Test Blu-ray : King Kong (1933)

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King Kong

États-Unis : 1933
Titre original : –
Réalisateur : Merian C. Cooper, Ernest B. Schoedsack
Scénario : James Ashmore Creelman, Ruth Rose, Merian C. Cooper, Edgar Wallace, Leon Gordon
Acteurs : Fay Wray, Robert Armstrong, Bruce Cabot
Éditeur : Warner Bros.
Durée : 1h40
Genre : Thriller, Fantastique
Date de sortie cinéma : 29 septembre 1933
Date de sortie DVD/BR : 14 octobre 2015

 

 

Une équipe de tournage filme un safari sur la mystérieuse île de Kong et découvre un gigantesque singe qu’elle fini par capturer. Le monstre est ramené à New York pour être présenté dans un cirque mais il s’échappe dans la ville. Le summum du film de monstres et un des films les plus populaires jamais réalisé…

 

Le film

[5/5]

Classique parmi les classiques, l’indémodable King Kong aura mis le temps à débarquer sur support Haute-Définition en France. Pire encore pour son honneur simiesque, le gorille géant aura vu arriver son rival de toujours, Godzilla, quelques mois avant lui sur galette Blu-ray (lire notre test).

On notera que si quatre-vingt-deux ans après sa sortie sur les écrans, le film d’Ernest B. Schoedsack et Merian C. Cooper fait l’unanimité autour de lui, la critique française avait d’avantage la dent dure à l’issue des projections de King Kong dans les années 30 : « Il aurait fallu un homme de plus de talent pour nuancer ces tableaux de cauchemar. Le sujet est d’une candeur enfantine, car les auteurs on évité au récit tout ce qui pouvait apporter un élément de pensée intéressant. Nous sommes en présence d’un conte puéril, à l’échelle de la mentalité américaine, qui ne s’embarrasse pas de soucis de philosophie ou d’ironie » écrivait Émile Vuillermoz dans Le temps en septembre 1933. Le film fut finalement réhabilité dans les années 60, notamment sous les plumes géniales des auteurs de la revue Midi-Minuit Fantastique (Jean Boullet, Jean Ferry, Alain Le Bris, Jean-Claude Romer), qui publiait un numéro spécial King Kong en octobre 1962.

Aujourd’hui, la poésie sauvage de King Kong transparait en effet presque dans chaque plan : même s’ils sont un poil surannés, les très nombreux effets visuels sont toujours aussi impressionnants, ce qui est d’autant plus admirable que les technologies balbutiantes de l’époque en matières d’effets spéciaux et de stop-motion avaient nécessité des heures d’un travail aussi méticuleux que rigoureux. A la fois véritable prouesse technologique et sublime conte poétique très influencé par le sérial, le film de Schoedsack et Cooper méritait une édition Blu-ray à la hauteur de l’empreinte qu’il laissera dans l’histoire du cinéma…

Le coffret Blu-ray

[5/5]

C’est donc Warner bros. qui a le courage de se lancer dans l’édition de cette édition Blu-ray tant attendue de King Kong, quelques semaines à peine après la sortie en HD de Citizen Kane, autre monument du cinéma jusqu’ici inédit en bleu. Le Blu-ray édité par Warner nous propose donc de redécouvrir le film dans des conditions remarquables. La restauration a été soignée, c’est un très beau boulot : si l’on tient compte de l’âge du film, de son parcours chaotique et des masters successifs qui ont circulé jusqu’ici, on ne pouvait sans doute pas obtenir mieux. Car si beaucoup de plans s’avèrent extrêmement propres, avec de beaux contrastes et un piqué précis, d’autres proposent encore quelques taches et autres poussières dues au temps n’ayant pu être corrigées… Mais le fait est que le film a retrouvé sa fluidité d’antan et qu’il propose une image assez superbe. De toutes façons, ce film pourrait être vu en VHS-Rip sur un smartphone à l’écran cassé dans le métro pendant les heures de pointe, il aurait toujours la classe, et là est bien l’essentiel. Côté son, la VO est encodée en mono d’origine et DTS-HD Master Audio 1.0, claire et nette, sans craquement ou souffle parasite, tandis que la VF doit se contenter d’un très propre et satisfaisant Dolby Digital 1.0 d’origine.

Du côté des bonus, on se régalera déjà, dans un premier temps, du très beau livret de 35 pages qui remet avec talent le film et son tournage mouvementé dans leur contexte historique. Sur les galettes à proprement parler, on commencera avec plusieurs commentaires audio, sur lesquels nous aurons la joie et l’honneur d’écouter s’exprimer Fay Wray et Merian C. Cooper, mais également Ray Harryhausen, véritable légende des effets spéciaux disparue en 2013 et Ken Ralston, responsable des effets spéciaux sur, entre autres, Le retour du Jedi. Wray et Cooper évoquent leurs souvenirs d’une époque à la créativité foisonnante, tandis que les deux experts décortiquent à leur manière les effets visuels du film.

Un brillant making of revient ensuite sur la genèse compliquée d’une œuvre née pendant la grande dépression, à une époque où le cinéma était clairement un luxe. Un documentaire intitulé « Les origines de King Kong » revient sur les personnalités hors normes de Merian C. Cooper et Ernest Schoedsack, cinéastes et vrais aventuriers, véritables têtes brulées vouant une véritable passion à l’Afrique et aux nouvelles technologies.

Les effets spéciaux du film seront également largement abordés dans les suppléments, avec tout d’abord un passionnant sujet consacré à Willis O’Brien, grand nom de la technique du stop-motion, mais également par le biais du cinéaste Peter Jackson, qui a reconstitué avec l’aide d’une équipe de spécialistes en effets spéciaux certains effets visuels du film ; ces derniers ont reconstitué une séquence disparue du film, en conditions réelles. Superbe et véritablement passionnant.

Un autre documentaire reviendra sur les différentes étapes de la fabrication du film, et plus particulièrement sur les nombreuses péripéties liées à l’écriture du scénario, passé entre de nombreuses mains au fil de l’élaboration de l’histoire. Le son et les bruitages du film feront également l’objet d’un intéressant sujet, qui nous prouvera à nouveau les trésors d’inventivité déployés par les équipes du film à tous les niveaux de la production. On reviendra également sur la musique de Max Steiner, première bande-originale à utiliser des thèmes musicaux différents pour chaque personnage.

Comme si le tour du propriétaire n’était pas encore assez complet, Warner bros. nous propose encore un document intitulé L’héritage de King Kong revenant sur les « enfants » de King Kong, ce que le film a légué à la postérité et ce que sa découverte a impliqué dans l’esprit de bien des gens, ainsi qu’une featurette sur la vie et l’œuvre de Merian C. Cooper, déjà un peu évoquée à travers d’autres documentaires.

En deux mots comme en cent, Warner bros. nous livre avec cette édition de King Kong l’expérience cinéphilique la plus complète et la plus captivante qui soit. Chapeau bas !

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