Test Blu-ray : 3 films de Marlon Brando en HD

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Explorant les arcanes du catalogue Universal Pictures depuis quelques années déjà afin de proposer au public français des films inédits en Haute Définition, Elephant Films lance régulièrement des « vagues » de films réunis autour de thématiques ou d’acteurs phares. Le 25 octobre 2017, c’est donc Marlon Brando qui a eu les honneurs de l’éditeur, avec trois films rares valant tous le coup d’être (re)découverts. Sur ces trois films tournés entre 1966 et 1969, deux étaient sortis en France et en catimini sous les couleurs d’Universal en 2007 : le dernier film de Charles Chaplin La comtesse de Hong Kong (1967), ainsi que le polar La nuit du lendemain (1969). Le troisième avait également eu droit à une sortie en France la même année, sous les couleurs de Sidonis Calysta, dans sa collection « Western de légende » : il s’agit de L’homme de la Sierra (1966). Retour sur trois films et trois éditions Blu-ray…

 

 

L’homme de la Sierra


États-Unis : 1966
Titre original : The appaloosa
Réalisateur : Sidney J. Furie
Scénario : James Bridges, Roland Kibbee
Acteurs : Marlon Brando, Anjanette Comer, John Saxon
Éditeur : Elephant Films
Durée : 1h38
Genre : Western
Date de sortie cinéma : 7 décembre 1966
Date de sortie DVD/BR : 25 octobre 2017

 

 

Chasseur, Matt Fletcher possède pour seule richesse un magnifique pur sang Appaloosa. Dans la ville frontière d’Ajo Prieto où il vient confesser l’exécution de l’assassin de sa femme, Fletcher se heurte à Chuy Medina, un chef de bande qui lui offre d’acheter à bon prix son cheval. En refusant, il attise la convoitise du desperado. Au pied du mur, Fletcher relève le défi d’un bras-de-fer encadré par deux scorpions venimeux. Vaincu mais sauf après s’être purgé du poison, dépossédé de sa monture, Fletcher accomplit sa vengeance…

 

 

Réalisé par un Sidney J. Furie ayant tiré des leçons des premiers westerns de Sergio Leone, L’homme de la Sierra est un western « à l’italienne », très esthétisant et rompant clairement avec les traditions et usages du western « à papa ». Le chef-opérateur Russell Metty signe pour le film une photo littéralement somptueuse, avec des compositions de plans extraordinaires et un sens du cadre évident, même si l’abus de gimmicks visuels parait parfois un peu « too much ». Le héros du film a d’ailleurs tout du anti-héros, annonçant à l’avance des personnages tels que Cuchillo, l’as du couteau, campé par Tomas Milian, que l’on retrouvera la même année dans Colorado, puis dans Saludos hombre (1968) devant la caméra de Sergio Sollima : sale, hirsute, paresseux, maladroit, somnolent et relativement passif, le personnage incarné par Marlon Brando « subit » l’action plus qu’il ne la détermine, et évoluera uniquement au terme de nombreuses humiliations. A ses côtés, c’est avec un plaisir non dissimulé que l’on retrouvera un John Saxon en grande forme dans la peau d’un ranchero sadique. Un bon western, témoin de l’influence qu’a pu avoir le western spaghetti sur la production américaine dans la deuxième moitié des années 60.

 

 

La comtesse de Hong Kong


Royaume-Uni : 1967
Titre original : A Countess from Hong Kong
Réalisateur : Charles Chaplin
Scénario : Charles Chaplin
Acteurs : Marlon Brando, Sophia Loren, Sydney Chaplin
Éditeur : Elephant Films
Durée : 1h48
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 13 janvier 1967
Date de sortie DVD/BR : 25 octobre 2017

 

 

Lors d’une croisière, un riche diplomate américain, Ogden Mears fait escale à Hong-Kong. Il loue alors pour la soirée les services d’une taxi-girl, jeune femme sublime, Natascha, qui est une authentique comtesse russe. De retour sur le paquebot, il la trouve dans sa cabine… Passagère clandestine, il décide de la cacher et tombe inéluctablement sous son charme ensorcelant. Mais sa femme l’attend à son arrivée à Hawaï, et un divorce ruinerait toutes ses chances d’être réélu

 

 

Avec ses allures de comédie sophistiquée prenant place sur un paquebot, La comtesse de Hong Kong évoque beaucoup, d’entrée de jeu, les grandes comédies Hollywoodiennes dont nous régalaient Ernst Lubitsch dans les années 30/40 ou Howard Hawks dans les années 50. Il n’est donc point étonnant qu’en son temps, le film de Charles Chaplin soit apparu comme désuet, quasi-anachronique ; malgré d’excellentes critiques en Europe (Truffaut notamment adorait le film), La comtesse de Hong Kong restera le dernier film de Chaplin. C’est donc finalement le recul temporel qui permettra au film de retrouver ses lettres de noblesse, et son statut de comédie réussie, qui tout en restant fidèle à l’esthétique du muet et à une intrigue très théâtrale riche en portes qui claquent, s’avère encore aujourd’hui efficace et occasionnellement très drôle. L’alchimie entre les deux acteurs principaux (Marlon Brando et Sophia Loren) fonctionne d’ailleurs à plein régime, et l’histoire d’amour contrariée et mélancolique nous étant contée par Chaplin s’avère très touchante et poétique. Une belle réussite.

