Test Blu-ray : La garçonnière

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La garçonnière

 
États-Unis : 1960
Titre original : The apartment
Réalisation : Billy Wilder
Scénario : Billy Wilder, I.A.L. Diamond
Acteurs : Jack Lemmon, Shirley MacLaine, Fred MacMurray
Éditeur : Rimini Éditions
Durée : 2h05
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 16 septembre 1960
Date de sortie DVD/BR : 28 février 2018

 

 

C.C. Baxter, anonyme employé d’une gigantesque société d’assurances, prête son appartement comme garçonnière à son supérieur. Ce geste lui vaut une promotion mais aussi des ennuis. En effet, le soir de Noël, il découvre chez lui la charmante liftière d’ascenseur de la comédie qui a tenté de se suicider par désespoir…

 

 

Le film

[5/5]

Deuxième collaboration entre Billy Wilder et le scénariste I.A.L. Diamond, La garçonnière est un film construit en deux temps, divisés de façon quasi-égale. Durant la première moitié du récit (et la première heure de film) Wilder et Diamand s’échinent à développer une satire sociale féroce, brocardant sans pitié l’hypocrisie des mœurs de l’Amérique de la fin des années 50. Exploitant de façon habile le concept de départ (celui d’un appartement servant aux employés volages et devenant, pour le héros du film, la clé d’une inattendue réussite sociale), le film n’épargne rien ni personne, mettant tous les mâles à un même niveau de calcul et d’hypocrisie. Chacun use et abuse de sa position sociale et des faiblesses du système pour obtenir ce qu’il veut, et aucun des protagonistes de La garçonnière ne trouve réellement grâce aux yeux des auteurs du film. Aucun, sauf un – car au cœur de cet univers corrompu et veule décrit par Billy Wilder et I.A.L. Diamond avec le plus réjouissant des cynismes existe une oasis de fraicheur, d’humour et de spontanéité, se laissant uniquement guider par son cœur… pour le meilleur et pour le pire : il s’agit bien sûr du personnage de l’hôtesse d’ascenseur Miss Kubelik, incarné par une Shirley MacLaine alors âgée de 25 ans et trouvant ici l’un des meilleurs rôles de toute sa carrière.

C’est également par l’intermédiaire de ce personnage que le film prendra, à mi-parcours, un virage dramatique inattendu, plus sombre et faisant intervenir de façon assez brusque le « réel » dans un univers jusqu’ici plutôt dominé par la satire. Habile, Wilder fera naitre par petites touches une histoire d’amour entre les deux personnages principaux ; si le cinéaste économise ses effets, les scènes s’enchaînent avec une fluidité de tous les instants et les enjeux dramatiques sont amenés au spectateur avec une finesse extraordinaire, faisant naitre l’émotion là où, finalement, on s’y attend le moins. A mi-chemin entre la comédie pure et le drame, toujours aussi moderne et aussi finement observé près de soixante ans après sa sortie, La garçonnière s’impose sans peine comme un des films les plus majeurs au sein de l’œuvre, déjà très riche, de Billy Wilder : un chef d’œuvre à voir et à revoir sans modération, ne serait-ce que pour l’interprétation haute en couleurs de Jack Lemmon.

 

 

Le Blu-ray

[4,5/5]

Faisant partie des films les plus connus et les plus attendus des cinéphiles au cœur de la riche filmographie de Billy Wilder, La garçonnière débarque enfin en France sur support Blu-ray, sous les couleurs de Rimini Éditions, et se voit accompagné de nombreux suppléments inédits et d’un livret de 32 pages intitulé « La clé de la réussite ». Le film a visiblement été restauré, et bénéficie d’un joli upgrade HD. Certes, le master n’est pas encore parfait (les contrastes semblent avoir été un poil trop boostés, et le piqué manque probablement un peu de précision), mais la restauration est bien réelle, nous proposant un joli rendu argentique, préservant le grain d’origine et le défilement cinéma en 24 images par seconde (1008p). Quelques plans, essentiellement nocturnes, marquent également quelques légères baisses de régime, mais le boulot a été fait -et bien fait- pour que nous puissions redécouvrir le film dans les meilleures conditions possibles. Du côté des enceintes, la VO anglaise nous est proposée en DTS-HD Master Audio 2.0, mais également dans un remixage DTS-HD Master Audio 5.1, essentiellement frontal, préservant bien heureusement l’esprit du film. La version française d’origine a été retrouvée par les équipes de Rimini, et se voit proposée en DTS-HD Master Audio 2.0, en mono évidemment. Cette dernière parait par instants vaguement étouffée, et on notera quelques craquements disgracieux, mais dans l’ensemble, on s’en contentera parfaitement, d’autant que l’on pourra se régaler du doublage français délicieusement suranné, et assuré entre autres par Roger Carel.

Dans la section suppléments, Rimini Éditions fait très fort avec un panel de bonus très intéressant, revenant sur de nombreux aspects de la production du film. On commencera avec le plus « générique » d’entre eux : le documentaire intitulé « A l’intérieur de La Garconnière » est un making of rétrospectif très rythmé revenant principalement sur le côté terriblement sulfureux que pouvait avoir le film au moment de sa sortie. On continuera avec une featurette consacrée à Jack Lemmon, et surtout à ses films tournés aux côtés de Billy Wilder. Ces deux sujets étaient disponibles à l’origine sur le Blu-ray édité par MGM aux États-Unis. On continuera avec un entretien avec la comédienne Hope Holiday (qui incarne Mrs. MacDougall dans le film) dans lequel elle reviendra sur sa brève carrière ainsi que sur son expérience de tournage aux côtés de Jack Lemmon. On aura ensuite également droit à une brève analyse de la relation entre Jack Lemmon et Billy Wilder dans le sujet intitulé « Le couple imparfait », qui ne revient pas uniquement sur La garçonnière mais sur l’intégralité de leur filmographie en commun, et ceci sans la moindre langue de bois. Ces deux sujets étaient disponibles à l’origine sur le Blu-ray édité par Arrow aux Royaume-Uni. Enfin, nous aborderons des suppléments inédits et produits en France par les équipes de Rimini Éditions. Le premier est un entretien avec Didier Naert, peintre et architecte, qui revient sur la carrière d’Alexandre Trauner, directeur artistique et décorateur du film. Riche, documenté et très complet, c’est un retour bienvenu sur la carrière d’un artiste encore trop peu connu de nos jours. Le deuxième sujet 100% français consiste en une intéressante conversation entre Mathieu Macheret et Fréderic Mercier, respectivement journalistes pour Le Monde et Transfuge, qui remettent le film dans son contexte de tournage et en proposent au final une analyse complète et assez fine. On notera également un élément très inhabituel dans ce genre de sujet : ses auteurs ont tenté d’insuffler à l’ensemble un certain dynamisme en ne proposant pas les habituels plans fixes, mais de très légers zooms assez élégants, et finalement plutôt payants, même s’ils ont un peu de quoi déstabiliser le spectateur au premier abord. Enfin, on terminera avec la traditionnelle bande-annonce du film.

 

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