Test Blu-ray 4K Ultra HD : Matrix – Édition « Titans of Cult »

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Matrix – Édition « Titans of Cult »

États-Unis : 1999
Titre original : The Matrix
Réalisation : Lilly Wachowski, Lana Wachowski
Scénario : Lilly Wachowski, Lana Wachowski
Acteurs : Keanu Reeves, Laurence Fishburne, Carrie-Anne Moss
Éditeur : Warner Bros.
Durée : 2h16
Genre : Science-Fiction, Action
Date de sortie cinéma : 23 juin 1999
Date de sortie BR/4K : 2 février 2022

Dans un avenir proche, un pirate informatique du nom de Neo découvre que la réalité n’est qu’une immense simulation créée par la Matrice, réduisant l’espèce humaine en esclavage. Pour Morpheus, Neo est « l’élu », capable de mettre en échec la Matrice et ses féroces agents…

Le film

[5/5]

Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, on ne peut nier que Matrix a marqué son temps, et s’est même imposé comme une date dans l’histoire du cinéma et dans la culture populaire. Vingt ans après sa sortie dans les salles, on ne peut fermer les yeux sur le fait qu’il y a incontestablement eu un « Avant » et un « Après » Matrix dans le monde du divertissement, mais également dans le monde de la science-fiction, du cinéma d’action et même de l’industrie en général. Né et mis en boite à une époque où les grands studios ne comprenaient plus rien aux envies des spectateurs et enchainaient des blockbusters qui ne parvenaient plus à engranger de bénéfices suffisants, le film des ex-frères Wachowski a bénéficié d’une liberté ayant permis à ses créateurs de se lâcher et de nous livrer un film qui donnerait le « La » de la production cinématographique des dix années qui suivraient. Matrix est donc un film important et, quoi que l’on puisse penser de la production ultérieure des Wacho (en incluant les trois suites du film), son importance et sa popularité – ne s’étant jamais démentie au fil des ans – sont incontestables.

Pourtant, les Wachowski n’ont rien inventé avec Matrix. Qu’il s’agisse de l’intrigue, autant influencée par William Gibson que par l’animation japonaise, des scènes d’action câblées ou même du procédé dit du « Bullet time », tout existait déjà avant 1999. Mais la force des deux cinéastes a clairement été – et en cela, on rapprocherait presque Matrix de Naissance d’une nation de D. W. Griffith – de réunir l’utilisation de plusieurs procédés techniques novateurs au cœur d’une œuvre populaire : les thématiques, motifs, scènes d’action surréalistes et effets spéciaux et même la photo du film se verraient ainsi recyclés pendant de nombreuses années dans une quantité incroyable de films Hollywoodiens. Parallèlement, les personnages de Neo, Trinity et Morpheus sont également devenus de véritables icônes de la culture populaire, littéralement incontournables dès que l’on parle de science-fiction. En fait, depuis Terminator 2, le jugement dernier en 1991, aucun autre film n’avait autant marqué son époque par le style et l’innovation visuelle.

Il va sans dire également que Matrix est, depuis vingt ans, un des films ayant été le plus profondément étudié, analysé et décortiqué. On a donc déjà dit cent fois que le film s’impose comme une relecture cyberpunk de l’allégorie de la caverne de Platon. Ce dernier imaginait une poignée d’hommes (la société), enchaînés et immobilisés dans une caverne. Etant donné qu’ils sont enchaînés dos à l’entrée de la caverne, ils ne voient non pas des objets, mais l’ombre de ces objets, projetée contre le mur : ainsi, Platon démontre que s’ils croient voir la vérité, ils n’en voient en réalité qu’une apparence. Le discours de Matrix est le même : le film soutient la thèse selon laquelle la société de consommation et le train-train métro-boulot-dodo n’est qu’une illusion, asservissant les hommes par le biais des écrans, de la publicité, de l’illusion de la réussite matérielle, les réduisant presque à l’état de rats de laboratoire. Quelques années avant l’avènement des réseaux sociaux qui marquerait le premier signe de la fin des temps, Matrix appelait déjà son public à se réveiller (« Wake up, Neo ») et plus largement à se « déconnecter » de ce mode de vie.

Le tout bien sûr sur fond de scènes d’action dantesques et de punchlines mémorables (« Non lieutenant, vos hommes sont déjà morts »). Et qu’importe au final si l’intrigue de Matrix souffre d’un petit ventre mou et d’excès de dialogues un poil trop sentencieux en son milieu : un climax de quarante minutes d’action quasi-ininterrompue fera oublier au spectateur les petites longueurs qui l’ont précédé. Pour les fans du film, on ne saurait trop vous conseiller la lecture de « Matrix Trilogy », un ouvrage de Rafik Djoumi, sorti en 2020 en tant que hors-série du mook Rockyrama. Cependant, n’allez pas dépenser une somme folle chez les spéculateurs d’Ebay et du Bon Coin : le bouquin est en stock sur le site d’Ynnis Editions pour moins de 15 € !

