Test Blu-ray : J’accuse

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J’accuse

 
France, Italie : 2019
Titre original : –
Réalisation : Roman Polanski
Scénario : Robert Harris, Roman Polanski
Acteurs : Jean Dujardin, Louis Garrel, Emmanuelle Seigner
Éditeur : Gaumont
Durée : 2h11
Genre : Drame, Historique
Date de sortie cinéma : 13 novembre 2019
Date de sortie DVD/BR : 18 mars 2020

 

Pendant les 12 années qu’elle dura, l’Affaire Dreyfus déchira la France, provoquant un véritable séisme dans le monde entier. Dans cet immense scandale, le plus grand sans doute de la fin du XIXème siècle, se mêlent erreur judiciaire, déni de justice et antisémitisme. L’affaire est racontée du point de vue du Colonel Picquart qui, une fois nommé à la tête du contre-espionnage, va découvrir que les preuves contre le Capitaine Alfred Dreyfus avaient été fabriquées. A partir de cet instant et au péril de sa carrière puis de sa vie, il n’aura de cesse d’identifier les vrais coupables et de réhabiliter Alfred Dreyfus…

 


 

Le film

[3,5/5]

Multi-récompensé à la Mostra de Venise (4 prix) ainsi qu’aux César (2 prix), J’accuse a permis à Roman Polanski d’obtenir le dixième César de sa carrière (le cinquième en tant que meilleur réalisateur depuis 1980), sous les huées et les protestations en tous genres. La polémique, née de sa condamnation par la justice américaine dans les années 70 ainsi que des différentes accusations publiques dont il a fait l’objet au fil des années (parmi lesquelles une seule plainte judiciaire, qui n’a donné lieu à aucune poursuite), a toujours accompagné la carrière de Polanski, même si, parallèlement, les récompenses obtenues par ce film consacré à l’affaire Dreyfus font monter à 93 le nombre de récompenses internationales obtenues par le cinéaste. Avec J’accuse, Roman Polanski évoque les dérives de toute forme de chasse aux sorcières en décortiquant un fait historique que tout le monde croit connaître, devenu symbole de l’antisémitisme en France. Ci-dessous, vous pourrez découvrir la critique du film, signée par notre rédacteur en chef Pascal Le Duff au moment de la sortie du film dans les salles.

 

 

5 janvier 1895. Alfred Dreyfus, reconnu d’intelligence avec une puissance étrangère, subit l’affront de la dégradation militaire. Des milliers de soldats entourent celui qui est vu comme le plus grand traître de l’Histoire de France. Un modeste adjudant arrache ses galons et brise son sabre, alors qu’il clame être la victime d’une erreur judiciaire. Parmi les personnalités présentes, le colonel Georges Picquart, qui fut son professeur, ne lui témoigne aucune sympathie. Peu après, nommé à la tête des Renseignements, il trouve des documents qui le font douter de la culpabilité de son élève. Il mène l’enquête afin d’établir la vérité, se mettant ainsi en danger…

Le récit ne se focalise pas sur Alfred Dreyfus, exilé en Guyane, sur l’Île du Diable, reconstituée à la pointe de Primel, à Plougasnou, près de Morlaix. C’est l’enquêteur pugnace qui va l’innocenter et sera quasiment de tous les plans. Picquart accumule des informations tangibles en sa faveur, malgré les obstacles. L’état-major refuse de remettre en cause sa condamnation avec d’autant plus de ferveur que l’affaire a déchaîné les passions dans le pays.

 

 

Pas un héros sans tâche

Jean Dujardin, d’un stoïcisme à toute épreuve, est parfait de rigidité en officier droit refusant de céder aux pressions, au nom d’idéaux patriotiques primant sur ses préjugés. Il n’est en effet pas présenté comme un héros sans tâche et ne cache pas son antisémitisme.

Louis Garrel donne au capitaine Dreyfus une dignité certaine mais lui non plus n’est pas sanctifié, son attitude hautaine n’invitant pas à la sympathie. Une manière de souligner que les origines ou la personnalité d’un suspect ne devraient pas influer sur le cours de la justice. Roman Polanski fait le choix d’une narration austère, permettant un exposé minutieux des faits. Sa démarche est une charge contre les tribunaux d’opinion qui font fi de l’absence de preuves.

 

 

Récit didactique

Roman Polanski tisse des passerelles symboliques entre sa trajectoire et celle de Dreyfus comme il l’avait fait, dans un tout autre contexte, dans Le pianiste. La biographie de Wladyslaw Szpilman lui permettait d’évoquer avec pudeur son passé de survivant de la Shoah. Ici, il dénonce des « mécanismes de persécution », comme il en subit depuis le meurtre de sa compagne Sharon Tate à la fin des années 60 ou ces dernières années autour de sa condamnation pour viol. Le célèbre pamphlet « J’accuse » d’Émile Zola, publié le 13 janvier 1898, retourna l’opinion en faveur de Dreyfus. Ce récit didactique ne devrait pas avoir le même impact sur la perception d’un cinéaste au centre d’une actualité sulfureuse. Il a néanmoins le mérite de réhabiliter un homme trahi par ses pairs, dont l’innocence ne fait aujourd’hui plus aucun doute.

 

 

Le Blu-ray

[4,5/5]

Avec la sortie de J’accuse sur support Blu-ray, Gaumont démontre à nouveau son savoir-faire technique, et nous livre une véritable galette de démonstration, à la définition et aux piqué d’une précision excellente, offrant également des couleurs littéralement explosives et des contrastes soignés. Côté son, le film est traditionnellement proposée dans un impressionnant mixage DTS-HD Master Audio 5.1, au rendu ample et dynamique, voire même carrément explosif au niveau des basses. On notera également que Gaumont n’oublie pas les cinéphiles qui visionnent leurs films à domicile sans utiliser de Home Cinema, puisque l’éditeur nous propose également un mixage DTS-HD Master Audio 2.0 plus cohérent si vous visionnez J’accuse sur un « simple » téléviseur.

Au rayon des suppléments, outre l’habituelle bande-annonce, l’éditeur nous propose un passionnant making of (32 minutes), réalisé par Morgane Polanski et Théo Saffroy. qui reviendra sur le tournage du film d’une façon assez complète et sans langue de bois. Les intervenants sont très intéressants, à commencer par Polanski lui-même bien sur, et on pourra s’étonner que certains « moments de vérité » volés sur le plateau aient été conservés au montage, dans le sens où ils ne donnent pas toujours un éclairage très sympathique sur le cinéaste, tel que ce moment où tel un prof impatient, il rappelle à l’ordre Jean Dujardin et Louis Garrel qui étaient en train de se marrer.

 

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