Test Blu-ray : La colère d’un homme patient

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La colère d’un homme patient

 
Espagne : 2016
Titre original : Tarde para la ira
Réalisateur : Raúl Arévalo
Scénario : Raúl Arévalo, David Pulido
Acteurs : Antonio de la Torre, Luis Callejo, Ruth Díaz
Éditeur : ARP Sélection
Durée : 1h32
Genre : Thriller
Date de sortie cinéma : 26 avril 2017
Date de sortie DVD/BR : 3 octobre 2017

 

 

Un homme attend huit ans pour se venger d’un crime que tout le monde a oublié…

 

 

Le film

[4/5]

Le « revenge movie », également appelé film de vengeance, est un sous-genre cinématographique qui, à l’image de son cousin germain le « vigilante » (ou film d’auto-défense), met le doigt sur certaines questions sensibles, et prônant la plupart du temps le règlement immédiat de certains problèmes sociétaux par les citoyens eux-mêmes, usant de méthodes pour le moins directes à l’écart de la police et de la justice. Difficulté de faire le deuil d’un proche, inertie ou incapacité d’agir de la part des autorités, peine de mort et loi du talion, sentiment d’injustice, préméditation sans pitié… Ces thèmes délicats à aborder sont au centre d’un genre souvent considéré comme réactionnaire, voire même d’extrême-droite. Mais les différents changements de la société et la métamorphose de l’environnement urbain à travers le monde entier nous ont offert des exemples de « revenge movies » en provenance de très nombreux pays depuis les années 70.

La colère d’un homme patient est donc un représentant du genre nous venant d’Espagne. Et d’entrée de jeu, on ne pourra que se révéler surpris de la pluie de récompenses qu’a reçu le film de Raúl Arévalo, ayant remporté –entre autres– quatre Goya, dont celui du meilleur film. En France, le dernier « revenge movie » notable nous revenant en mémoire était le très efficace Contre-enquête (2007), qui marquait les débuts (autant que les limites) de Jean Dujardin en tant qu’acteur « sérieux » et qui, malgré ses nombreuses qualités et un joli petit succès en salles (960.000 entrées), n’avait pas obtenu l’ombre d’une nomination, aux César ou ailleurs. On applaudit donc les hautes instances du cinéma espagnol d’avoir osé récompenser un film dont le fond pourra ne pas plaire à tout le monde.

Et à la découverte du film, on ne pourra que se ranger de leur côté – La colère d’un homme patient est en effet une petite merveille de polar rugueux et désespéré. Collant aux basques d’un personnage aussi sombre que déterminé, incarné par un Antonio de la Torre en état de grâce, le film de Raúl Arévalo jongle avec ses thématiques de façon subtile, de façon à ce que le spectateur saisisse les déchirements de cet homme ayant fomenté sa vengeance pendant huit ans, et que rien ne pourra le détourner de la voie qu’il s’est tracé. On vit littéralement avec lui, on « sent » presque physiquement ses hésitations, et la haine stérile qu’il entretient en regardant en boucle les vidéos de surveillance ayant filmé la mort de sa compagne quelques années auparavant. Sobre et implacable, la réalisation de Raúl Arévalo passe des passages les plus poignants aux éclairs de violence avec un talent fou, évitant d’impliquer le spectateur outre mesure dans cette cavale mortelle.

Et c’est cette distance qui permet au film de trouver son ton, tout à fait personnel, fort éloigné de la fébrilité d’autres références récentes du genre, telles que The horseman (2008) ou Death sentence (2007), qui suivaient le plus souvent un homme seul dans sa quête contre des criminels présentés comme de véritables salopards dénués de remords. A contrario, La colère d’un homme patient ne juge pas, et réussit même le tour de force de présenter les auteurs du crime sous un jour plus « humain » que le personnage principal : une façon assez inédite de prendre le genre « à l’envers », à rebrousse-poil. Une belle réussite et une nouvelle référence immédiate du genre.

 

 

Le Blu-ray

[4/5]

Côté Blu-ray, ARP Sélection nous offre comme à son habitude une galette de très haute volée : la jolie photo du film est magnifiée par un master sans faille, avec une définition et un piqué à toute épreuve. Le grain argentique très prononcé, collant parfaitement au propos « rugueux » du métrage, est respecté à la lettre, les quelques scènes nocturnes sont bien gérées, bref c’est un sans-faute côté image. Comme côté son d’ailleurs, puisque le mixage DTS-HD Master Audio 5.1 balance la purée avec puissance et dynamisme, en VF comme en VO. La spatialisation a été bien travaillée,  et les scènes « mouvementées » comme les scènes plus posées proposent une solide immersion au cœur du film.

Du côté des bonus, on ne trouvera rien pour cette fois, outre la traditionnelle bande-annonce du film. Dommage, on aurait aimé en savoir plus sur la conception du film, et même sur sa réception auprès du public espagnol.

 

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