 

 

La nuit du lendemain


États-Unis, Royaume-Uni : 1969
Titre original : The night of the following day
Réalisateur : Hubert Cornfield
Scénario : Hubert Cornfield, Robert Phippeny
Acteurs : Marlon Brando, Richard Boone, Rita Moreno
Éditeur : Elephant Films
Durée : 1h33
Genre : Thriller
Date de sortie cinéma : 9 avril 1969
Date de sortie DVD/BR : 25 octobre 2017

 

 

Quatre professionnels enlèvent une jeune femme à l’aéroport d’Orly afin d’extorquer une rançon colossale à son père, un homme extrêmement riche. Le moindre détail a été minutieusement planifié… Jusqu’à ce que le hasard et les démons personnels des kidnappeurs ne commencent à menacer leur plan

 

 

La nuit du lendemain est de loin le film le plus original de cette vague de films lancée par Elephant Films. Polar américain se déroulant dans la ville française du Touquet, le film d’Hubert Cornfield nous narre le récit très noir d’un kidnapping perpétré par une bande de pieds nickelés du crime, complètement dépassés par les événements, et préfigure en quelque sorte une partie de l’œuvre à venir des frères Coen. C’est surtout dans l’ambiance lourde, liée à un environnement inconnu pour les personnages, qui fait flotter sur l’intrigue un sentiment de danger imminent. Habile technicien, Cornfield livre pour développer cette ambiance une réalisation parfois aux limites de l’expérimental, laisse ses truands se poser sur un rythme lent, anxiogène, renforcé par une musique étrange, utilisée de façon peu commune. A la fois sec dans son traitement, et par moments quasi-poétique (l’utilisation des décors naturels de la plage du Touquet y et les gros plans sur les yeux désespérés de ses acteurs et actrices y sont assurément pour quelque chose), La nuit du lendemain s’imposera sans peine dans le cœur du spectateur – peut-être pas comme une réussite absolue, mais du moins comme un polar vraiment unique et intéressant.

 

 

Les Blu-ray

[4/5]

Grâce soit rendue à Elephant Films, éditeur touche à tout français qui nous permet de découvrir dans l’hexagone et sur galettes HD autant de pépites dégénérées que de grands classiques [un peu] oubliés. En cette fin Octobre, l’éditeur nous propose de (re)découvrir trois films mettant en scène Marlon Brando : L’homme de la Sierra (1966), La comtesse de Hong Kong (1967) et La nuit du lendemain (1969).

Fidèle à sa réputation en matière de Blu-ray, Elephant nous livre trois galettes assez exemplaires : préservant la granulation d’origine tout en nous proposant une image propre, stable et imposant sans peine des couleurs naturelles (bien que peut-être un poil froides), ces trois Blu-ray font réellement honneur au support. Les copies sont de très bonne tenue, avec un grain cinéma respecté aux petits oignons, et des contrastes finement travaillés. Quelques tâches, rayures et autres griffes disgracieuses subsistent, et l’ensemble manque peut-être un peu de piqué, mais on ne repère aucun bidouillage numérique à l’horizon, c’est du tout bon. Côté son, l’éditeur nous propose VF et VO en DTS-HD Master Audio 2.0 sur tous les titres, sans (trop de) souffle ni bruits parasites. Les dialogues sont parfaitement clairs, et les amateurs apprécieront les VF d’époque, un peu surannées sur les bords. On notera que La comtesse de Hong Kong est proposé dans son montage américain (1h48), plus court d’une douzaine de minutes que la version découverte à sa sortie dans les salles françaises, si l’on en croit le site de référence IMDb.

Du côté des suppléments, outre les bandes-annonces et galeries photo d’usage, l’éditeur nous propose de découvrir deux sujets assurés par Jean-Pierre Dionnet par disque : on commencera donc avec une présentation de Marlon Brando d’une quinzaine de minutes, qu’on retrouvera sur chaque Blu-ray de la vague. Passionné, passionnant, nous narrant des anecdotes inédites issues de son expérience personnelle auprès de l’acteur, Dionnet parviendra comme d’habitude à captiver son auditoire sans lui faire ressentir le moindre ennui. Pour la petite histoire, on notera une petite bourde de la part de l’équipe s’étant occupé du montage vidéo de ce sujet, puisqu’ils ont intercalé une affiche du Bal des maudits comportant un « tag » du site notrecinema.com ! Chaque Blu-ray comportera également un sujet supplémentaire signé Jean-Pierre Dionnet : une présentation du film complète l’interactivité de chaque galette, avec des informations utiles et souvent très intéressantes servant à remettre chaque film dans son contexte.

 

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