Test Blu-ray 4K Ultra HD : Battle Royale

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Battle Royale


Japon : 2000
Titre original : Batoru Rowaiaru
Réalisation : Kinji Fukasaku
Scénario : Kenta Fukasaku
Acteurs : Takeshi Kitano, Tatsuya Fujiwara, Aki Maeda
Éditeur : M6 Vidéo
Durée : 1h54
Genre : Science-Fiction, Action
Date de sortie : 21 novembre 2001
Date de sortie BR/4K : 1 décembre 2021

Dans un avenir proche, les élèves de la classe B de 3ème du collège Shiroiwa ont été amenés sur une île déserte par une armée mystérieuse. Un adulte surgit tout à coup devant eux : leur ancien professeur, Kitano. Il leur annonce qu’ils vont participer à un jeu dont la règle consiste à s’entretuer. Seul le dernier des survivants pourra regagner son foyer. Kitano leur présente deux nouveaux élèves très inquiétants. Des coups de feu retentissent pour convaincre les incrédules. Selon la loi de réforme de l’éducation pour le nouveau siècle, ce sacrifice permettra de former des adultes sains. Abandonnés chacun à son sort avec de la nourriture et une arme, les adolescents disposent d’un délai de trois jours pour s’entretuer…

Le film

[3,5/5]

Remis sur le devant de la scène par le succès de la série Squid Game sur Netflix, le film de Kinji Fukasaku Battle Royale débarque aujourd’hui au format Blu-ray 4K Ultra HD, vingt ans après sa sortie dans les salles françaises. Très populaire en vidéo à l’ère du DVD triomphant, le film de Fukasaku reprenait un concept vieux comme le monde : celui des jeux de gladiateurs de l’antiquité – 40 personnes dans l’arène, un seul survivant à la fin de la partie.

On ne compte plus les films ayant exploité ce point de départ du « jeu mortel » au fil des années, et ce dès Les Chasses du Comte Zaroff en 1932. Depuis l’avènement de la télévision dans les années 60, le genre développe souvent, en parallèle avec le spectacle de la violence, une réflexion sur la notion de voyeurisme et de fascination des masses pour le spectacle de la mort. C’est le cas évidemment dans des films tels que Rollerball, Le prix du danger ou Running Man, mais cela ne sera pas le cas pour Battle Royale, qui choisit d’aborder le genre par le prisme de la science-fiction, et s’attarde davantage sur la notion d’anticipation « politique » que sur la dénonciation de la soif de sang des médias.

Certes, comme le montre la scène d’ouverture, il s’agit bel et bien là d’un événement médiatique couvert par des dizaines de journalistes. Cependant, le Battle Royale annuel tel qu’il est envisagé dans le film s’impose davantage comme un moyen de pression d’état, une façon pour les adultes de maintenir un semblant d’autorité et d’emprise cruel sur la jeunesse – un peu à la façon de la « Purge » dans la saga American Nightmare, qui est clairement décrite comme un moyen de régulation sociale et politique. La question de la « plausibilité » se pose finalement assez peu dans Battle Royale, comme dans nombre d’autres dystopies mettant en scène de genre de jeux du cirque new age. Il semble difficile d’imaginer que de telles atrocités puissent se produire dans notre monde dit « civilisé », mais l’avènement des réseaux sociaux semble avoir instauré dans le monde une radicalisation des esprits (individualisme forcené, culture du bashing, haine de l’autre) qui pourrait, finalement, bien s’avérer propice à de telles dérives.

Battle Royale, c’est le retour de la discipline stricte vis-à-vis d’une jeunesse hors de contrôle, c’est le fait de mater ceux qui sortent du rang par la terreur, c’est ré-inculquer par le fouet le respect des aînés – d’aucuns diraient que Battle Royale, c’est Eric Zemmour. Étant donné les thématiques qu’il développe, il va sans dire que Battle Royale est principalement destiné à un public adolescent, mais il aborde relativement intelligemment ses thématiques, qu’on le prenne du point de vue moral ou de celui du commentaire social qu’il sous-tend. Les 42 jeunes gens au cœur du film de Kinji Fukasaku sont donc mis au défi de rester fidèles à eux-mêmes et de s’accrocher au meilleur de l’humanité, même s’ils sont amenés à faire face au pire. Bien sûr, au fur et à mesure que Battle Royale évolue, le spectateur sera amené à réfléchir à ses propres réactions face à de tels scénarios. En substance, le film soulève – comme la plupart des films évoluant dans ce sous-genre particulier – une série de questions morales intéressantes quant aux instincts primaires de violence et de domination, le tout étant ici également mis en perspective avec l’amitié et l’amour, puisque tous les élèves amenés ici à s’entretuer se connaissent.

