Critique Express : 5 hectares

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5 hectares 

France : 2023
Titre original : –
Réalisation : Emilie Deleuze
Scénario : Emilie Deleuze, Marie Desplechin, Patricia Mazuy
Interprètes : Lambert Wilson, Marina Hands, Laurent Poitrenaux
Distribution : Paname Distribution
Durée : 1h34
Genre : Comédie
Date de sortie : 27 décembre 2023

1/5

Synopsis : Qu’est-ce qui conduit un homme établi à mettre en péril son confort, sa carrière et son couple ? La passion, d’autant plus brûlante qu’elle est tardive, pour cinq hectares de terre limousine. Mais la terre se mérite, surtout quand on vient de la ville. Voilà Franck précipité dans la quête du Graal. Il lui faut un tracteur.

Bien souvent, une critique est à l’image de l’œuvre concernée ou, pour être plus  plus honnête, à l’image de ce qui a été a perçu, de ce qui a été globalement retenu de l’œuvre concernée. En clair, il est infiniment probable que la critique d’un film qui a été perçu comme étant très riche, et ce quel que soit le domaine dans lequel se situe cette richesse, sera beaucoup plus riche que la critique d’un film qui a été perçu comme étant d’une grande pauvreté dans tous les domaines. Prenons le cas de 5 hectares, le nouveau film d’Emilie Deleuze : Quand on aura écrit que c’est l’histoire de Franck, un chercheur scientifique, un citadin de 50 ans, marié à une hôtesse de l’air, qui, entré en possession d’une maison à la campagne et d’un terrain de 5 hectares, s’obstine à penser que le seul moyen lui permettant de gagner l’estime de son voisin, un véritable paysan, et de parler d’égal à égal avec lui, consiste à acquérir un tracteur d’occasion, on n’aura pas grand chose d’autre à écrire. Bien sûr, de la même façon que le fait le film, on pourra se permettre, en étant très charitable, de bien racler le fond de la casserole en rajoutant que 5 hectares cherche peut-être aussi à être un film sur les rapports souvent tendus entre les néoruraux et les paysans. Peut-être, mais si peu et si maladroitement !

Non, en fait, ce qu’on retient surtout des anecdotes qui viennent meubler le film pour lui permettre d’atteindre la durée de 94 minutes, c’est que la réalisatrice arrive à caser la fameuse et dorénavant indispensable scène de « trémoussage » en utilisant un homme tout seul, en pleine campagne, au bord d’une rivière. Chapeau, l’artiste ! En plus, ce ne sera pas la seule dans le film.  On retient aussi qu’on peut ressortir très tranquillement d’une gendarmerie, sans aucune poursuite, après avoir foncé en tracteur sur des gendarmes. Qu’est-il arrivé à Emilie Deleuze, fille du grand philosophe Gilles Deleuze, et à ses 2 coscénaristes Marie Desplechin et Patricia Mazuy, pour nous proposer un film aussi creux ? Emilie Deleuze est pourtant loin d’être une débutante et Jamais contente, son film précédent, avait beaucoup de qualités. Qu’est-il arrivé à Lambert Wilson pour qu’il accepte de cabotiner sans vergogne durant tout un film ? Notons simplement qu’il avait déjà tenu un rôle assez proche de celui de Franck dans Les choses simples d’Eric Besnard, cette fois là sans forcer son jeu de façon excessive et … ridicule. Quant à Marina Hands, qui joue l’épouse de Franck, ce n’est pas la peine de se poser une question sur sa présence dans ce film tellement son rôle est anecdotique. Lorsqu’on apprend que Emilie Deleuze et Patricia Mazuy se vantent de ne pas avoir tourné des scènes qui, pour elles, « faisaient téléfilm », on ne peut s’empêcher de leur dire qu’il y a, et c’est heureux, de nombreux téléfilms dont la qualité cinématographique est très largement supérieure à 5 hectares. Lorsqu’on apprend que, lors de rencontres avec des spectateurs, Emilie Deleuze ose rapprocher son film de Une histoire vraie, le véritable « petit » bijou de David Lynch, on se demande si il faut rire ou si il faut pleurer. En fait, de ce désastre cinématographique, on ne sauvera que la musique, composée, jouée et chantée par Bobby Gillespie, le leader du groupe écossais Primal Scream.

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