Test Blu-ray : Cop

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Cop

États-Unis : 1988
Titre original : –
Réalisateur : James B. Harris
Scénario : James B. Harris
Acteurs : James Woods, Lesley Ann Warren, Charles Durning
Éditeur : BQHL Éditions
Durée : 1h50
Genre : Policier, Thriller
Date de sortie cinéma : 25 janvier 1989
Date de sortie DVD/BR : 27 juillet 2021

Dévoré par son métier, cynique et violent, le sergent Lloyd Hopkins de la Brigade criminelle de Los Angeles enquête sur l’assassinat d’une femme dans un luxueux appartement d’Hollywood. Un acte isolé à première vue, mais la découverte d’un poème écrit en lettres de sang par le tueur oriente le policier vers une série de meurtres commis quinze ans plus tôt et obéissant tous à un abominable rituel de tortures. Dans son élément au coeur de ce marigot peuplé de prostituées, de dealers et de vicelards de la pire espèce, Hopkins prend vite conscience qu’il se frotte cette fois à un tueur très différent des autres. Un esthète en son genre…

Le film

[4,5/5]

Si la carrière de James Woods marquera sans doute de son empreinte l’histoire du Cinéma grâce à ses rôles dans des films tels que Il était une fois en Amérique, Casino ou Salvador, il y a en revanche de fortes chances pour que les cinéphiles un peu plus déviants mettent au-dessus de tout le reste trois rôles emblématiques – trois personnages « cultes » qui l’ont immédiatement placé au panthéon des plus grands acteurs de sa génération. Le premier, bien sûr, c’est Max Renn, le héros du chef d’œuvre de David Cronenberg Videodrome. Le deuxième, c’est Jack Crow, personnage principal du Vampires de John Carpenter. Et le troisième, c’est Lloyd Hopkins, le personnage récurrent de James Ellroy, à qui il prêtait ses traits burinés dans le très impressionnant Cop de James B. Harris – un petit trésor de polar hardcore ressorti en Blu-ray chez BQHL Éditions l’été dernier.

Retour donc dans les années 80, à une époque où les exécutifs Hollywoodiens semblaient bien déterminés à faire de James Woods une star. Malheureusement, la recette n’a jamais pris : même si James Woods a toujours été un acteur respecté par la critique et par ses pairs, il n’a jamais réussi à « percer », à devenir un acteur populaire de premier plan. Une quarantaine d’années plus tard néanmoins, il nous reste, comme pour nous consoler, une petite série de thrillers qui tentaient de tirer le meilleur parti de son charisme, de son énergie et de son autorité naturelle à l’écran. Le film le plus impressionnant d’entre eux est sans aucun doute Cop, dans lequel il incarnait un flic pour le moins borderline tiré de la « trilogie Lloyd Hopkins », écrite par James Ellroy entre 1984 et 1986.

Cop est donc l’adaptation de « Lune sanglante », le premier roman d’Ellroy mettant en scène le personnage de Lloyd Hopkins : un roman si cru et violent qu’il s’était vu refusé par 17 maisons d’édition aux États-Unis avant, finalement, d’être publié en 1984. Forcément, l’adaptation du roman ayant été faite par James B. Harris fait énormément de concessions par rapport à la violence du matériau original : beaucoup de détails sordides sont adoucis, la fin est très différente, et James B. Harris fait également le choix de s’écarter de la narration du livre, qui alternait, d’un chapitre à l’autre, les points de vue de l’enquêteur et du tueur psychotique. Deux personnages reliés par la violence et les obsessions, qui composaient au final les deux faces d’une seule et même pièce, de façon à souligner la violence de la ville de Los Angeles.

D’une façon très différente, Cop se concentrera au contraire uniquement sur le personnage de Lloyd Hopkins : James Woods est présent dans l’intégralité des plans du film, et le spectateur le suivra au cœur du cloaque d’une ville enfiévrée et folle. A ses côtés, le public aura l’occasion de relier les pièces du puzzle au même rythme que l’enquêteur. Si son ombre maléfique plane sur tout le métrage, le tueur n’est ainsi jamais montré : le public sera uniquement confronté aux scènes de crime, horribles, et le reste sera laissé à son imagination. L’effet est très efficace, et permet une identification parfaite au personnage du héros incarné par James Woods : la montée en tension est telle que l’on a même du mal à imaginer comment le récit aurait pu s’orienter vers une autre fin que celle « inventée » pour l’occasion par James B. Harris, très différente de celle du roman. Beaucoup d’amateurs des récits d’Ellroy dénoncent le fait que le final de Cop est un contresens absolu par rapport à l’œuvre originale, et ils ont raison ; cela dit, dans le contexte de la « réimagination » du récit qui nous est proposée ici, elle fonctionne parfaitement.

