Test Blu-ray : Harley Davidson et l’homme aux santiags

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Harley Davidson et l’homme aux santiags

États-Unis : 1991
Titre original : Harley Davidson and the Marlboro Man
Réalisateur : Simon Wincer
Scénario : Don Michael Paul
Acteurs : Mickey Rourke, Don Johnson, Chelsea Field
Éditeur : BQHL Éditions
Durée : 1h34
Genre : Action
Date de sortie cinéma : 13 novembre 1991
Date de sortie DVD/BR : 6 octobre 2021

Amis depuis longtemps, Harley Davidson et Marlboro aiment se retrouver au Rock’N Roll Bar & Grill. Leur sang ne fait qu’un tour quand le patron du bar leur apprend qu’il devra bientôt mettre la clef sous la porte, sa banque étant sur le point de saisir l’établissement pour le démolir et construire une tour sur ses ruines. Rebelles dans l’âme, ils organisent pour aider leur ami le braquage d’un transport de fonds. Ce ne sont pas des paquets de billets verts qu’ils y trouvent, mais une drogue expérimentale qu’ils espèrent revendre 2,5 millions de dollars à son propriétaire, un puissant mafieux…

Le film

[3,5/5]

Western urbain sorti au début des années 90, Harley Davidson et l’homme aux santiags est un film qui, explicitement, confrontait deux images des États-Unis. D’un côté, on avait donc l’Amérique du « passé », de la liberté, qui était représentée par les personnages incarnés par Mickey Rourke et Don Johnson – réminiscences du biker libertaire des années 70 et du cowboy des grandes plaines de l’Ouest sauvage. De l’autre, on avait naturellement cette Amérique du capitalisme et de la surconsommation qui semblait se profiler pour le « futur » – un pays où, en 1996, des villes sont transformées en aéroports, où les lieux de convivialité sont rasés pour implanter des gratte-ciels, où les gens se déshumanisent peu à peu (on pense à Daniel Baldwin et à sa bande de « cyborgs »), où le cinéma devient de plus en plus uniformisé (l’affiche de Die Hard V).

Comme pour souligner le naufrage de la société américaine, le scénariste Don Michael Paul choisit d’ailleurs de donner aux personnages de Harley Davidson et l’homme aux santiags des noms faisant référence à des marques célèbres : Harley Davidson, Marlboro, Jack Daniels (whisky), José Cuervo (tequila), Virginia Slim (cigarettes)… La défiance du scénariste vis-à-vis de la société capitaliste est telle que les producteurs de la MGM se sont sentis obligés de préciser par un carton en ouverture du film que Harley Davidson et l’homme aux santiags ne cherche pas à identifier ou à promouvoir une marque, et qu’aucune société n’a approuvé, parrainé ou avalisé ni le titre ni le contenu du film.

Pour le reste, d’un point de vue formel et narratif, Harley Davidson et l’homme aux santiags met au goût du jour certaines thématiques récurrentes et autres clichés du western en les plaçant dans un cadre urbain vaguement futuriste. Le réalisateur Simon Wincer, grand amateur de westerns (on lui doit notamment la mini-série Lonesome Dove avec Robert Duvall), se régale par conséquent à mettre en scène les différents duels du film, opposant Harley et Marlboro à des bandes entières de cowboys surarmés. Nous proposant une poignée de séquences mémorables, avec en tête de liste celle du gunfight dans le cimetière d’avions, le film de Simon Wincer développe une atmosphère insouciante teintée de violence et de rapports de force extrêmement machistes, avec des scènes exagérées jusqu’à atteindre des niveaux proches du cartoon, en particulier dans certaines scènes d’action qui ressemblent presque à des séquences imaginées par Chuck Jones, mais tournées en prises de vue réelles. Pour autant, Harley Davidson et l’homme aux santiags n’en est pas exempt d’un sens réel de la tension et du suspense, certaines scènes du film se déroulant en hauteur parvenant par exemple à provoquer chez le spectateur un réel sentiment de vertige.

En dépit de ses 450.000 entrées en France, Harley Davidson et l’homme aux santiags fut un échec retentissant pour la MGM. Un peu oublié de nos jours, le film de Simon Wincer se laisse pourtant suivre sans déplaisir, à la façon de nombreuses séries B d’action des années 90. L’alchimie entre Mickey Rourke et Don Johnson est bonne, et du côté des méchants, Tom Sizemore et Daniel Baldwin tirent leur épingle du jeu. En revanche, la plupart des autres seconds-rôles (Chelsea Field, Vanessa Williams, Giancarlo Esposito, Big John Studd, Tia Carrere) sont un peu trop rapidement sacrifiés par l’intrigue.

Au final, Harley Davidson et l’homme aux santiags n’est ainsi probablement pas le film d’action de l’année 1991 – il est même un peu dur à avaler qu’il soit sorti la même année que Terminator 2 – mais n’en demeure pas moins un petit plaisir coupable riche en bastons et en punchlines amusantes (« il tire ma pétroleuse, j’lui taxe sa pétrolette ! ») – autrement dit un spectacle attachant et tout à fait sympathique.

Le Blu-ray

[4/5]

Le Blu-ray de Harley Davidson et l’homme aux santiags édité par BQHL Éditions marque un réel upgrade par rapport aux sources SD que l’on connaît pour le film de Simon Wincer depuis des décennies, avec un piqué d’une belle précision dans l’ensemble mais dont le rendu peut fluctuer d’une séquence à une autre. Les couleurs sont solides, l’image n’a pas trop subi les outrages du réducteur de bruit – on déplorera seulement un léger bruit vidéo sur les séquences en basse lumière, et des noirs légèrement bouchés par ci par là. Du côté des enceintes, VF et VO nous sont proposées en LPCM Audio 2.0. Dynamiques et bien punchy, les deux mixages nous proposent une belle immersion dans les bars routiers du Los Angeles de 1996.

Dans la section suppléments, on trouvera, en plus de la traditionnelle bande-annonce, une présentation du film par Stéphane Moïssakis (25 minutes). Il y reviendra sur la genèse du film, sur les carrières de Don Michael Paul et Simon Wincer, avant de s’attarder sur l’esprit et l’atmosphère de Harley Davidson et l’homme aux santiags. Il évoquera également le doublage français du film, qui avait dû poser quelques problèmes à l’époque : Patrick Poivey n’était en effet pas uniquement le doubleur attitré de Bruce Willis, mais également de Mickey Rourke ET de Don Johnson. Décision fut finalement prise de lui confier le doublage de Mickey Rourke, celui de Don Johnson ayant été assuré à Edgar Givry, voix française de John Malkovich.

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