Test Blu-ray 4K Ultra HD : Rocky III – L’œil du tigre

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Rocky III – L’œil du tigre

États-Unis : 1982
Titre original : Rocky III
Réalisation : Sylvester Stallone
Scénario : Sylvester Stallone
Acteurs : Sylvester Stallone, Talia Shire, Mr. T
Éditeur : MGM / Warner Bros.
Durée : 1h39
Genre : Drame, Sport
Date de sortie cinéma : 12 janvier 1983
Date de sortie DVD/BR : 29 mars 2023

Rocky Balboa se fraie un chemin dans le cœur de millions de personnes et sa vie ne pourrait être meilleure. Mais lorsque « Clubber » Lang met Rocky KO dans une défaite humiliante, il devient évident que « l’étalon italien » a perdu son avantage. Alors qu’il envisage de raccrocher les gants, Rocky reçoit les encouragements d’un allié improbable : son vieil ennemi juré, Apollo Creed. Avec l’aide de Creed, Rocky s’efforce de retrouver « l’œil du tigre » avant d’affronter Lang dans un match de reprise exténuant…

Le film

[3,5/5]

La tension broie les faibles, la technique de la pression, de l’effroi, pour les rois du bloc 3
Et tous deux se souviennent comme hier des premiers coups de cran d’arrêt au cinéma
A la sortie de Rocky III
Akhenaton, « Un brin de haine »

Chacun ses raisons de se souvenir de la sortie dans les salles de Rocky III – L’œil du tigre, mais le fait est que tous les cinéphiles ayant grandi dans les années 70/80 ont probablement un lien étroit avec le film de Sylvester Stallone. Immense succès dans les salles du monde entier (250 millions de dollars de recettes à l’international, trois millions d’entrées en France), ce troisième opus de la saga Rocky se démarquait des deux premiers par un certain nombre d’aspects.

La rupture la plus évidente avec les deux premiers films de la saga se situe dans son schéma narratif. Après un Rocky II s’étant posé comme un quasi-remake du premier opus, Sylvester Stallone ne pouvait plus jouer la carte du récit d’underdog, et nous refaire le coup de l’outsider qui finirait par remporter la victoire. Ainsi, dès les premières minutes de Rocky III – L’œil du tigre, Stallone nous présente l’avènement de Rocky : devenu boxeur professionnel, il enchaîne les combats et les victoires tout en remettant toujours en jeu son titre de champion du monde, sans jamais le perdre.

Le parallèle avec la carrière de Sylvester Stallone est évident : l’acteur est également devenu une star grâce à son rôle ; comme Rocky, il est au faite de sa gloire et est adulé dans le monde entier. Un grand changement pour cet acteur natif de Hell’s Kitchen ayant galéré tout au long des années 70 avant de se retrouver propulsé sur le devant de la scène. De fait, l’un des aspects les plus intéressants de Rocky III – L’œil du tigre réside dans la façon dont le scénariste / réalisateur amène au public la gloire inattendue qui met soudain Rocky sous les feux des projecteurs, et les questions soulevées par son « embourgeoisement ». La vulgarité et la versatilité du show business sont mises en avant, notamment à l’occasion d’une séquence d’entraînement durant laquelle Rocky pose pour les photos des fans entre deux séances de pompes.

Le regard de Sylvester Stallone sur le star-system est d’autant plus critique que la première demi-heure de Rocky III – L’œil du tigre nous apprendra également que ses matchs ont été « arrangés » par son entraîneur Mickey (Burgess Meredith). Une façon peut-être pour Stallone de souligner l’artificialité des rapports dans le monde du cinéma ! Toujours est-il qu’alors que celui-ci apprend qu’il a participé à des matchs truqués le jour même où la ville de Philadelphie lui offre une statue à son effigie, et qu’un nouveau challenger, Clubber Lang (Mister T.), le provoque en duel pour le titre de champion du monde. Après une cuisante défaite face au mastodonte Lang, qui coïncide narrativement – et de façon fort maladroite – avec la mort de Mickey, Rocky trouvera un nouvel entraîneur en la personne d’Apollo Creed, son adversaire dans les deux premiers films de la saga Rocky.

Après s’être rendu compte qu’il s’était fourvoyé dans ses choix de vie et de carrière, après avoir découvert qu’on l’avait berné en facilitant son maintien au sommet, Rocky revient donc aux racines de son sport en s’entraînant dur afin de retrouver la rage de vaincre qu’il avait lors de ses premiers combats, et alors qu’il s’entraînait dans les bas-fonds de Philadelphie en boxant sur des quartiers de bœuf. Cette rage, c’est bien sûr « l’œil du tigre » qui donne son titre au film. « L’œil du tigre, mec ! » comme le dit à plusieurs reprises le regretté Med Hondo, qui doublait Apollo Creed (Carl Weathers) dans la cultissime version française du film.

