Test Blu-ray : L’Ambulance

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2010

L’Ambulance

États-Unis : 1990
Titre original : The Ambulance
Réalisation : Larry Cohen
Scénario : Larry Cohen
Acteurs : Eric Roberts, James Earl Jones, Megan Gallagher
Éditeur : Extralucid Films
Durée : 1h36
Genre : Thriller, Fantastique
Date de sortie cinéma : 5 juin 1991
Date de sortie DVD/BR : 23 mars 2022

Josh Baker, dessinateur de BD new-yorkais repère un jour la fille de ses rêves dans la rue. Prise d’un malaise, elle s’écroule. Voulant lui prêter assistance, Josh voit surgir une ambulance d’une autre époque qui embarque la jeune fille. Espérant la retrouver, Josh découvre qu’elle n’a été admise dans aucun hôpital de la ville…

Le film

[4/5]

Sorti sur les écrans français en 1991, L’Ambulance fait partie de ces quelques rares bandes de série B des années 90 sur lesquelles le temps ne semble avoir absolument aucune emprise. D’une générosité sans bornes, le film s’impose rapidement comme un thriller en mode « comic book », très orienté action et enchaînant les péripéties et les scènes d’action à une telle vitesse qu’il est rigoureusement impossible de s’ennuyer. Il est en ce sens comparable à quelques-uns de ses contemporains ayant marqué la mémoire des cinéphiles issus de la génération VHS – on pense à des films tels que TimeBomb (Avi Nesher, 1991), Nemesis (Albert Pyun, 1992), Chasse à l’homme (John Woo, 1993), Que la chasse commence (Ernest Dickerson, 1994) ou encore Rage (Joseph Merhi, 1995).

Si tous ces petits films ont films ont résisté aux années avec une pêche incroyable, beaucoup cependant sont malheureusement un peu retombés dans l’oubli. Heureusement, une petite poignée d’éditeurs français semble encore bel et bien motivée à prouver aux cinéphiles que certains films des années 90 valaient le coup d’être découverts. On ne peut ici que saluer Extralucid Films, qui est allé exhumer pour notre plus grand plaisir L’Ambulance, qui s’impose comme un des chefs de file de cette race de films d’action de pur divertissement, ne cherchant rien d’autre que de donner du plaisir au spectateur par le biais d’une intrigue sous forte perfusion de bande dessinée, allant constamment de l’avant et jouant clairement la carte de l’accumulation effrénée de péripéties.

Et à ce petit jeu, il faut avouer que Larry Cohen, qui assure ici le scénario et la réalisation de L’Ambulance, est très fort. On a déjà affirmé sur critique-film tout le bien que l’on pensait du regretté Larry Cohen : une figure majeure de la série B américaine, ayant offert au cinéma de genre des années 70/80 certaines de ses perles les plus mémorables. Surtout réputé pour ses talents de scénariste, Cohen avait cependant endossé à quelques reprises la casquette de réalisateur afin d’illustrer à l’écran les délires les plus fous de son esprit ô combien créatif. Bébé mutant très enclin au meurtre, dragon volant s’attaquant à New York, yahourt vorace dévorant les êtres humains… L’imagination de Larry Cohen semblait ne connaître aucune limite.

Avec L’Ambulance, Larry Cohen soulève cette fois une question que tous les habitants de la jungle urbaine ont pu se poser au moins une fois : qu’advient-il de ces personnes que vous voyons parfois être victimes de malaises dans les rues de la ville, une fois que ceux-ci ont été pris en charge par une ambulance venue de nulle-part, et repartie vers on-ne-sait-où dans un déluge de sirènes beuglantes et de lumières rouges ? Parfois classé dans la catégorie des films fantastiques, L’Ambulance joue, il est vrai, avec cette peur de l’inconnu qui tiraille tous les êtres humains lorsque leur vie est en danger. Cependant, s’il y a horreur dans le film de Larry Cohen, celle-ci ne repose pas tellement sur des éléments surnaturels, mais plutôt sur la nature humaine en elle-même.

Cette nature humaine qui pousse un médecin chtarbé incarné par Eric Braeden (surtout connu pour le rôle de Victor Newman, qu’il incarne depuis 1980 dans Les Feux de l’amour) à expérimenter sur des êtres humains dans la plus totale impunité. Mais c’est la même nature humaine qui finira par pousser Joshua (Eric Roberts), un dessinateur travaillant chez Marvel Comics aux côtés de Stan Lee, à plonger dans l’obsession pure et simple lorsqu’une ambulance partira avec la femme qu’il venait de rencontrer. Voici donc pour les prémisses de L’Ambulance, qui se révélera un film pop-corn à la fois sombre, parano et vraiment divertissant.

