Test Blu-ray : Backtrack (a.k.a Catchfire)

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Backtrack

États-Unis : 1990
Titre original : Catchfire
Réalisation : Dennis Hopper
Scénario : Rachel Kronstadt Mann, Ann Louise Bardach
Acteurs : Dennis Hopper, Jodie Foster, Joe Pesci
Éditeur : Carlotta Films
Durée : 1h40
Genre : Thriller
Date de sortie cinéma : courant 1990
Date de sortie DVD/BR : 7 juillet 2021

Anne Benton, une jeune artiste de Los Angeles, est témoin d’un meurtre orchestré par la mafia. Elle tente de trouver protection auprès de la police, mais les hommes de main du parrain ont déjà retrouvé sa trace. Anne parvient malgré tout à s’enfuir sous une nouvelle identité. Un tueur à gages nommé Milo est alors engagé pour débusquer et éliminer la jeune femme. Contre toute attente, cet homme sans pitié va tomber amoureux de sa cible…

Le film

[3/5]

Au fil des années, mois après mois, les Blu-ray / DVD édités par Carlotta Films se suivent, mais ne se ressemblent pas. Adepte du grand écart artistique, Carlotta fait en effet – et sans fausse honte – s’enchaîner coup sur coup les sorties « respectables » consacrées aux cinéastes salués par la critique internationale et les films lorgnant effrontément vers le « Bis » et l’exploitation la plus pure. Au final, Carlotta Films s’impose de fait comme éditeur bicéphale, que l’on pourrait même qualifier de schizophrène. On serait ainsi prêts à parier que parmi les têtes pensantes de chez Carlotta se cache un (ou des) cinéphage(s) né(s) entre 1975 et 1980 et bien désireux de remettre sur le devant de la scène cinéphile de petits films aujourd’hui oubliés, découverts entre 1985 et 1992, à la TV ou au cinéma.

La sortie ce mois-ci – et en exclusivité mondiale – de Backtrack en est une preuve éclatante. Qui en effet, à part une poignée de cinéphages acharnés, se souvient de ce petit film de Dennis Hopper, massacré en son temps, désavoué par le réalisateur lui-même, qui préféra le signer du pseudonyme d’Alan Smithee ? Même le très respectable site Encyclo-Ciné n’est pas capable de lui retrouver une date de sortie dans les salles françaises. Et pourtant, beaucoup de cinéphiles aujourd’hui âgés de 40/45 ans se souviendront d’avoir découvert le film de Dennis Hopper par le passé, soit en VHS sous le titre Catchfire, soit sous le titre Une trop belle cible dans la case de deuxième partie de soirée du samedi soir sur TF1, au cœur de la fameuse collection « Hollywood Night ».

Backtrack, alias Catchfire, alias Une trop belle cible, n’est ainsi pas tout à fait inconnu. De la même façon, on ne peut ignorer la « légende » tenace autour du film, dont le montage original durait trois heures, avant d’être raccourci à 1h56 dans sa version « Director’s cut », puis à 1h40 pour le montage que nous avons eu le loisir de découvrir dans les années 90. Ni tout à fait raté, ni tout à fait incohérent, Backtrack s’impose surtout avec le recul comme un « brouillon » de Hot spot, le film suivant de Dennis Hopper, même si l’hommage au Film Noir était beaucoup plus flagrant et réussi dans ce dernier.

Le principal problème de Backtrack dans le montage que l’on connaît est le revirement de situation central, qui donne vraiment l’impression que le personnage de Jodie Foster tombe éperdument amoureuse de son kidnappeur en l’espace d’un éclair. Qu’il s’agisse d’une illustration du syndrome de Stockholm ou la manifestation de sentiments réels, cette subite métamorphose du personnage tombe vraiment comme un cheveu sur la soupe. La maladresse de l’ensemble est encore amplifiée par un final en mode total « What The Fuck » voyant nos tourtereaux s’échapper d’une usine désaffectée en tenues ignifugées, ainsi que par le recours à une poignée de scènes censées renforcer le romantisme désespéré du personnage de Dennis Hopper. Durant celles-ci, il joue du saxophone en pleurant à chaudes larmes. Il n’y a point à douter que ces scènes se seraient sans doute mieux intégrées dans un ensemble plus vaste et plus contemplatif, mais elles peinent à convaincre dans le format étriqué d’un thriller à la « Hollywood Night ».

Les problèmes de Backtrack en termes de narration et de tonalité ne seront pas tous corrigés par le « Director’s cut » de Dennis Hopper, mais les 16 minutes supplémentaires apporteront néanmoins une fluidité supplémentaire à l’ensemble. Mais même malgré ses défauts, il est difficile de bouder son plaisir devant le film de Dennis Hopper, tant il s’avère au final attachant, en partie grâce à son casting quatre étoiles, composé entre autres de Joe Pesci, John Turturro, Vincent Price, Dean Stockwell, Fred Ward ou encore Charlie Sheen.

Le Blu-ray

[4/5]

C’est donc Carlotta Films qui nous propose ce mois-ci de (re)découvrir Backtrack, dans un beau Blu-ray proposé au format 1.85 respecté et encodé en 1080p. La grande particularité de cette édition est de nous permettre de découvrir au choix soit la version « cinéma » d’une durée de 1h40, soit la version « Director’s Cut » d’une durée de 1h56 (VOST uniquement). Vous pourrez vous rendre compte des différences entre les deux montages sur le site de référence Movie-Censorship. Côté image, le Blu-ray est très soigné, et impose une image de toute beauté : le piqué est précis, les couleurs et les contrastes sont solides, et le grain argentique a été scrupuleusement préservé, même s’il est naturellement un peu plus épais pendant les séquences nocturnes ou en basse lumière. Côté son, VO et VF d’origine sont proposées en DTS-HD Master Audio 1.0, mono d’origine. Pour les amateurs de dessins animés 80’s, le personnage de Jodie Foster est doublé par Céline Monsarrat, voix française de Bulma dans la série Dragon Ball.

Dans la section suppléments, on trouvera tout d’abord un documentaire sur la carrière de Dennis Hopper réalisé par Nick Ebeling (17 minutes) tout spécialement pour cette édition française de Backtrack. Non sans s’étonner en préambule de l’intérêt de Carlotta Films pour ce film en particulier, ce passionnant documentaire replacera le film dans la filmographie de Dennis Hopper, tout en nous proposant quelques propos de ses collaborateurs et amis. On continuera ensuite avec une sélection d’images volées sur le tournage (8 minutes), présentées sans le moindre commentaire, ainsi qu’avec un entretien avec Dennis Hopper qui nous présentera son impressionnante collection d’œuvres d’Art moderne (7 minutes). On terminera enfin avec la traditionnelle bande-annonce.

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