulé « Les Démons du Maïs : La Trilogie originale ». Il nous semble qu’un titre genre Children of the Corn : 1984-1994 aurait été plus adéquat, dans le sens où les films ne suivent pas réellement, mais proposent plutôt des variations sur le thème de la nouvelle originale de Stephen King. Les deux premiers films se déroulent certes l’un après l’autre, mais les acteurs et l’histoire sont très différents, et les films ont été tournés à presque dix ans d’écart. De plus, à partir du troisième opus, la société de production Dimension Films a choisi de produire des films autonomes, qui n’entretiendraient plus que de très lointains rapports les uns avec les autres (un peu à la façon de Scanners, Scanners II et Scanners III). Pour autant, les trois films réunis dans le coffret forment un ensemble inégal mais attachant, qui explore les peurs primitives avec une sincérité maladroite mais souvent touchante.

Les Démons du Maïs

États-Unis : 1984
Titre original : Children of the Corn
Réalisation : Fritz Kiersch
Scénario : George Goldsmith
Acteurs : Peter Horton, Linda Hamilton, R.G. Armstrong
Éditeur : Rimini Éditions
Durée : 1h32
Genre : Fantastique, Horreur
Date de sortie cinéma : 30 janvier 1985
Date de sortie DVD/BR : 16 octobre 2025

Un jeune couple de passage dans le Nebraska percute en voiture un jeune garçon. Mais il semble qu’on l’ait poignardé avant la collision. Lorsqu’ils rejoignent une zone habitée, c’est un village fantôme qui les accueille. Les seuls habitants de Gatlin sont une bande déterminée d’enfants psychotiques… Leur obsession : exercer leur pouvoir terrifiant sur les adultes, en les exterminant…

Les Démons du maïs II – Le sacrifice final

États-Unis : 1992
Titre original : Children of the Corn II – The Final Sacrifice
Réalisation : David Price
Scénario : A L Katz, Gilbert Adler
Acteurs : Terence Knox, Ned Romero, Rosalind Allen
Éditeur : Rimini Éditions
Durée : 1h32
Genre : Fantastique, Horreur
Date de sortie DVD/BR : 16 octobre 2025

Neuf ans après le massacre des adultes qui avait mis en émoi la petite ville de Gatlin, le journaliste John Garrett se rend sur les lieux accompagné de son fils Danny, espérant relancer sa carrière grâce à ce terrifiant fait divers. Danny découvre que les enfants survivants de la tragédie se rendent la nuit dans les champs de maïs pour écouter les paroles de Micah, un enfant qui prétend qu’un signe va venir des profondeurs du maïs. Bientôt, les meurtres d’adultes recommencent…

Les Démons du maïs III – Les Moissons de la terreur

États-Unis : 1992
Titre original : Children of the Corn III – Urban Harvest
Réalisation : James D.R. Hickox
Scénario : Dode B. Levenson, Matt Greenberg
Acteurs : Daniel Cerny, Ron Melendez, Jim Metzler
Éditeur : Rimini Éditions
Durée : 1h31
Genre : Fantastique, Horreur
Date de sortie DVD/BR : 16 octobre 2025

Deux frères deviennent orphelins après la mort d’un fermier de Gatlin, une petite bourgade américaine. Les deux enfants sont placés dans une famille à Chicago, sans que personne ne se doute que le crime a été perpétré par le plus jeune des deux garçons…

Les films

[3,5/5]

Le premier opus de la saga, Les Démons du Maïs, réalisé par Fritz Kiersch en 1984, plante le décor dans une Amérique rurale où les enfants ont décidé que les adultes, c’est comme les pubs sur YouTube : ça pollue, ça fait chier, ça donne des envies de meurtre. Sans doute limité par des questions de budget, le film joue la carte du minimalisme anxiogène, avec une mise en scène qui préfère les champs de maïs aux champs de bataille. Le grain de l’image, bien rugueux, et la photo du film, marronnasse, participent à cette ambiance de fin du monde en bottes de caoutchouc. Et si certains des jeunes acteurs du film surjouent comme des influenceurs en manque de likes, il faut reconnaître que l’ensemble tient finalement assez correctement la route, notamment grâce à la musique de Jonathan Elias, qui nous fait frissonner les épis comme une playlist Spotify hantée. Mais Les Démons du Maïs, ce n’est pas juste des gamins flippants : c’est une parabole sur la perte de repères, sur l’enfance comme territoire de l’irrationnel. Le film, qui évoque par moments L’Esprit de la ruche de Víctor Erice (1973), interroge aussi la notion de foi aveugle, de communauté fermée, et de ce que ça donne quand on laisse les mômes gérer la politique locale. Le placement des caméras, souvent en contre-plongée, accentue la domination des enfants sur les adultes, inversant les codes habituels du pouvoir visuel.