L’intrigue de L’Ambulance repose, essentiellement, sur le personnage de Joshua, qui semble être le mec le plus entêté et le plus persévérant qui soit. Au début du film, on le voit rencontrer une jeune femme qui s’effondre en pleine rue suite à une crise de diabète ; elle est emmenée par une ambulance tendance rétro, une Cadillac évoquant celle des casseurs de fantômes dans le film S.O.S. Fantômes. Josh se promet de lui rendre visite, et débarque à l’hôpital un bouquet de fleurs à la main. Pas de trace de la jeune femme. Josh vérifie tous les hôpitaux de New York : sans succès. Soyons honnête : si à ce stade, le commun des mortels aurait probablement lâché l’affaire, Josh s’entête. Il dessine un portrait de la jeune femme et cherche sur le trajet de son travail des gens qui pourraient la connaître. Il fait appel à la police de New York également, et tombe sur le lieutenant Spencer (James Earl Jones), un original qui sera une des cautions comiques – d’ailleurs assez efficaces – du film durant sa première moitié.

Peu à peu, sa quête paranoïaque finira par porter ses fruits, et il trouvera même quelques alliés inattendus en la personne d’un ex-journaliste à la retraite rencontré à l’hôpital (Red Buttons) et d’une femme-flic plutôt tenace, incarnée par Megan Gallagher, future femme de Frank Black dans la série Millennium. Son périple le mènera à travers toute la ville, des coins les plus interlopes aux décharges publiques, remettant souvent en question son état psychique, et il finira par découvrir une sombre machination. Bien construit, sombre et régulièrement amusant grâce à sa galerie de personnages excentriques, L’Ambulance déroule son intrigue de façon relativement linéaire, mais conserve tout du long une spectaculaire efficacité. A (re)découvrir !

Le Blu-ray

[4,5/5]

Inédit en France depuis son exploitation sur support VHS chez Antarès & Travelling il y a une trentaine d’années, L’Ambulance arrive donc aujourd’hui chez Extralucid Films, dans une superbe édition Blu-ray s’affichant dans un superbe Digipack 2 volets surmonté d’un fourreau. Le film de Larry Cohen, qui est auréolé d’une réputation de film-culte trop méconnu, intègre donc aujourd’hui la riche collection « Extra Culte » de l’éditeur, dédiée aux pépites du cinéma de genre. Il porte sur sa tranche le numéro Extra Culte #9.

Côté master, c’est du très beau travail technique que nous propose Extralucid : la définition ne pose pas le moindre problème, le piqué est précis, les couleurs sont chaudes et naturelles, et la préservation du grain cinéma a semble-t-il fait l’objet d’un soin tout particulier de la part de l’éditeur. Cette granulation un peu « roots » fait d’ailleurs partie intégrante de la patine et du charme du cinéma des années 90. Extralucid a par ailleurs fait le choix – judicieux – d’opter pour un encodage en 1080p respectant le défilement cinéma, et on l’en félicite chaleureusement. Côté son, la version française d’origine côtoie naturellement la version originale dans le menu. VF et VO nous sont proposées en DTS-HD Master Audio 2.0, et les deux mixages proposent des dialogues clairs, même si la version française souffre d’un léger souffle. Le doublage français du film est assuré, entre autres, par Nicolas Marié (voix française de Denis O’Hare), Sady Rebbot (voix de Shaft), Céline Monsarrat (Bulma dans Dragon Ball, Julia Roberts, Lea Thompson dans Retour vers le futur) ou encore Caroline Beaune, qui fut la voix française de Gillian Anderson dans la série X-Files – Aux frontières du réel jusqu’à sa mort en 2014.

Du côté des suppléments, on trouvera tout d’abord une présentation du film par Christophe Lemaire (24 minutes). Il y reviendra sur les méthodes de Larry Cohen, sur l’idée de départ du film, ou encore sur l’ambulance du film, qu’il affirme être une Pontiac. On tablerait quant à nous plutôt sur une Cadillac, mais après tout, il s’agit de deux marques « cousines » appartenant toutes deux à General Motors. Il déclarera que L’Ambulance est le plus gros succès de Larry Cohen, puis élargira au reste de la carrière du scénariste / réalisateur. Il terminera enfin en évoquant le casting du film : Eric Roberts, Red Buttons, James Earl Jones. On continuera ensuite avec une Masterclass avec Larry Cohen (35 minutes), enregistré à l’occasion de l’édition 2013 du NIFFF. Larry Cohen y reviendra, non sans humour, sur la marche à suivre afin de réaliser un film. Il reviendra entre autres sur sa méthode d’écriture, ainsi que sur les mécanismes subconscients de l’écriture. Dans la deuxième moitié du sujet, il abordera ses débuts à la télévision, ses films ainsi que ses relations avec les studios. On terminera le tour des suppléments avec la traditionnelle bande-annonce. Pour vous procurer cette édition Blu-ray Collector, rendez-vous sur le site de l’éditeur Extralucid Films.

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