Test Blu-ray : L’Appel de la chair

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L’Appel de la chair

Italie : 1971
Titre original : La notte che Evelyn uscì dalla tomba
Réalisation : Emilio Miraglia
Scénario : Fabio Pittorru, Massimo Felisatti, Emilio Miraglia
Acteurs : Anthony Steffen, Marina Malfatti, Enzo Tarascio
Éditeur : Artus Films
Durée : 1h43
Genre : Thriller, Giallo
Date de sortie cinéma : 1 octobre 1972
Date de sortie DVD/BR : 7 septembre 2021

Depuis la mort de son épouse Evelyn, Alan Cunningham, un lord anglais, voit sa santé mentale s’effondrer. Il passe son temps à se livrer à des jeux sadomasochistes avec des prostituées dans son château en ruines. Un jour, il rencontre la belle Gladys, sosie parfait d’Evelyn. Il la demande en mariage et la fait venir vivre au château. Peu à peu, il devient alors victime d’hallucinations, hanté par le fantôme de se première femme…

Le film

[3,5/5]

Giallo coécrit et réalisé par Emilio Miraglia, L’Appel de la chair est sorti sur les écrans italiens à l’été 1971, soit environ un an et demi après L’Oiseau au plumage de cristal. Le fait que le film de Miraglia soit sorti dans le sillage immédiat du Giallo fondateur de Dario Argento explique sans doute en partie les libertés qu’ont pu prendre les auteurs de L’Appel de la chair par rapport aux formes, motifs et codes naissants du genre. En effet, loin d’être un énième Giallo archétypal, le film d’Emilio Miraglia développe au contraire une certaine originalité, une fraîcheur qui tend à le rendre, cinquante ans plus tard, beaucoup plus « imprévisible » que la plupart des giallos qui seront tournés après lui, et qui donnaient parfois l’impression de s’appliquer à suivre – un peu trop sagement – le cahier des charges du genre.

L’Appel de la chair nous étonnera donc dès son introduction, en mettant en scène dès le départ une scène de meurtre, perpétrée non pas par un tueur masqué mais par un personnage de tueur froid et méthodique, malade mais ayant le souci du détail : il changera par exemple ses plaques d’immatriculation afin de ne pas être repéré. On apprendra rapidement par la suite que l’homme, qui vient de céder à ses pulsions homicides en tuant une prostituée est un aristocrate respecté de son entourage nommé Alan (Anthony Steffen). Pire encore : son médecin Richard (Giacomo Rossi Stuart) est au courant des crimes commis par Alan, et le protège. Cette propension à pointer du doigt des notables décadents pouvant commettre tous les crimes dans la plus totale impunité est assez typique du fantastique européen des années 70, et en particulier du Giallo.

Ce qui est moins habituel au sein du genre, c’est le fait de ne pas opter pour le schéma narratif du « whodunit » : le spectateur connaît donc l’identité du tueur dès les premières minutes de L’Appel de la chair. Un meurtre, deux meurtres de prostituées courant à poil dans les bois entourant le château, puis c’est la rencontre : avec Gladys (Marina Malfatti), qui se trouve être le sosie d’Evelyn, la défunte femme d’Alan, qui l’obsède littéralement. Il l’épouse, et dans les jours qui suivent leur mariage, des phénomènes étranges commencent à se produire : un verre de lait disparaît, on aperçoit une femme rousse dans le château… Et L’Appel de la chair de verser tout à coup dans le fantastique pur, par ailleurs servi par une facture formelle époustouflante (Scope superbe, photo à tomber). La musique de Bruno Nicolai apporte encore une touche d’ambiance et d’étrangeté supplémentaire.

De là, bien sûr, les meurtres commenceront à s’enchaîner dans l’entourage d’Alan et de sa femme, et le whodunit reprendra ses droits ; le tueur est-il devenu une victime ou continue-t-il d’agir dans l’ombre ? A moins bien sûr qu’il ne s’agisse vraiment du fantôme d’Evelyn ? La réponse ne sera pas aisée à déterminer, d’autant que dans son deuxième acte, L’Appel de la chair navigue à vue, nous proposant de nous plonger alternativement dans la réalité et dans les fantasmes d’Alan. Les rebondissements et retournements de situations s’enchaînent sur un rythme soutenu, et l’ombre d’un récit de machination à la Hitchcock plane également au-dessus du film d’Emilio Miraglia, qui s’impose en tous les cas comme une sacrée curiosité, à découvrir au plus vite !

Le Blu-ray

[4/5]

C’est sous les couleurs de Artus Films que réapparaît donc ce mois-ci L’Appel de la chair, qui nous arrive dans un combo Blu-ray + DVD proposé dans un beau Digibook surmonté d’un fourreau cartonné. Côté transfert Haute-Définition, cette édition Blu-ray nous permettra de découvrir le film dans les meilleures conditions possibles : les contrastes et couleurs sont bien gérés, la copie est d’une belle stabilité, et l’ensemble est proposé en 1080p. Du côté de la définition et du piqué à proprement parler, certains plans passeront mieux que d’autres, et dans l’ensemble, il s’agit d’un travail assez magnifique. Côté son, VF et VO sont proposées en DTS-HD Master Audio 2.0 mono d’origine. Les deux pistes audio ne posent pas de problème particulier, sauf peut-être quelques aléatoires et légères variations de volume.

Dans la section suppléments, on trouvera une intéressante présentation du film par Emmanuel Le Gagne (22 minutes). Comme d’habitude, ce dernier nous livrera une bonne remise en contexte, en revenant sur la filmographie d’Emilio Miraglia, le casting ainsi que les décors, et l’importance que ces derniers, qui accentuent l’ambiance grâce à leur « héritage » gothique. On terminera le tour des bonus avec une galerie de photos ainsi que la traditionnelle bande-annonce.

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