Néanmoins, ces éléments dramatiques ne sont pas forcément les plus évidents à la découverte de Battle Royale, qui affiche surtout les atours d’une bonne grosse série B d’exploitation. Il s’agit en effet d’un spectacle extrêmement amusant, souvent réjouissant dans ses excès de violence cartoonesque, et le spectateur qui ne désirera y voir qu’un gros défouloir en mode bis sans se stimuler l’intellect sera probablement tout aussi ravi que celui qui s’attardera sur le sens de toute cette violence ou sur la psychologie des adolescents au centre du film. On notera d’ailleurs que le rôle le plus intéressant du film n’est pas tenu par un(e) ado, mais par l’excellent Takeshi Kitano, qui incarne un personnage absent du roman dont le film est adapté, et qui fut donc tout spécialement créé pour le grand écran. En plus d’amener une dimension « méta » supplémentaire à Battle Royale (avec un personnage qui s’exclame « Oh ! C’est Kitano ! » en le voyant arriver), l’acteur / cinéaste lui apporte également toute son étrange poésie, notamment en fin de métrage, avec la découverte du tableau que Kitano a d’ailleurs peint lui-même.

Le Blu-ray 4K Ultra HD

[4/5]

Vingt ans après sa sortie dans les salles françaises, Battle Royale réapparait donc ce mois-ci sous les couleurs de M6 Vidéo, dans une nouvelle édition au format Blu-ray 4K Ultra HD, et surtout dans un coffret monumental, contenant rien de moins que le Blu-ray 4K Ultra HD + le Blu-ray de Battle Royale – Version cinéma (1h54), le Blu-ray 4K Ultra HD + le Blu-ray de Battle Royale – Version longue (2h01), le Blu-ray de Battle Royale II : Requiem (2h13) et le Blu-ray de Battle Royale II : Requiem – Version longue (2h31). Mais ce n’est pas tout, car le coffret contient également une affiche du film exclusive signée Marc Aspinall ainsi qu’un livret de 32 pages sur la saga.

Sur ce contenu pléthorique, l’éditeur est parvenu à nous fournir le Blu-ray 4K Ultra HD de Battle Royale dans sa version « cinéma », et techniquement, c’est un sans-faute : la remasterisation a fait des merveilles, l’étalonnage des couleurs est remarquable, et dès les premiers plans du film, on sera surpris de la précision et de la finesse du détail. Les couleurs sont équilibrées et denses, les noirs d’une profondeur abyssale, et le tout affiche toujours un grain argentique subtil. Bref, on en prend littéralement plein les yeux, et seuls quelques plans – tels que la rencontre en rêve entre Kitano et Noriko – afficheront une baisse du niveau de détail et la trace diffuse de quelques bidouilles numériques, mais il y a également de fortes chances pour que ces petites baisses de régime occasionnelles soient imputables aux conditions de tournage du film en elles-mêmes. Côté son, la VFainsi que la VO japonaise sont toutes deux proposées en DTS-HD Master Audio 5.1. On passera rapidement sur la version française, plutôt plate d’un point de vue artistique, pour se concentrer sur la VO, qui pour le coup prend vraiment une ampleur inédite. La montée en puissance des nombreux morceaux de musique classique s’avère d’une rare intensité, de même que les scènes d’action, qui s’avèrent virevoltantes d’un point de vue acoustique. Les effets arrière apportent une densité certaine à l’atmosphère développée par le film de Fukasaku, tandis que les voix sont toujours bien placées et d’une parfaite clarté. Du très beau travail. Le Blu-ray 4K Ultra HD de Battle Royale – Version cinéma ne contient pas de suppléments.

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