Test Blu-ray : Douce nuit Sanglante nuit

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Douce nuit, Sanglante nuit

États-Unis : 1984
Titre original : Silent Night Deadly Night
Réalisation : Charles E. Sellier Jr
Scénario : Paul Caimi, Michael Hickey
Acteurs : Robert Brian Wilson, Toni Nero, Leo Geter
Éditeur : Rimini Éditions
Durée : 1h25
Genre : Horreur
Date de sortie DVD/BR : 7 décembre 2023

C’est l’histoire terrifiante de Billy Chapman. Traumatisé par le viol et le meurtre de ses parents lors d’un réveillon de Noël, le petit Billy est recueilli dans un orphelinat dirigé par des nonnes sadiques qui vont le brutaliser pendant des années. Devenu adolescent, Billy doit se déguiser en Père Noël pour le réveillon et cela va déclencher chez lui une fureur dévastatrice et sanglante : il croit avoir pour mission de tuer les méchants…

Le film

[3,5/5]

Rien ne prédestinait forcément Douce nuit, Sanglante nuit à devenir un film-culte à priori, mais la controverse créée par le film aux États-Unis au moment de sa sortie en a définitivement décidé autrement. En effet, lors de la promotion du film en 1984, les affiches et les spots TV consacrés à la sortie de Douce nuit, Sanglante nuit sur les écrans mettaient fortement l’accent sur le fait que le tueur était déguisé en Père Noël. Suite à cette campagne de pub autour du film, le PTA (Parent Teacher Association), puissant lobby américain de parents d’élèves, s’est battu pour que ce film soit retiré des salles de cinéma, pointant du doigt le fait qu’il sortait à l’approche des fêtes de Noël. Des manifestations de familles en colère s’étaient alors formées dans les cinémas et les centres commerciaux de tout le pays pour protester contre la sortie de Douce nuit, Sanglante nuit ; lors de la première du film à New York, des manifestants avaient fait le piquet devant le cinéma et avaient entonné des chants de Noël en signe de protestation.

Le plus surprenant dans cette controverse, c’est que quatre ans plus tôt, en novembre 1980, la sortie de Christmas Evil, un autre film qui mettait déjà en scène un Père Noël psychopathe, n’avait provoqué aucun émoi particulier. Pas plus qu’Histoires d’outre-tombe, qui proposait un sketch au postulat de départ similaire… Mais les voies de l’Amérique conservatrice sont impénétrables, et le fait est qu’en 1984 Douce nuit, Sanglante nuit a fait le buzz, comme on le dirait de nos jours. En réaction à cette polémique, le distributeur du film Tri-Star Pictures a pris l’initiative de retirer toutes les publicités pour le film seulement six jours après sa sortie, puis a finalement décidé peu après de retirer complètement le film de l’affiche. Cela n’a pas empêché à Douce nuit, Sanglante nuit de rapporter 2,5 millions de dollars lors de sa semaine d’ouverture. Pour un film dont le budget était de 750.000 dollars, et qui de plus s’était retrouvé en concurrence directe avec Les Griffes de la nuit dans les salles, on peut sans peine affirmer qu’il s’agit là d’un très bon score.

Alors bien sûr, les deux films n’ont pas connu la même pérennité : le film de Wes Craven s’est rapidement imposé comme un classique du fantastique contemporain, tandis que Douce nuit, Sanglante nuit est « juste » devenu un classique de vidéo-club, un video nasty un peu craspec à l’aura scandaleuse. De fait, si sa diffusion fut plus réduite, les protestations et les critiques négatives autour du film n’ont finalement fait que dynamiser une base de fans ayant grandi avec les années, et ont transformé ce petit slasher sans prétention en un film culte qui compte encore aujourd’hui un certain nombre de fans. Préfigurant des films tels que Killer Klowns – Les Clowns Tueurs venus d’ailleurs (Stephen Chiodo, 1988) ou Jack Frost (Michael Cooney, 1996), Douce nuit, Sanglante nuit choisissait donc de transformer une icône de l’enfance en un véritable instrument de terreur.