Le fait que le tueur soit absent durant la quasi-totalité du métrage est donc, paradoxalement, une des grandes forces de Cop. Et pourtant, on peut clairement affirmer sans se tromper que cela n’était pas le cas au départ. En effet, deux photos d’exploitation du film, utilisées dans différents pays du monde afin d’en assurer la promotion en 1988, montrent des scènes ayant été tournées mais finalement écartées du montage final. L’une d’entre elles montre une des victimes du tueur noyée dans une piscine, tandis que l’autre, encore plus explicite, représente le tueur, travesti en femme, une scie à métaux à la main, agenouillé aux côtés d’une autre femme qu’il vient de tuer. Ces deux scènes ont peut-être été coupées suite au passage du film devant la commission de censure ou suite à des projections-test.

Il est en effet difficile d’imaginer comment, en 1988, Cop aurait pu davantage verser dans le sordide et le malsain, et pourtant, il y a de fortes chances pour que le film tel qu’il fut monté à l’origine en aurait encore ajouté une louche dans le sadisme, le craspec et même l’homophobie (mais le bouquin d’Ellroy était encore pire à ce niveau-là). A moins que cela ne soit, justement, la décision de James B. Harris de couper toutes les séquences avec le tueur qui ait encore amplifié l’impact de cette atmosphère cradingue et étouffante ? En tous cas, le fait que Cop s’impose, tel qu’il est, comme un sacré morceau de péloche, aussi malsain que fascinant.

A moins peut-être aussi que le pouvoir de fascination de Cop ne soit du à l’attraction qu’opère inévitablement sur nous le magnétisme animal de James Woods, absolument génial en flic borderline et obsédé par un métier qu’il exerce comme une véritable « mission ». Comme à son habitude, James Woods râle, éructe, s’emporte et balance de véritables bordées d’injures, mais son personnage représente, comme souvent avec lui, une espèce de quintessence de la « cool-atttitude » la plus charismatique. Ainsi, dès qu’une femme passe dans le cadre, il passe en mode séduction, avec la vélocité et le talent qu’on lui connaît, brûlant ses lignes de dialogues à toute vitesse et ne laissant que peu d’espace aux autres acteurs (Charles Durning, Lesley Ann Warren…) pour exprimer leur talent.

Le Blu-ray

[4/5]

Quel plaisir de revoir Cop en Haute-Définition ! Le film de James B. Harris est donc l’été dernier en Blu-ray sous les couleurs de BQHL Éditions, qui nous propose de redécouvrir cette perle noire dans des conditions inédites. L’attente a été longue depuis la sortie du DVD du film chez Opening en l’an 2000, mais le résultat est globalement à la hauteur de nos attentes : l’image est très satisfaisante, et même si quelques taches et autres poussières subsistent, le master est d’une stabilité impeccable. Le transfert respecte par ailleurs à la lettre la forte granulation argentique d’origine, mais la définition et le piqué sont au rendez-vous : l’upgrade est bien réel et ravira les nombreux fans français du film. L’encodage ne nous réserve aucune mauvaise surprise. Côté son, les deux mixages (VF/VO) encodés en LPCM Audio 2.0 et proposent des dialogues dynamiques et bien équilibrés.

Du côté des suppléments, le Blu-ray de Cop comporte une très intéressante présentation du film par François Guérif (36 minutes). Comme à son habitude, son propos sera axé sur la comparaison entre le livre de James Ellroy et le film. S’il reconnaît volontiers que James B. Harris signe avec Cop une adaptation extrêmement libre du roman, il trouve en revanche que le film comporte beaucoup de qualités, contrairement par exemple à un film tel que Le Dahlia noir. Il expliquera également que James Ellroy n’aime pas beaucoup Cop, mais que ce dernier n’aime en général pas du tout les adaptations qui sont faites de ses œuvres.

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