Test Blu-ray : Body double – Édition « Ultra Collector »

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Body double – Édition « Ultra Collector »

 
États-Unis : 1984
Titre original : –
Réalisateur : Brian De Palma
Scénario : Brian De Palma, Robert J. Avrech
Acteurs : Craig Wasson, Melanie Griffith, Deborah Shelton
Éditeur : Carlotta Films
Durée : 1h54
Genre : Thriller
Date de sortie cinéma : 20 février 1985
Date de sortie DVD/BR : 2 décembre 2015

 

 

Acteur de seconde zone, Jake Scully se retrouve à la rue quand il surprend sa petite amie au lit avec un autre. En écumant les castings de Los Angeles, il fait la connaissance de Sam Bouchard qui lui fait une proposition intéressante : garder la luxueuse demeure d’un ami durant son absence. Profitant de la vue panoramique, Jake observe sa riche et charmante voisine Gloria se livrer à des jeux érotiques. Mais son activité de voyeur va se révéler plus dangereuse qu’il n’y paraît…

 

 

Le film

[5/5]

Si chacun reconnaitra sans trop de difficultés que Phantom of the Paradise est le vrai chef d’œuvre de la riche filmographie de Brian de Palma (si vous me permettez cet aparté, il est d’ailleurs longtemps resté mon film préféré, avant la découverte de Robocop), Body double occupe tout de même une place particulière dans la carrière du cinéaste barbu, et fonctionne toujours, trente ans après, de façon troublante chez le spectateur, déstabilisante, presque charnelle. Le principe d’identification y marche à fond les ballons, et De Palma enquille à l’écran les cauchemars, angoisses et obsessions d’une partie du public… Au point que certains en auront presque du mal à en visionner certaines séquences. Du trauma initial aux lubies malsaines de son héros, une poignée de spectateurs « vivra » à chaque vision Body double comme une expérience profondément réaliste (surtout durant sa première moitié), vraiment hypnotique et dérangeante, quand d’autres pourront littéralement passer à côté du métrage en repoussant d’un revers de la main ses aspects les plus grotesques.

Mais les nombreux défauts et fautes de goût du film (telles que ce long passage rythmé sur l’air de « Relax » des Frankie goes to Hollywood), ses dérives formelles le transformant par passages en relecture kitsch du cinéma de Hitchcock, la façon dont il lorgne par moments sur le bis (tout en y ajoutant sa superbe maestria technique, comme le montre par exemple la séquence de « double-filature »), tout cela concourt à rendre Body double fatalement plus déviant et moins universel que son Phantom… Mais le film demeurera à jamais, pour ceux qui goûtent à ce cinéma un peu foutraque, un des plus gros morceaux de cinéma qui puisse être livré à leurs yeux avides de sensations fortes.

 

 

Le coffret Blu-ray

[5/5]

A l’occasion de la sortie en Blu-ray de Body double, Carlotta Films a eu la riche idée de créer une nouvelle collection de galettes HD, sobrement appelée « Édition ULTRA COLLECTOR » et dont le film de Brian De Palma constitue le premier numéro. Il s’agit d’une édition limitée, numérotée à 3 000 exemplaires, dont le visuel a été créé exclusivement pour cette édition par le talentueux Jay Shaw, illustrateur pour le formidable site Mondo.

Avant d’aborder la qualité du transfert en lui-même, tiré d’un master haute définition 4K restauré, on notera déjà la classe de cet imposant coffret, contenant un gros livre (200 pages tout de même) et inédit en France, « Double De Palma », récit du tournage du film par Susan Dworkin, auquel l’éditeur a ajouté rien de moins que cinquante photos inédites, dénichées aux archives de Sony à Los Angeles. Le livre est présenté comme un vrai livre de cinéma, avec une belle couverture cartonnée, glissé dans un étui à l’italienne (voir visuel ci-dessous). On a donc entre les mains un véritable et bel objet de collection, auquel l’éditeur nous a donc rajouté près d’une heure et demie de suppléments sur lesquels nous reviendrons dans un instant (ne soyez donc pas si impatients).

 

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Le master proposé par Carlotta Films a été signé par « LA » star mondiale de l’encodagehaute définition (!!??!), j’ai nommé David Mackenzie. S’il est probablement loin d’être le seul au monde à savoir superviser un encodage numérique, force est d’admettre que le gars connait son affaire, et que Body double s’affiche ici sous son meilleur jour. Et dès les premiers plans, on constatera que le boulot de restauration a été fait avec soin : le bond qualitatif par rapport à l’édition DVD disponible en France depuis l’an 2000 (la préhistoire !) est vraiment saisissante. Le grain d’origine est bien là, le piqué est d’une belle précision, et les couleurs -et dieu sait s’il y en a quand De Palma se lâche dans le kitsch- sont éblouissantes. Bref, on est en présence d’un très beau Blu-ray. Côté son, c’est la classe également : la VO est proposée au choix dans un mixage DTS-HD Master Audio 5.1 à la spatialisation particulièrement fine ou en DTS-HD Master Audio 2.0 plus proche des conditions dans lesquelles on a pu découvrir le film en salles dans les années 80. La VF d’origine est également de la partie, dans un DTS-HD Master Audio 1.0 clair et sans problème.

Du côté des suppléments, et outre la traditionnelle bande-annonce en HD, l’éditeur nous propose une « préface » ou présentation du film signée Samuel Blumenfeld, dans laquelle il replace le film dans son contexte (une incartade Hitchcockienne à une époque où De Palma essayait de se démarquer de l’ombre du maitre). On poursuit avec « Pure Cinema », un long entretien avec Joe Napolitano, premier assistant réalisateur du film qui revient sur l’intrigue et les différents secrets du film – attention cependant aux nombreux spoilers qui émaillent ses propos. Enfin, la légende ès making of Laurent Bouzereau nous proposera également quatre featurettes revenant sur différents aspects du film (la séduction / la mise en scène / le mystère / la polémique), composant à elles quatre un brillant making of rétrospectif du film, durant les 52 minutes syndicales et laissant largement s’exprimer Brian De Palma, Melanie Griffith, Gregg Henry et Deborah Shelton. Est-il encore réellement besoin de préciser que cette édition ULTRA COLLECTOR est indispensable à tout cinéphile qui se respecte ?

 

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