Cache cash
France : 1994
Titre original : –
Réalisation : Claude Pinoteau
Scénario : Claude Pinoteau, Jean Veber
Acteurs : Joséphine Serre, Aurélien Wiik, Jean-Claude Dreyfus
Éditeur : Gaumont
Durée : 1h28
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 9 février 1994
Date de sortie DVD/BR : 12 juin 2019
Antoine, 11 ans, est en vacances en Sologne chez son grand-père, et se lie d’amitié avec Lisa, une petite fille elle aussi en vacances. Une nuit, du haut de sa cabane, il surprend des voleurs en train de cacher leur butin sur l’île d’un étang. Antoine s’empare des 40 millions, et s’enfuit avec Lisa…
Le film
[3,5/5]
Au fil des films et des années, Claude Pinoteau s’était imposé comme le fier artisan d’un certain cinéma populaire et familial à la française, très attaché au monde de l’enfance et de l’adolescence. Il n’est donc finalement pas si étonnant de retrouver son nom au générique de Cache cash, récit de coming of age teinté de comédie et d’aventures, sorti sur les écrans début 1994.
Navigant à la lisière de la comédie de mœurs et du film d’aventures cartoonesques (on sent nettement l’influence des Goonies et des productions Amblin Entertainment), Cache cash n’a malheureusement pas rencontré son public dans les salles obscures lors de sa sortie : seulement 25.000 français avaient fait le déplacement afin de suivre les aventures d’Antoine et Lisa, deux gamins d’une dizaine d’années se retrouvant à la tête d’un magot de 40 millions de francs.
Les difficultés qu’a pu avoir le film à convaincre le public il y a vingt-cinq ans viennent probablement du refus de Pinoteau de se fixer sur un genre ou une tonalité bien précise. A l’origine du film, il y avait un roman de Guy Lagorce, « Les dieux provisoires ». Si le roman prenait bien place dans la chaleur de l’été et suivait les premiers émois amoureux et sexuels de deux adolescents, si la narration développait volontiers un certain humour, la ligne directrice du récit virait finalement plutôt du côté du polar, assez noir, voire même par moments carrément sordide. Le côté malsain du roman, Claude Pinoteau a choisi de le mettre presque totalement de côté. Si l’on excepte la mort (supposée) du personnage de Claire, assassinée par le psychopathe Max, Cache cash concentrera globalement sa narration sur les aventures estivales de deux gosses, évoluant dans un monde relativement fantaisiste, peuplée d’animaux gentils – un faon, des oiseaux, un sanglier qui boit du coca – et de personnages farfelus. On croisera donc au cœur du film un cousin amateur de cor et de femmes, des loubards de pacotille ou encore une nounou à la force surhumaine, capable d’assommer un veau d’un coup de poing… Même le psychopathe Max devient un méchant de cartoon, excessif et comique : Jean-Claude Dreyfus, alors au top de sa popularité grâce à Delicatessen (1991) et aux publicités pour la marque « Marie » (il a incarné Monsieur Marie sur le petit écran de 1986 à 2001), lui confère d’ailleurs une fébrilité aussi hilarante qu’efficace.
Mais au final, c’est peut-être également cette volonté de refuser d’entrer dans une case ou un genre précis qui fait que Cache cash n’a pas tellement vieilli, et demeure toujours aujourd’hui un charmant petit divertissement. Au casting, aux côtés de Jean-Claude Dreyfus, on trouvera dans le rôle des enfants Aurélien Wiik, qui n’a jamais réellement arrêté de tourner depuis, et Joséphine Serre, dont le visage dira quelque chose au téléphages les plus éclectiques : elle a en effet incarné le rôle de Babou, la fille de Véronique Genest dans la série Julie Lescaut, entre 1992 et 2004, puis dans le dernier épisode de la série en 2014, réalisé par René Manzor (36 15 code Père Noël). Mais le film de Pinoteau comptait également quelques autres acteurs confirmés : on notera la présence de Jean-Pierre Darroussin, dont la côte de popularité n’avait pas encore explosé, ainsi que des regrettés Michel Duchaussoy, Georges Wilson et Jean Carmet, dans de petits rôles remarqués.
Le Blu-ray
[4,5/5]
Incroyable mais vrai : Cache cash connaît donc aujourd’hui les honneurs d’une sortie pour le moins inattendue en Blu-ray, sous les couleurs de Gaumont. Le film de Claude Pinoteau intègre en effet la vingt-huitième vague de la collection « Blu-ray Découverte » (également appelée « Gaumont découverte en Blu-ray ») et s’offre pour l’occasion un joli ravalement de façade visuel et sonore.
Comme d’habitude avec Gaumont, Cache cash a bénéficié d’une restauration impressionnante et affiche aujourd’hui une forme insolente sur format Blu-ray, malgré les années qui nous séparent de sa sortie en salles. L’image est d’une belle stabilité, le grain d’origine est scrupuleusement respecté, le piqué est d’une étonnante précision et les contrastes pointus accentuent l’impression de profondeur de l’ensemble. Une réussite totale. Les couleurs sont belles et naturelles, la gestion des noirs et des contrastes est globalement satisfaisante, même si les noirs manquent un peu de tranchant sur certains passages. Côté son, le film de Claude Pinoteau est proposé dans un mixage DTS-HD Master Audio 2.0 propre et clair, restituant parfaitement les dialogues et la musique du film. On notera également la présence d’un mixage DTS-HD Master Audio 5.1 ne dénaturant pas le matériau d’origine, proposant une spatialisation « d’ambiance » donnant un peu plus de relief à la bande originale du film signée Vladimir Cosma.
Côté suppléments, outre la traditionnelle bande-annonce, Gaumont nous propose de nous plonger dans un passionnant documentaire sur Claude Pinoteau, intitulé « Claude Pinoteau, par amour du cinéma » (David Maltese & Pascal Galopin, 2019). Très complet, ce portrait d’une durée d’un peu moins d’une heure contient de nombreuses interviews d’archives couplées à de nouveaux entretiens. On aura donc le plaisir d’entendre s’exprimer Claude Pinoteau lui-même, mais également – entre autres – Sophie Marceau, Charles Berling, Vladimir Cosma, Jean-Loup Dabadie, Brigite Fossey, Costa-Gavras, Claude Lelouch ou Aurélien Wiik. Du très beau travail dédié à un cinéaste trop souvent considéré comme mineur !