Et pour ce faire, Charles E. Sellier Jr et son scénariste Michael Hickey ne lésinent pas sur les moyens, multipliant dans le premier acte de Douce nuit, Sanglante nuit les séquences destinées à mettre le spectateur mal à l’aise. Après la visite de leur grand-père réduit à l’état de légume, deux jeunes enfants assistent au viol et au meurtre de leurs parents par un sadique déguisé en Père Noël. Comme si l’ambiance n’était pas encore assez lourde, l’atmosphère se teinte encore d’une touche de vice par le biais d’un passage par l’orphelinat, qui sera l’occasion pour eux de voir – par le trou de la serrure – des scènes qu’ils n’auraient pas du voir, et d’expérimenter les châtiments corporels, prodigués avec un plaisir mal dissimulé par une Mère supérieure extrêmement sévère.

De fait, après avoir installé son ambiance au burin, Douce nuit, Sanglante nuit tirera les bénéfices du malaise qu’il a créé durant sa première moitié, en lâchant sur la ville le jeune Billy, véritable bombe à retardement, dont la vie traumatisante semblait destinée à voir le jeune homme propulsé dans des actes de violence. En cela, et parce qu’il s’attache beaucoup à tenter de nous proposer le point de vue de Billy, le film de Charles E. Sellier Jr se rapproche un peu de l’extraordinaire film allemand Schizophrenia (Gerald Kargl, 1983), qui fut, peut-être, une influence sur Douce nuit, Sanglante nuit. Techniquement, le film n’est certes pas une merveille, mais s’avère assez solide au regard de son petit budget, et nous propose une série de meurtres imaginatifs et réussis.

Au fil des années, Douce nuit, Sanglante nuit a donné naissance à une série de quatre suites, ainsi qu’à un remake en 2012. Un autre reboot est également en cours de développement. On notera par ailleurs qu’il y a du beau monde au générique de la franchise : le troisième épisode (Douce nuit, Sanglante nuit 3 : Coma dépassé) a en effet la particularité d’avoir été réalisé par Monte Hellman, réalisateur de L’Ouragan de la vengeance (1967) et Macadam à deux voies (1971). Le quatrième opus (Douce nuit, Sanglante nuit 4 : L’initiation) a été réalisé par le génial Brian Yuzna, qui co-signerait également le scénario du cinquième volet (Douce nuit, Sanglante nuit 5 : Les Jouets de la mort). Ces deux derniers films n’ont aucun lien avec le film original. On espère que Rimini Éditions aura la bonne idée de les sortir prochainement en Blu-ray !

Le Combo 2 DVD + Blu-ray

[4,5/5]

Si personne ne l’avait réellement vu venir, c’est finalement une très agréable surprise que de retrouver aujourd’hui Douce nuit, Sanglante nuit sur support Blu-ray. C’est d’autant plus appréciable que le petit film de Charles E. Sellier Jr débarque intègre les rangs de la collection « Angoisse » de Rimini Éditions, comme toujours proposée dans un packaging très classe. Le Combo Blu-ray + 2 DVD, qui se verra accompagné d’un livret signé Marc Toullec, est donc proposé par Rimini dans un joli Digipack trois volets surmonté d’un fourreau au visuel très sympathique.

Côté transfert Haute-Définition, c’est très satisfaisant : on ne dénotera pas de problème particulier de compression, le piqué et la définition sont très bons (même si certains plans paraissent accusent de nettes baisses de définition), les gammes de couleurs – principalement hivernales – sont bien rendues… C’est du joli travail. Du côté du son, la galette Blu-ray nous propose deux mixages DTS-HD Master Audio 2.0 d’origine, à la fois pour la version française et pour la version originale. Le rendu acoustique est équilibré et propre, et propose de fait une immersion au cœur du film nette, fine et précise. La VF comporte un léger souffle.

Rayon suppléments, l’éditeur nous propose donc à nouveau un livret de 24 pages signé Marc Toullec et intitulé « SOS Père Noël ». On aura également la possibilité de voir le film dans sa version non censurée (VOST uniquement), qui nous donne à voir trois minutes supplémentaires de sexe et de violence. Les différences entre les deux montages du film sont détaillées sur le site de référence Movie Censorship.

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