Le coffret Blu-ray 4K Ultra HD

[5/5]

On vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, mais la sortie de Matrix en DVD en l’an 2000 avait, en son temps, constitué un petit événement, que l’on pourrait même qualifier de « virage » dans l’histoire du format, et plus largement du « Home Cinema ». S’étant vendu à plusieurs millions d’exemplaires à travers le monde, le DVD de Matrix était considéré à l’époque de sa sortie comme le mètre-étalon du support, tellement rempli jusqu’à la gueule de suppléments qu’il avait tendance à faire beuguer les platines de salon. De ce fait, Warner Bros. Avait pris grand soin de proposer au consommateur un Blu-ray techniquement irréprochable à l’arrivée du film au format Haute-Définition, et on pouvait s’attendre à ce que l’éditeur soigne également sa présentation Ultra Haute-Définition de Matrix, et sur ce point, le studio ne nous a pas déçu…

Matrix vient donc de débarquer au format Blu-ray 4K Ultra HD dans la collection « Titans of Cult » de Warner Bros. : en plus du film en 4K et Blu-ray (+ un Blu-ray de bonus), qui sont présentés dans un magnifique Steelbook inédit, le superbe coffret que nous a concocté l’éditeur contient également un pin’s en résine « The Matrix is everywhere » ainsi qu’un Magnet des agents de la Matrice. Le tout est présenté dans un grand boîtier semi-transparent aux couleurs du film, et s’avère du meilleur effet : un superbe objet de collection. Concernant le transfert 4K disponible sur la galette, le film des Wachowski a bénéficié d’un nouveau scan 4K supervisé par Bill Pope, le directeur photo du film.

Les couleurs, les contrastes et la définition du film ont donc été méticuleusement corrigés pour obtenir un rendu 4K/HDR absolument bluffant, affichant une subtilité et une finesse allant bien au-delà de tout ce que nous connaissions du film jusqu’à présent. Même si vous avez vu Matrix 36 fois ces vingt dernières années, il y a de fortes chances pour que vous redécouvriez totalement la classe visuelle du métrage : les noirs en particulier retrouvent une densité et une profondeur inédites, ce qui accentuera encore l’impact général des images sur vos mirettes esbaudies. L’étalonnage HDR s’avère vraiment saisissant, d’une précision inédite, avec une gamme de couleurs et de lumières tirant nettement moins sur le vert intégral dans lequel baignait pour l’essentiel l’image du DVD et du Blu-ray. Les couleurs ont donc été finement rééquilibrées, ce qui renforce les différences de traitement voulues par les Wacho entre les deux « mondes » du film. Le niveau de détail est ahurissant, les différentes textures rendues à la perfection, et le léger grain argentique a été préservé. Bref, ce Blu-ray 4K Ultra HD enterre toutes les versions précédentes du film. On notera par ailleurs que le Blu-ray du film disponible dans le coffret a également bénéficié de la remasterisation 4K, mais que bien sûr, le rendu de l’ensemble fait naturellement preuve de moins de finesse.

Même constat d’excellence pour la bande son du film en VO, remixée pour l’occasion en Dolby Atmos, qui s’imposera comme un grand spectacle alliant finesse et tonitruance (si si, ça existe). Fidèle au design sonore original, ce mixage s’impose néanmoins comme une véritable bande démo. Balançant des effets littéralement dans toutes les directions, ce nouveau mixage prendra tout son essor durant le dernier acte du film, qui s’avérera de fait un IMMENSE spectacle visuel et sonore, à partir de la scène cultissime durant laquelle Neo et Trinity ouvrent le feu dans le hall du bâtiment gouvernemental où est retenu Morpheus. S’en suivra une véritable symphonie de hargne et de destruction acoustique, avec balles qui fusent, os qui se brisent et effets en tous genres – le tout étant accompagné bien sûr de l’intense partition de Don Davis qui renforce encore l’intensité de l’ensemble. C’est tout simplement ébouriffant. La VF en revanche n’aura droit qu’à l’efficace mais traditionnel mixage Dolby Digital 5.1 hérité du DVD. Dommage.

Du côté des suppléments, Warner Bros est allé repêcher la quasi-intégralité des bonus disponibles sur les éditions précédentes de Matrix – en le moins que l’on puisse dire, c’est qu’en vingt ans, il y en a eu une flopée ! Cela nous mène finalement aujourd’hui à plusieurs heures de commentaires audio, de making of et de featurettes en tous genres dont il nous a été impossible de faire le tour. En effet, le fait de se plonger dans une telle profusion de suppléments nécessiterait rien de moins qu’environ 17 heures de visionnage ! On commencera donc avec un introduction écrite par les Wachowski (9 pages, VF), pour enchaîner trois commentaires audio, proposés en VO sans sous-titres : le premier est assuré par Cornel West et Ken Wilber (philosophes), le deuxième par Todd McCarthy, John Powers et David Thomson (critiques) et le troisième par Carrie-Anne Moss, Zach Staenberg et John Gaeta. On trouvera également une piste musicale isolée en Dolby Digital 2.0, rendant hommage à la composition de Don Davis. Sur les Blu-ray, on trouvera une option Picture in Picture intitulée « Au cœur du film », un long making of (2h03) intitulé « Matrix Revisited » faisant le tour de toute la production, 1h20 de featurettes revenant sur une poignée de facettes techniques du film, le clip vidéo de « Rock is Dead » par Marilyn Manson (ROOOOOOCK is DEADER THAN DEAAAAD, SHOCK is all in your HEAAAAD), et la playlist du film (41 chansons, 3h14) Enfin, on terminera avec une poignée de bandes-annonces et de spots TV – spots qui d’ailleurs jusqu’à récemment constituaient une exclusivité américaine mais qui ont depuis quelques mois également débarqué en France, le cinéma s’invitant maintenant entre les plats préparés et les tampons hygiéniques.

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