L’autre élément qui détone un peu au cœur de Rocky III – L’œil du tigre, surtout en comparaison des autres films de la franchise, c’est le traitement offert par Stallone au personnage du « méchant » du film, l’odieux boxeur Clubber Lang. Incarné par un Mister T. tout en mâchoires serrées, le boxeur est un des seuls protagonistes de la saga Rocky dont le spectateur ignorera tout ou presque. Il remplit parfaitement son rôle en tant qu’antagoniste principal, mais rien ne nous sera révélé sur son passé, sur sa vie, sur ses motivations. Il s’agit d’un chien fou au sein de la saga, sans famille, sans proches, mais également sans autre portée symbolique que la colère de ceux qui désirent atteindre le sommet.

Cette colère est d’ailleurs l’objet de toutes les séquences mettant en scène Mister T. dans Rocky III – L’œil du tigre, en dehors des deux scènes de combat bien évidemment. Interviewé par les médias, il dénonce un complot visant à l’empêcher de devenir le champion des poids lourds. S’il ne sera jamais réellement exploité dans le récit, cet élément est intéressant, dans le sens où il confirme définitivement le fait que Rocky ait été jusqu’alors un champion « fantoche », que l’on gardait au sommet de façon artificielle. La question est alors de savoir « qui » exactement décidait de laisser Rocky sur la première marche du podium.

Les accusations émises par le personnage de Clubber Lang pourront évidemment rappeler les saillies subversives qui nourrissaient, dans les années 70, des films tels que Rollerball (Norman Jewison, 1975) ou La Course à la mort de l’an 2000 (Paul Bartel, 1975), dans lesquels les « héros du peuple » étaient des leviers utilisés par les gouvernements afin de contenir et maîtriser les masses (un peu comme avec Zidane hier / Mbappé aujourd’hui à chaque coupe du monde de foot). Cela parait d’autant plus évident avec le recul que Sylvester Stallone tenait un rôle important dans La Course à la mort de l’an 2000.

Rocky III – L’œil du tigre sous-tend donc, en filigrane, que Rocky aurait été, au moins durant un temps, une marionnette agitée par un « Pouvoir » quelconque afin d’endormir les foules. Par analogie, le parallèle manifeste entre Sylvester Stallone et son personnage à l’écran renforce encore un peu plus l’idée selon laquelle le scénariste / réalisateur jetait vraiment un regard extrêmement acerbe sur l’usine à rêves Hollywoodienne – d’une façon d’autant plus cynique d’ailleurs que Sylvester Stallone se posait à l’époque comme un véritable porte-étendard du cinéma américain (et même plus largement de l’Amérique Reaganienne du début des années 80). Un sacré paradoxe pour un film toujours aussi efficace et attachant, en dépit de ses nombreux défauts d’écriture.

Le Blu-ray 4K Ultra HD

[4/5]

Après Rocky et Rocky II le mois dernier, c’est aujourd’hui au tour de Rocky III et Rocky IV de connaître les joies d’une sortie au format Blu-ray 4K Ultra HD en France, sous les couleurs de MGM et Warner Bros. Et ces nouveaux transferts 2160p nous proposent des présentations 4K parmi les plus naturelles et les plus impressionnantes que l’on ait pu voir à ce jour pour des titres de catalogue. Par ailleurs, il va sans dire que ces nouveaux transferts représentent manifestement un put*** de pas de géant technique par rapport aux versions Blu-ray des deux films, qui dataient de 2009. La restauration est étonnante, avec une nette amélioration du niveau de détail et des couleurs. Les textures et la stabilité de l’image sont solides, les contrastes sont plus fins et la technologie HDR modifie certaines scènes de manière subtile mais perceptible. La granulation argentique de l’ensemble a été précieusement préservée, du début à la fin du film, et on ne trouvera aucun signe de réduction du bruit ou de l’aspect épais du grain cinéma. Bref, cette nouvelle présentation 4K de Rocky III et Rocky IV proposera aux nostalgiques de retrouver le film dans des conditions identiques – voire même supérieures – à celles vécues dans les salles lors des présentations originales.

Côté son, les deux films bénéficient des mixages DTS-HD Master Audio 5.1 recyclés des éditions Blu-ray de 2009 : les mixages sont efficaces, et la spatialisation de l’ensemble en VO est fine et bien pensée. Les mixages en VF sont proposés en Dolby Digital 5.1, et s’avèrent un peu datés ; ces versions françaises raviront néanmoins les amateurs de doublage 80’s, notamment grâce aux voix d’Alain Dorval, Serge Sauvion, Jacques Dynam et Med Hondo.

On ajoutera par ailleurs que le Blu-ray 4K Ultra HD de Rocky III édité par Warner Bros. France et MGM nous est proposé dans un très beau Steelbook aux couleurs du film.

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