Test Blu-ray 4K Ultra HD : Silverado

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Silverado

États-Unis : 1985
Titre original : –
Réalisation : Lawrence Kasdan
Scénario : Lawrence Kasdan, Mark Kasdan
Acteurs : Kevin Kline, Scott Glenn, Kevin Costner
Éditeur : Sony Pictures
Durée : 2h13
Genre : Western
Date de sortie cinéma : 11 décembre 1985
Date de sortie DVD/BR/4K : 15 octobre 2025

A la fin du XIXe siècle, au Far West. Emmett se dirige vers Silverado. En cours de route, il vient en aide à Paden, un aventurier. Les deux hommes font équipe afin de délivrer Jake, le jeune frère d’Emmett. Bientôt, Mal, un cowboy noir se joint à la petite bande…

Le film

[4/5]

Sorti en 1985, Silverado n’a certainement pas révolutionné le western, mais il l’a réveillé d’une sieste un peu trop longue, comme un vieux shérif qu’on secoue pour lui rappeler que le saloon est en feu. De la sueur, de la poussière, du cuir tanné, des chevals, des acteurs de fou, du panache, une bande-son géniale, le tout filmé en Panavision. Lawrence Kasdan, qui avait déjà prouvé qu’il savait écrire (L’Empire contre-attaque, Les Aventuriers de l’arche perdue…), s’attaque ici à la mise en scène avec une générosité qui frôle parfois l’orgie visuelle. Silverado, c’est un peu comme si Sergio Leone avait pris un shot de Red Bull et décidé de faire un film avec – excusez du peu – Kevin Kline, Kevin Costner, Scott Glenn et Danny Glover. Quatre gars. Mais Silverado n’est pas seulement l’histoire de quatre types que tout oppose mais que le destin réuni : c’est aussi la grande réconciliation entre le western classique et le cinéma des années 80, époque où les cow-boys avaient disparu des écrans, comme les slips dans les vestiaires de la Star Ac’. Le film joue la carte du revival gentiment rigolard, mais sans jamais sombrer dans la parodie : les grands espaces sont là, les saloons aussi, les duels au soleil, les méchants shérifs, et les chevals bien sûr, qui galopent plus vite que les serveurs de Netflix un soir de finale de Ligue des Champions. Silverado, c’est le Far West à l’ère de la VHS triomphante, avec un soupçon de modernité et une bonne dose de nostalgie.

Mais Silverado ne se contente pas de faire du neuf avec du vieux. Il injecte dans ses veines poussiéreuses une énergie presque punk, portée par un casting qui s’amuse visiblement beaucoup. Kevin Kline, en cow-boy élégant et désabusé, semble tout droit sorti d’un western existentialiste. A l’inverse, Kevin Costner, lui, bondit partout comme un chiot sous amphétamines, dans un rôle de frangin tête brûlée en mode Speedy Gonzalez. Danny Glover, en tireur d’élite au cœur gros comme un bison, apporte une touche politique bienvenue, sans jamais tomber dans le prêchi-prêcha. Silverado, c’est aussi ça : un film qui parle de racisme, de justice et de rédemption, mais sans avoir l’air d’y toucher. C’est aussi un film sur l’amitié virile, celle qui se construit à coups de fusil, de regards entendus et de bières tièdes. Les quatre héros, chacun avec son passé cabossé, forment une sorte de boys band du Far West, version pré-Spotify. Et si l’on devait chercher une morale à Silverado, ce serait peut-être celle-ci : dans un monde où les lois sont faites par les plus forts, il faut parfois sortir son colt pour faire respecter la justice. Ou au moins pour se faire respecter au saloon. Ce n’est pas très woke, certes, mais c’est diablement efficace. Et puis, entre deux fusillades, il y a toujours un moment pour une petite réflexion sur la fraternité, la loyauté, et la difficulté de rester droit dans un monde qui penche comme une table de camping installée dans un terrain vague.

Silverado, c’est aussi un film qui parle de territoire. Pas seulement celui qu’on conquiert sur des chevals, mais aussi celui qu’on se construit à l’intérieur. Chaque personnage cherche sa place, son coin de prairie, son bout de ciel. Et dans cette quête, le film touche quelque chose d’universel : le besoin d’appartenance, de justice, de sens. Oui, même quand Kevin Costner saute d’un toit en hurlant comme un yéti sous LSD, il y a là une forme de poésie. Une poésie de la poussière, du sang séché et des bottes crottées. Une poésie qui dit que parfois, pour avancer, il faut tirer plus vite que son ombre, mais aussi savoir quand rengainer. En d’autres termes, Silverado assume ses codes, et les embrasse même avec la fougue d’un ado en rut devant une pub pour soutien-gorge push-up. Mais il est également capable de les détourner avec malice. Un western qui n’a pas peur d’être un western, et qui, mine de rien, en dit long sur l’Amérique, sur ses mythes, ses contradictions, et ses rêves de grandeur. Et ça, c’est pas donné à tout le monde. Même pas à ChatGPT, c’est dire.

