Test Blu-ray : Exists

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Exists


États-Unis: 2014
Titre original : Exists
Réalisateur : Eduardo Sánchez
Scénario : Jamie Nash
Acteurs : Samuel Davis, Dora Madison Burge, Roger Edwards
Éditeur : Wild Side Vidéo
Durée : 1h21
Genre : Horreur
Date de sortie DVD/BR : 18 mars 2015

 

 

En 2014, cinq amis partent pour une virée au Texas. Le soir, ils rejoignent la cabane d’un proche, abandonnée depuis bien longtemps. Quelque chose semble avoir fait fuir les derniers habitants du coin. Rattrapés par la nuit et coupés du monde, ils se retrouvent confrontés à un mal mystérieux qui hante la forêt…

 

 

Le film

[3,5/5]

Depuis le carton au box-office de Blair witch project en 1999, le procédé stylistique d’un cinéma « à la première personne », avec le recours à une caméra [très faussement] subjective, a été utilisé des dizaines, et même probablement, sans exagération aucune, des centaines de fois dans le genre très populaire du cinéma fantastique ou d’épouvante. Il s’agit d’un artifice très en vogue dans l’horreur contemporaine, au point que beaucoup de cinéphiles considèrent aujourd’hui ce type de mise en scène, couramment appelé « found footage », comme la plaie du genre horrifique. Il est clair aussi que ce type de cinéma cadré à la va-vite, laissant une place prépondérante au hors-champ et ne répondant plus à aucune grammaire cinématographique établie, a ouvert la porte à des nuées, des pelletées, des vagues entières de films plus ou moins amateurs (ou amateurisants). Les cinéastes n’ont plus à se casser la tête à chercher des axes de prise de vue, les producteurs sont satisfaits car les coûts sont réduits, et en plus, le public est au rendez-vous… Depuis 2010, le succès jamais vraiment démenti de la saga Paranormal activity a contribué à pérenniser ce style, et à priori, il semble que le genre du found footage ait encore de beaux jours devant lui. Si certains réalisateurs établis ont certes parfois réussi à niveler le procédé par le haut et à nous livrer quelques bandes efficaces, voire carrément indispensables (on pense par exemple à l’épatant Cloverfield), la grande majorité des films tournés en utilisant ce procédé ne parviennent pas réellement à créer le climat d’angoisse suffisant pour réellement convaincre le cinéphile exigeant.

Réalisé par Eduardo Sanchez, co-réalisateur du Blair witch project en 1999, Exists s’avère, contre toute attente, une excellente surprise. S’il comporte encore quelques tics agaçants propres au found footage (quoique la raison pour laquelle le personnage principal filme tous ses faits et gestes, ainsi que les plans de personnages que l’on pensait démunis de caméra soient d’avantage explicités dans les scènes coupées disponibles sur le Blu-ray), le film fait montre d’une belle maitrise du médium, et d’une réelle réflexion sur la façon dont sont agencés les plans, qu’on ne soupçonnait pas au regard de son long-métrage précédent, le calamiteux Lovely Molly. Certes, le récit en lui-même n’a rien d’original, mais le film reste plaisant de bout en bout, jusque dans ses clins d’yeux appuyés à Evil dead (le chalet, le pont…).

Reprenant quelques idées visuelles préalablement testées dans le segment qu’il avait réalisé pour l’anthologie V/H/S/2, Sanchez nous livre un film étonnamment bien rythmé, ne laissant pas le temps au spectateur de s’ennuyer. De plus, Exists s’avère particulièrement généreux en action et en rebondissements (avec un mini-climax pile à mi-métrage), et, une fois n’est pas coutume, ne traite pas la « menace » dont nous tairons ici la nature en la laissant hors champ : la créature en question s’offre quelques beaux plans, et sa présence menaçante est traitée avec le plus grand sérieux et, avouons-le, une certaine déférence probablement liée aux superbes maquillages créés par les équipes de Spectral Motion. Point de bouts de bois et autres cris hystériques liées à une terreur désespérément invisible pour le spectateur ici : Sanchez a enfin compris que le found footage ne rime pas systématiquement avec footage de gueule. Et, du coup, on s’avère vraiment curieux de découvrir le tournant que prendra sa carrière par la suite.

 

 

Le Blu-ray

[5/5]

De tous les éditeurs français, il en est quelques-uns au sujet desquels les chroniques et tests Blu-ray se suivent et se ressemblent : Wild Side par exemple semble bien déterminé, malgré les années qui passent, à conserver son statut d’excellence vis à vis du format haute définition. Exists en est une nouvelle preuve flagrante : définition sans faille, piqué précis, couleurs naturelles, noirs denses et contrastes exceptionnels… Difficile de prendre la galette en défaut, sauf peut-être durant quelques petits passages nocturnes accusant une légère baisse du niveau de détail. Côté son, c’est un festival : rarement aura-t-on l’occasion de s’immerger au cœur de mixages DTS-HD Master Audio 5.1 aussi riches en détails sonores et enveloppants. L’immersion est totale, on se retrouve littéralement au coeur du film, en VO comme en VF.

Du côté des suppléments, on commencera avec une série de scènes coupées : si certaines s’avèrent tout à fait inutiles, d’autres complètent de petits trous dans la narration, qui pouvaient s’avérer gênants pour le spectateur. On notera également la présence d’une excellente séquence d’ouverture alternative, exposant les personnages de façon intéressante. Cela dit, si Sanchez a préféré la couper, c’est sans doute à des fins d’efficacité et de rythme, le spectateur se retrouvant directement au cœur du film dans le montage final. Un making of en trois parties revient sur le tournage, très raunchy et artisanal, d’Exists. Proposant la particularité assez rare de ne pas être entrecoupé des habituels entretiens « langue de bois » avec l’équipe du film, ce document s’avère un parfait petit journal de bord du tournage, entre la foret (forcément inhospitalière) et le tournage de la scène de la « grotte », effectué en studio. L’ensemble suit largement l’évolution des effets spéciaux visuels et des diverses cascades. En complément du making of, Wild Side nous offre également un passionnant sujet commenté par le réalisateur consacré à la conception de la créature, des premiers croquis effectués par Weta Workshop au tournage proprement dit, ce qui nous réservera quelques très amusants plans du monstre en train de boire et manger de la malbouffe très fast-food. En deux mots, des suppléments impeccables pour une édition idéale.

 

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