Les Démons du Maïs II – Le Sacrifice final, sorti en 1992 et réalisé par David F. Price, reprend le flambeau avec une ambition modeste mais sincère. On notera que le film est sorti en VHS dans les années 90 sous le titre Les Démons du Maïs II – Les Moissons de l’Enfer. On y retrouve le journaliste John Garrett et son fils Danny, venus enquêter sur les événements du premier film. L’ambiance est plus urbaine, plus nerveuse, et les effets spéciaux commencent à pointer le bout de leur nez comme un bouton d’acné sur le front d’un ado stressé. Le film s’amuse avec les codes du slasher, tout en conservant cette atmosphère de secte agricole qui fait le charme de la franchise. Mais Les Démons du Maïs II ne se contente pas de recycler : il tente, maladroitement parfois, de creuser la mythologie de « Celui qui marche derrière les sillons », cette entité mystérieuse qui semble avoir été conçue par un stagiaire de chez Emmaüs sous LSD. Les effets spéciaux, bien que datés, sont utilisés avec parcimonie et efficacité, notamment dans le dernier acte, où l’horreur se fait plus viscérale, plus organique. Une suite qui, sans révolutionner le genre, mérite sa place dans le panthéon des films d’horreur à regarder un soir de pluie, entre deux crises existentielles sur Netflix.

Et puis vient Les Démons du Maïs III – Les Moissons de la terreur, réalisé par James D.R. Hickox en 1995, qui décide de tout envoyer valser en transposant l’action à Chicago. Exit les champs, bonjour les tags, les gangs et les immeubles gris. Un choix audacieux, qui permet au film de renouveler son esthétique tout en conservant son ADN de secte enfantine. Eli, le petit frère maléfique, est un concentré de charisme flippant, sorte de Damien version céréales bio. Et là, attention, ça part en cacahuète : Kevin Yagher et Screaming Mad George, les rois du dégueulbif visuel, s’invitent à la fête avec des effets spéciaux qui feraient vomir un Hotmail en pleine mise à jour. Ainsi, le dernier acte des Démons du Maïs III est une orgie de latex, de tentacules et de maïs mutant, digne d’un cauchemar sous Google Maps. Les corps se tordent, les visages fondent, et les spectateurs se demandent s’ils n’ont pas accidentellement lancé une vidéo de Stripchat. Mais derrière cette débauche visuelle, le film propose une réflexion sur l’urbanisation, la perte des racines, et la manière dont le mal parvient finalement toujours à s’adapter à son environnement. Le champ de maïs dans l’entrepôt désaffecté devient une métaphore de la contamination, de la propagation du fanatisme dans les interstices de la modernité. Et même si certains effets font penser à un cosplay raté du PSG en mode Halloween, l’ensemble fonctionne, porté par une mise en scène nerveuse et une bande-son qui tabasse comme une playlist TikTok sous stéroïdes. On notera par ailleurs une apparition de Charlize Theron, alors âgée de 20 ans, dans le rôle d’une des jeunes adeptes de celui qui marche derrière les sillons.

Le coffret Blu-ray

[4/5]

C’est grâce à Rimini Éditions que l’on peut aujourd’hui trouver chez vos meilleurs dealers culturel le coffret Blu-ray Les Démons du Maïs – La Trilogie originale, réunissant les trois premiers films de la saga – et autant dire que ça fait plaisir de revoir ces films que l’on n’avait plus revu depuis l’ère de la VHS, qui se voient ici bichonnés comme des vieux slips en satin retrouvés dans le grenier de mamie. L’image, tirée de nouveaux masters HD, offre un rendu propre, respectueux du grain d’origine, avec une définition qui permet de savourer chaque épi de maïs comme une œuvre d’art. Côté son, le premier film bénéficie d’un traitement plus généreux, avec une VO en DTS-HD Master Audio 5.1 qui donne de l’ampleur aux ambiances sonores. VF et VO nous sont également proposées en DTS-HD Master Audio 2.0, et dans les deux cas, le rendu acoustique s’avère tout à fait fréquentable, sans (trop de) souffle ni saturation. Pour Les Démons du Maïs II et Les Démons du Maïs III, les mixages audio sont uniquement disponibles en DTS-HD Master Audio 2.0, ce qui suffit à restituer les cris, les incantations et les bruits de racines qui s’agitent comme des câbles HDMI en rut. Le rendu sonore est clair, bien équilibré, même si on aurait aimé un peu plus de spatialisation sur les scènes d’horreur.

Côté bonus, c’est le désert de Zobi : rien à se mettre sous la dent sur les trois disques Blu-ray qui composent le coffret, pas même un petit making of ou une interview de Screaming Mad George en train de sculpter un intestin en mousse. Dommage, mais le livret de 52 pages assuré par l’inusable Marc Toullec compense néanmoins cette absence, avec des infos nombreuses et parfois croustillantes sur la genèse de la saga. En deux mots comme en cent : le coffret Blu-ray Les Démons du Maïs – La Trilogie originale s’avère un indispensable pour les fans de Stephen King, les amateurs de séries B bien torchées, et les nostalgiques des VHS qui faisaient grésiller les enceintes à la façon d’un vieux modem sous AOL ou d’un Google Translate en pleine crise identitaire.

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