Formellement, Silverado envoie du bois. Lawrence Kasdan filme les grands espaces avec une gourmandise, voire même une concupiscence qui frôle l’indécence. Les plans larges sont à tomber, les couchers de soleil feraient pleurer un influenceur Instagram, et les scènes d’action sont chorégraphiées avec une précision remarquable. La musique de Bruce Broughton, toute en cuivres héroïques et en envolées lyriques, donne à Silverado une ampleur quasi mythologique. On est loin du western crépusculaire à la Peckinpah : ici, la lumière est crue, les couleurs claquent, et même les balles semblent sortir d’un feu d’artifice. Et puis, il y a cette scène dans Silverado où les quatre compères, après avoir été séparés, se retrouvent dans un plan large. La caméra recule, les chevals hennissent, les regards se croisent, et on comprend que le western, ce n’est pas qu’une affaire de flingues et de chapeaux. C’est une affaire de mise en scène, de rythme, de souffle. Et là-dessus, Silverado assure comme un chaton sur un trampoline. Oui, c’est parfois un peu trop propre, un peu trop bien peigné pour un genre qui sent normalement la sueur et le whisky frelaté. Mais bon sang, quel plaisir de voir un film qui croit encore à la magie du cinéma, à la puissance du cadre, au pouvoir d’un bon vieux travelling latéral. Silverado nous rappelle que le western ne meurt jamais. C’est juste un genre qui dort, comme un vieux cow-boy dans un rocking-chair, prêt à dégainer dès qu’un réalisateur un peu couillu (ou un peu inconscient) décide de le réveiller. Et si aujourd’hui, entre deux recherches Google sur « iPhone 17 Pro Max » et « comment faire un risotto sans riz », on se pose la question de ce qu’est un bon film d’aventure, Silverado vous apportera la réponse tant attendue. Parce qu’il a ce truc rare : il donne envie de croire à nouveau aux grands espaces, aux causes perdues, et aux types qui tirent droit, même quand tout le monde leur dit de baisser les yeux.

Le Blu-ray 4K Ultra HD – Édition Collector limitée

[5/5]

Sorti chez Sony Pictures dans une édition Blu-ray 4K Ultra HD qui sent bon le cuir et le HDR10, Silverado retrouve le chemin de notre salon, et par la même occasion une nouvelle jeunesse. L’image, tout d’abord, est un petit miracle de restauration. Le grain pellicule est respecté, les contrastes explosent comme un baril de TNT dans un saloon, et les couchers de soleil n’ont jamais été aussi flamboyants. L’étalonnage HDR10 + Dolby Vision fait des merveilles sur les scènes nocturnes, avec des noirs profonds comme un puits sans fond (ou comme la carrière de Steven Seagal, au choix). Les détails sur les costumes, les visages burinés et les paysages désertiques sont d’une précision chirurgicale, sans jamais trahir l’esthétique d’origine et la photo de John Bailey. Côté son, la VO en Dolby Atmos envoie du lourd. Les balles sifflent, les sabots des chevals martèlent le sol, et la musique de Bruce Broughton prend une ampleur symphonique qui ferait passer Hans Zimmer pour un joueur de flûte en plastique. La spatialisation est exemplaire, avec une belle dynamique et une clarté qui permet de savourer chaque réplique, même celles marmonnées entre deux gorgées de whisky. La VF en Dolby Digital 5.1 fait le job, sans éclat mais avec une certaine dignité, comme un vieux cow-boy qui sait qu’il ne gagnera pas le duel mais qui vient quand même.

Côté bonus en revanche, c’est le service minimum : une bande-annonce, et basta. Bon, c’est bien pour les distraits qui voudraient vérifier qu’ils ont acheté le bon disque, mais ça ne nourrit pas le cinéphile affamé. Pas de making of, pas de commentaire audio, pas même une interview de Kevin Costner expliquant pourquoi il court partout comme un lapin sous acide. Dommage, car un film comme Silverado méritait mieux. Mais bon, vu la qualité de la galette Katka, on ne va pas non plus faire la fine bouche : techniquement, cet upgrade 2160p de Silverado est une réussite. L’image est somptueuse, le son en VO est une claque auditive, et même si la VF reste en retrait, elle permet aux allergiques à l’anglais de profiter du film sans se sentir comme un touriste perdu dans Monument Valley. Pour les amateurs de westerns, de grands espaces et de fusillades chorégraphiées comme des ballets de plomb, cette édition est un must. Et pour les autres, c’est l’occasion de découvrir que le Far West, même en 1985, pouvait encore faire rêver… On notera par ailleurs que le Blu-ray 4K Ultra HD de Silverado édité par Sony Pictures est présenté dans un superbe SteelBook aux couleurs du film.

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