Test Blu-ray : Flics en jeans

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Flics en jeans

Italie : 1976
Titre original : Squadra antiscippo
Réalisation : Bruno Corbucci
Scénario : Mario Amendola, Bruno Corbucci
Acteurs : Tomas Milian, Jack Palance, Maria Rosaria Omaggio
Éditeur : Artus Films
Durée : 1h32
Genre : Policier, Action, Comédie
Date de sortie cinéma : 4 mai 1977
Date de sortie DVD/BR : 7 septembre 2021

Mal rasé et mal fringué, l’inspecteur Nico Giraldi, à la tête de son équipe de motards, fait la chasse aux truands de la ville en employant des méthodes peu orthodoxes. Alors qu’il est sur le point d’arrêter un voyou, celui-ci dérobe une mallette pleine d’argent à un gangster américain. Les voyous se font alors éliminer l’un après l’autre, ce qui va mener Giraldi à s’occuper de l’affaire…

Le film

[3,5/5]

Nico Giraldi, alias « Nico l’arnaqueur », est un des personnages les plus emblématiques de la carrière du regretté Tomas Milian, et sans doute l’une des preuves les plus évidentes du talent incroyable dont savait faire preuve cet acteur-caméléon, qui, à la manière d’un Vincent D’Onofrio ou d’un Johnny Depp (qu’il a sans doute énormément influencé), était capable de changer complètement d’apparence d’un film à un autre.

Rien ne plaisait plus à Tomas Milian que de jouer les crados, et Nico Giraldi, la petite frappe devenue flic, était l’un de ceux-là. Vieux bonnet de laine bariolé constamment enfoncé sur la tête (même quand il fait l’amour !), barbe de trois jours, allure négligée, frusques crasseuses, hygiène visiblement douteuse – il est un flic d’un nouveau genre, du genre post-hippie qui sent le cul. Si on aurait du mal à affirmer en gardant notre sérieux que Flics en jeans est la réponse italienne au Serpico de Sidney Lumet (1973), en revanche, il semble clair dans le film que Nico Giraldi est fortement influencé par le personnage du flic hippie incarné par Al Pacino – il en a le look, des posters et photos du film sont affichés dans son appartement, et sa petite souris de compagnie s’appelle « Serpico ».

Cependant, s’il surfe sur la notoriété du personnage de Franck Serpico, Flics en jeans ne ressemble en rien au film de Sidney Lumet : il s’agit en effet au contraire d’un film assez léger, très orienté humour et action – un mélange de poliziottesco « light » et de comédie. N’oublions pas que Bruno Corbucci, réalisateur et co-scénariste, est plutôt un spécialiste de la comédie – Flics en jeans porte clairement sa patte, de même que celle de son co-scénariste Mario Amendola, à qui l’on doit notamment deux scénarios de films mettant en scène Bud Spencer et Terence Hill : Pair et Impair (Sergio Corbucci, 1978) et ce qui pourra probablement être considéré comme un de leurs plus grands chefs d’œuvre : Salut l’ami, adieu le trésor (Sergio Corbucci, 1981).

Grâce à la tonalité générale du film, plutôt comique, et surtout grâce à la prestation incroyable de Tomas Milian, le succès populaire fut au rendez-vous pour Flics en jeans : le film donnerait d’ailleurs naissance à rien de moins que… dix suites, toutes mises en scène par Bruno Corbucci sur une période d’une dizaine d’années ! Onze films pour Nico ? C’est moins que James Bond évidemment, mais plus que Fast and Furious, Rocky ou encore Police Academy

Si la saga « Nico l’arnaqueur » est encore aujourd’hui très peu connue en France, certains films étaient bel et bien sortis dans les salles ou en vidéo dans l’hexagone : après Flics en jeans (Squadra antiscippo, 1976), il y donc eu Un flic très spécial (Squadra antifurto, 1977), Nico l’arnaqueur (Squadra antitruffa, 1977), Brigade anti-mafia (Squadra antimafia, 1978), Brigade antigang (Squadra antigangsters, 1979), Meurtre sur le Tibre (Assassinio sul Tevere, 1979), Crime à Milan (Delitto a Porta Romana, 1980), Delitto al ristorante cinese (1981), Delitto sull’autostrada (1982), Crime en Formule 1 (Delitto in Formula Uno, 1984) et enfin Pas folle, le flic (Delitto al Blue Gay, 1985).

