Test Blu-ray : Body Trash

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Body Trash

Australie : 1993
Titre original : Body Melt
Réalisation : Philip Brophy
Scénario : Philip Brophy, Rod Bishop
Acteurs : Gerard Kennedy, Andrew Daddo, Ian Smith
Éditeur : Rimini Éditions
Durée : 1h23
Genre : Horreur
Date de sortie DVD/BR : 16 mai 2025

Une nouvelle vitamine est testée en secret sur les habitants d’une petite ville australienne, alors que les précédents tests se sont révélés mortels. Le chercheur qui a découvert la molécule tente de donner l’alerte, mais, contaminé, il décède dans des circonstances atroces. Deux policiers mènent l’enquête, tandis que mutations, effets secondaires violents et hallucinations se multiplient dans la population…

Le film

[3,5/5]

Sorti dans les salles françaises en 1993, Braindead n’obtint logiquement qu’un petit succès d’estime auprès des fans de cinéma gore (un peu plus de 132.000 entrées), mais en revanche, il fit un immense carton en VHS. De ce fait, les éditeurs vidéo se mirent à rechercher activement la prochaine sensation du genre, ce film qui serait capable de rivaliser avec le film de Peter Jackson sur son propre terrain, celui du « film le plus gore de tous les temps ». La mission était ardue, d’autant que selon beaucoup de cinéphiles, que cela soit d’hier ou d’aujourd’hui, Braindead s’avère tout simplement indépassable dans son créneau. Pour autant, au milieu des années 90, les éditeurs vidéo cherchaient inlassablement la pépite dégueulbif qui reprendrait le flambeau à Peter Jackson, et c’est dans ce contexte que Body Trash débarqua au format VHS en 1996, distribué sous les couleurs de Gaumont Columbia Tristar Home Video, un éditeur habituellement peu enclin à pourvoir de la série B aux amateurs de frissons SF et/ou horrifiques.

Le contexte est parfois important dans la découverte d’une œuvre de cinéma, et dans le cas de Body Trash, le fait qu’il soit quasi-systématiquement mis en comparaison avec Braindead avait contribué à accentuer fortement les défauts du film de Philip Brophy : ce dernier gagne donc forcément à être redécouvert avec un peu plus de trente ans de recul. Il faut déjà noter qu’il s’agit d’un film australien, ce qui n’est pas si courant. Et si Philip Brophy multiplia les casquettes sur le tournage en se chargeant tout à la fois de la réalisation, du storyboard, du scénario, de la musique, du son et de quelques effets spéciaux, on admettra qu’il était entouré d’une solide équipe de techniciens, dont le travail permet aujourd’hui aux effets gore du film de conserver, en dépit des années, un aspect vraiment répugnant. On ne peut également qu’apprécier l’esprit frondeur, voire même bête et méchant, qu’il développe tout au long de son intrigue, mais le fait est qu’en dépit des qualités dont il fait preuve, Body Trash souffre de problèmes de rythme qui tendent à amoindrir un peu l’impact du délire gerbant qu’il aurait pu nous proposer.

A l’origine, le scénario de Body Trash était conçu sur le modèle du film à sketches, nous racontant plusieurs histoires macabres qui n’avaient, on imagine, pas forcément de lien les unes avec les autres. Décision fut donc prise de lier l’ensemble à des expérimentations scientifiques liées au « Vimuville », une nouvelle vitamine testée secrètement sur les habitants de la petite ville de Pebbles Court. Malheureusement, plutôt que de repenser sa narration en y ajoutant un véritable fil conducteur ou un personnage central faisant le lien entre les différentes sous-intrigues, Philip Brophy maintient une distance entre les différentes histoires, s’attaquant à un groupe de personnages à la fois, parfois sans même chercher à les lier à l’intrigue tournant autour du Vimuville – on pense notamment à l’histoire de Pud et de sa famille de mutants, qui prend place dans l’Outback australien, et qui s’avère paradoxalement un des segments les plus réjouissants du film.

Pour autant, à force d’être morcelée dans tous les sens, la progression de l’intrigue est lente, s’attardant à tour de rôle sur différents habitants de Peebles Court, sans jamais parvenir à créer une montée progressive de panique qui mènerait à un climax sous forme de gros délire gerbax. Ce manque de « liant » est d’autant plus dommage que comme on l’a déjà dit plus haut, le spectacle qui nous est proposé par Body Trash sur ses scènes gore est vraiment saisissant, versant dans le « Body Horror » le plus craspec avec l’énergie du désespoir. Les veines d’un homme lui sortent par la bouche, la langue d’une femme grossit jusqu’à l’étouffer, un fœtus traverse le ventre de sa mère, un mec enrhumé finit par se noyer dans sa propre morve, etc, etc. Ça fond, ça gicle, ça explose, et les effets spéciaux très réussis pourront assurément provoquer des nausées chez le spectateurs les plus sensibles.

Le Blu-ray

[4/5]

Troisième sortie à intégrer les rangs de la collection « Angoisse » de Rimini Éditions en 2025, Body Trash débarque donc dans une belle édition Blu-ray qui nous est, comme d’habitude avec l’éditeur, présentée dans un beau boîtier Digipack 3 volets surmonté d’un fourreau. Le Combo Blu-ray + DVD contient également le traditionnel livret inédit de Marc Toullec : impeccable pour remplacer votre antique DVD Seven7 sorti en 2001.

Côté master, Rimini nous propose un transfert en tous points remarquable : stable et propre, respectant parfaitement le grain d’origine et proposant des contrastes parfaitement gérés. Du beau travail, même si quelques petites imperfections subsistent occasionnellement. Côté son, l’éditeur nous propose une version originale en DTS-HD Master Audio 2.0, ainsi qu’un mixage DTS-HD Master Audio 5.1, s’épanouissant plutôt bien en multicanal. L’ensemble s’avère parfaitement enveloppant et la répartition des sons s’avère assez naturelle, avec un bon équilibrage entre les dialogues et les effets sonores. La VF nous est quant à elle proposée en DTS-HD Master Audio 2.0, dans un mixage sans souffle ni bruits parasites. Les dialogues sont parfaitement clairs, et les sous-titres ne souffrent d’aucun problème particulier : c’est tout simplement parfait.

Côté suppléments, l’éditeur nous propose tout d’abord un très beau livret de 24 pages, nous donnant à voir quelques photos ainsi qu’un passionnant retour sur la genèse et le tournage du film, le tout étant signé par le prolifique Marc Toullec. Sur le disque à proprement parler, on trouvera une présentation du film par Lilyy Nelson (16 minutes). La rédactrice du « Blog du Cinéma » y reviendra sur la carrière de Philip Brophy et les liens entre Body Trash et son film précédent. Elle replace le film dans l’histoire du cinéma australien et de la « Ozploitation », et souligne que le film mélange le Body Horror et l’Aerobicsploitation. Intéressant.

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