Test Blu-ray : L’enquête corse

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L’enquête corse

 
France : 2004
Titre original : –
Réalisation : Alain Berbérian
Scénario : Christian Clavier, Michel Delgado
Acteurs : Christian Clavier, Jean Reno, Caterina Murino
Éditeur : Gaumont
Durée : 1h32
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 6 octobre 2004
Date de sortie DVD/BR : 11 septembre 2019

 

Détective parisien branché s’estimant aussi irrésistible avec les femmes que dans le business, Rémi François alias Jack Palmer a finalement accepté la mission que vient de lui confier un obscur petit notaire de province : retrouver Ange Léoni, un citoyen corse introuvable qui a hérité d’un confortable pactole…

 


 

Le film

[3/5]

La comédie, qu’elle soit française ou en provenance d’autres pays, possède une particularité assez unique par rapport à d’autres genres cinématographiques : celle d’être inconstante dans l’esprit des spectateurs. Ainsi, certains films auront beau avoir réalisé des millions d’entrées dans les salles obscures au moment de leur sortie, ils s’avéreront pourtant complètement oubliés quelques années plus tard, comme s’ils avaient été effacés de la mémoire collective. Prenons un exemple : vous vous souvenez de quelques-uns des longs-métrages qui composent la filmographie d’Aldo Maccione ? Pourtant, entre 1981 et 1984, quatre de ses films ont dépassé le million d’entrées, avec même un pic à 3,2 millions pour Plus beau que moi tu meurs. Les films mettant en scène isolément les membres de la troupe du Splendid sont bien partis pour prendre le même chemin. Je vais craquer (1980), Viens chez moi j’habite chez une copine (1981), Les hommes préfèrent les grosses (1981), Ma femme s’appelle reviens (1982), Le quart d’heure américain (1982), Signes extérieurs de richesse (1983), Circulez y’a rien à voir (1983), Le garde du corps (1984), Twist again à Moscou (1986), La soif de l’or (1993)… Autant de films ayant flirté avec le million de spectateurs en France, l’ayant même parfois largement dépassé, et qui, aujourd’hui, semblent complètement retombés dans l’oubli. L’enquête corse n’en est pas encore tout à fait arrivé à ce stade, probablement parce qu’il n’a que quinze ans, mais il en prend petit à petit le chemin.

Et pourtant, lors de sa sortie en 2004, le film du regretté Alain Berbérian avait tout de même réuni 2,6 millions de français dans les salles. L’enquête corse représentait la cinquième collaboration entre Christian Clavier et Jean Reno en têtes d’affiche, après L’opération corned beef et trois opus des Visiteurs : autant dire que le public français aime à retrouver le face à face de ces deux personnalités opposées. Cependant, cette fois, les ressorts comiques du film ne seront pas spécialement liés à la confrontation des deux acteurs : il s’agit en effet ici de l’adaptation d’une bande dessinée de Pétillon suivant une aventure de Jack Palmer, et les gags viendront plutôt des interactions entre le personnage principal (Clavier) et les autochtones. Le ton est à la caricature bien sûr, mais l’ensemble est très amusant, et dresse un état des lieux attachant et assez fidèle de la société corse. Du moins durant la première partie du film, qui s’avère la plus fidèle à l’œuvre de René Pétillon, car par la suite, et afin de recréer à l’écran une dynamique forte entre les personnages de Palmer (Clavier) et d’Ange Leoni (Reno), les scénaristes ont pris la décision d’ajouter une sœur à Ange Leoni, absente de la bande dessinée. Bien sûr, la jeune femme (incarnée par Caterina Murino, mais doublée par Juliette Degenne) tombera sous le charme de ce tombeur de Clavier, ce qui créera de fait les fameux quiproquos attendus par le public, dans le sens où ils généreront une série de confrontations musclées et cocasses entre les deux acteurs – source de gags inépuisable et déjà au centre de leurs films précédents.

Au final, il y a au cœur de L’enquête corse quelques lignes de dialogues terriblement acérées, ainsi qu’une poignée de séquences réellement excellentes, la palme allant bien sûr à la confrontation entre les différents groupes d’indépendantistes et la gendarmerie lors de l’enlèvement de Palmer. Ainsi, les passages du film les plus savoureux sont directement tirés de la bande dessinée ; dans les passages expressément créés par Christian Clavier et Michel Delgado, co-scénaristes du film, c’est moins réussi, même si l’ensemble s’avère au final parfaitement fréquentable. Cependant, contrairement à des films devenus de véritables « classiques » de la comédie française (on pense surtout à L’opération corned beef et au premier épisode des Visiteurs), L’enquête corse ne fait pas dans la suite effrénée et ininterrompue de gags : le rythme est plus lent, et l’humour en majeure partie verbal, à chercher dans les dialogues et les réparties – voilà à coup sûr la raison qui expliquera le relatif oubli dans lequel le film de Berbérian est rapidement retombé.

 

 

Le Blu-ray

[4/5]

Déjà sorti sur format Blu-ray en 2010, L’enquête corse s’offre aujourd’hui une remise au goût du jour, les standards en termes de Haute-Définition ayant considérablement évolué depuis les balbutiements du support. Le film intègre donc ce mois-ci la vingt-neuvième vague de la collection Blu-ray Découverte de chez Gaumont (aussi appelée Gaumont découverte en Blu-ray) dans un tout nouveau master, et ce dernier s’avère – sans surprise – absolument satisfaisant. Ce nouveau Blu-ray rend pleinement justice à la photo du film signée Pascal Gennesseaux. Le piqué est précis, les couleurs – et notamment les noirs – affichent une profondeur et un punch à toute épreuve, et la galette ne souffre d’aucune pétouille de compression. Côté son, la piste en DTS-HD Master Audio 5.1 s’avère redoutablement efficace dans sa spatialisation, et les basses sont littéralement tonitruantes. On notera par ailleurs que le film est également proposé dans un mixage DTS-HD Master Audio 2.0, sans doute plus cohérent et équilibré si vous visionnez le film sans système de « Home Cinema ».

Du côté des bonus, Gaumont recycle les suppléments déjà disponibles sur le DVD de 2005, en définition standard, et tantôt en 16/9, tantôt en 4/3. On commencera donc avec un court entretien avec Caterina Murino, bizarrement intitulé « Préliminaires ». Elle évoquera quelques-uns de ses souvenirs de tournage ; on notera que c’est la seule fois où l’on aura la possibilité d’entendre sa voix, puisqu’elle est doublée dans le film. On continuera ensuite avec un making of (26 minutes), essentiellement axé sur le fait que Berbérian est son équipe ont fait appel à énormément de « locaux » pour la figuration et les seconds-rôles de L’enquête corse. On aura également droit à une courte série de scènes coupées, proposées avec un commentaire audio optionnel du réalisateur, ainsi qu’à un bêtisier pas forcément indispensable. Plus intéressant, le sujet intitulé « De la BD au film » revient sur le travail d’adaptation de la bande dessinée (12 minutes) : les interventions de René Pétillon, Christian Clavier et Michel Delgado sont souvent très pertinentes. Modeste et lucide, Pétillon évoquera notamment son sentiment sur le film, et sur ses scènes préférées. Enfin, outre la traditionnelle bande-annonce, l’éditeur nous propose également un entretien avec Alexandre Desplat, compositeur de la musique du film (12 minutes), qui reviendra sur ses influences et ses méthodes de travail. L’interview est menée par Alain Berbérian, qui en profite pour louer la qualité du travail de son collaborateur.

 

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