Les cinq premiers films de la saga ont largement été distribués en vidéo en France à l’ère de la VHS triomphante, mais aucun n’était à ce jour encore dispo en DVD, et encore moins en Blu-ray : la sortie de Flics en jeans constitue donc à sa manière un petit événement. En grands amateurs de comédie en général, on rêve de voir un jour débarquer en coffret et en Haute-Définition les 11 films de cette saga – on rêve également de voir sortir en Blu-ray les films du duo Bud Spencer / Terence Hill, les films espagnols de la franchise Torrente, ou encore les 31 comédies britanniques de la série Carry On (1958-1992), dont une bonne moitié n’est même jamais sortie dans les salles françaises. Malheureusement, il s’agit probablement là de vœux pieux, et on ne se fait pas réellement d’illusions, même si ces films sont sortis en HD dans d’autres pays d’Europe.

On se consolera néanmoins en voyant et revoyant Flics en jeans, qui suit les premières aventures de notre flic / clodo préféré, incarné par un Tomas Milian plein d’énergie et toujours aussi charismatique. En face de lui, on trouvera un Jack Palance en roue libre, et on notera la présence de Maria Rosaria Omaggio, vue la même année dans Brigade spéciale d’Umberto Lenzi, déjà aux côtés de Tomas Milian qui y incarnait un psychopathe bossu. La tonalité est à la fois bourrine et humoristique, avec des poursuites surréalistes et des bastons des dessins animés, héritées des films de Bud Spencer / Terence Hill, « le gros et le petit » de la bagarre italienne. Les dialogues sont savoureux, et le doublage du film en VF contient son pesant d’expressions hilarantes.

Le Blu-ray

[4/5]

Disponible au format Combo Blu-ray + DVD chez Artus Films, Flics en jeans est proposé dans un joli digipack deux volets surmonté d’un fourreau aux couleurs du film : il s’agit d’un très bel objet, et on salue à nouveau le soin éditorial sans cesse renouvelé dont fait preuve Artus Films afin de livrer au consommateur de beaux Blu-ray qu’il sera fier de voir trôner sur ses étagères.

Côté master, on ne tient pas ici le rendu Haute-Définition le plus imparable de l’année, au contraire ; cependant, compte tenu de la rareté du métrage, on soutiendra donc plutôt ici que le rendu de Flics en jeans est tout à fait honorable. Le piqué manque certes un peu de précision, le rendu général est plutôt doux, et les teintes peuvent radicalement changer d’un plan à l’autre, mais les couleurs sont chaudes et naturelles, la profondeur de champ et l’encodage ont été soignés, et même projeté sur un écran de grande taille, le film de Bruno Corbucci demeure une expérience HD globalement satisfaisante, même si elle s’avère clairement perfectible. Côté son, l’éditeur nous propose un mixage VF / VO italienne et LPCM 2.0. Pas de souci à l’horizon concernant la VO, mais la VF est un poil étouffée. Cela ne nous empêchera pas de nous régaler du doublage du film, assuré entre autres par Richard Leblond, Michel Paulin, Jacques Bernard ou encore Henri Guybet.

Du côté des suppléments, Artus Films nous propose, en plus d’une poignée de bandes-annonces, une présentation du film par Curd Ridel (33 minutes). Ce dernier y évoquera largement la carrière de Bruno Corbucci ainsi que les différents films de la série consacrée à Nico Giraldi, notant que ces derniers ont au fil des années de plus en plus accentué le côté « comédie » des intrigues. Il reviendra également sur l’investissement total de Tomas Milian dans son rôle.

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