Palmarès Cinélatino 2016, 28è Rencontres de Toulouse‏

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Cinelatino 2016 affiche

Le palmarès de cette nouvelle édition du festival dédié au cinéma d’Amérique Latine a été révélé ce samedi 19 mars 2016. En voici les lauréats. Le jury des longs-métrages de fiction était composé du réalisateur brésilien Karim Aïnouz, de Jean-Pierre Garcia, critique et historien du cinéma, fondateur et directeur de 1979 à 2012 du Festival International de Cinéma d’Amiens et de Zita Morriña, programmatrice du Festival de cinéma de La Havane. À la vision des bandes-annonces des deux principaux films primés, ils ont clairement aimé un goût affirmé pour le noir et blanc ! A bientôt dans nos salles ? L’an dernier, le guatémaltèque Ixcanul de Jairo Bustamente, sorti cet hiver, avait reçu le prix du public mais Absence du brésilien Chico Teixeira, grand prix du jury, est resté inédit.

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Palmarès complet

Compétition Longs-métrages de fiction

Grand Prix Coup de Coeur : Siembra de Ángela Osorio Rojas et Santiago Lozano Álvares (Colombie)

Pêcheur de la côte pacifique colombienne, Turco vit avec son fils Yosner dans un bidonville de Cali. Yosner ne collabore pas beaucoup aux affaires de la maison et il passe son temps à danser dans la rue avec d’autres jeunes. Turco voudrait retourner sur la terre que le conflit armé, qui perdure, l’a obligé à quitter. En ville, il se renferme dans son sentiment de déracinement. Après un événement dramatique, les rêves de Turco volent en éclat. Porté par le charisme et l’étrange élégance de l’acteur qui joue le rôle de Turco, Siembra marie la fiction et la réalité socioculturelle des déplacés afro-colombiens. Le noir et blanc sublime du film, lui donne une texture qui le rend sensuel, chaleureux, malgré la dimension dramatique des événements.

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Mention spéciale : Días extraños de Juan Sebastián Quebrada

À Buenos Aires, Luna et Juan, un couple de jeunes Colombiens, vivent une relation passionnée, nourrie à la fois d’une intense complicité et d’explosions subites de rage. Au fil de soirées festives, dans lesquelles ils jouent la séduction entre eux et vis-à-vis des autres, leur lien se noue et se distend au rythme de l’engouement et de la crainte de la monotonie d’une vie à deux. Ils veulent que leur vie ensemble soit toujours un « trip ». Dans une Buenos Aires cosmopolite atypique, le sentiment d’appartenance est en permanence interrogé à l’instar de la relation de couple. À travers une sensualité en noir et blanc, le réalisateur saisit l’énergie spontanée de la jeunesse. Mais ces deux jeunes ont aussi un rapport conscient à la société qui les entoure. Ils s‘aiment autant, peut-être parce qu’il haïssent ensemble leur société.

Prix du Public Fiction – La Dépêche Du Midi : El Acompañante de Pavel Giroud (Cuba) qui reçoit aussi le Prix de la CCAS (électriciens gaziers) et fera ainsi l’objet d’une tournée de diffusion dans les centres de vacances familiaux de la CCAS (destination, Cannes 2016 et ses Visions Sociales à Mandelieu?)

Dans les années 1980, à Cuba, les porteurs du VIH sont obligatoirement reclus dans un sanatorium militaire à l’extérieur de la ville. Ils sont dès lors placés sous la surveillance d’un « accompagnateur » qui doit suivre le porteur du virus où qu’il aille. Horacio Romero, boxeur accusé de dopage, est contraint de devenir l’accompagnateur de Daniel, un jeune soldat qui a contracté la maladie lors d’une mission en Afrique. Sous la forme d’un drame classique, Pavel Giroud raconte l’histoire méconnue d’hommes et de femmes porteurs du VIH mis au ban de la société cubaine. Le chemin de la rédemption et de la liberté passait ainsi par une lutte contre les préjugés, à commencer par les siens.

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Prix Fipresci (presse cinématographique internationale) et Rail d’oc (prix des cheminots) : Alba d’Ana Cristina Barragán (Équateur – Mexique – Grèce)

Alba, 11 ans mais déjà charismatique est saisissante. Elle passe une grande partie de son temps à s’évader dans son propre univers, à l’écart du groupe de jeunes filles de son âge. Sa mère est gravement malade. Lorsqu’elle est hospitalisée suite à une décompensation, Alba est placée sous la garde de son père, qu’elle n’a pas vu depuis des années. La cohabitation est au départ très difficile pour elle, et sa mère lui manque. Mais cette rencontre évolue lorsqu’Alba découvre la fragilité de son père et qu’elle reconnaît, malgré elle, leurs points communs. L’un des leitmotivs du film d’Ana Cristina Barragán, est l’exploration des sensations de la préadolescence. Par sa mise en scène épurée aux cadres exacts et aux couleurs cotonneuses, la cinéaste révèle le monde profond et captivant de l’iceberg Alba.

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Prix Découverte de la Critique Française : La Última Tierra de Pablo Lamar (Paraguay)

C’est un film-expérience. Le son est ici un élément prédominant de l’expression, la lumière est un personnage, les corps sont des acteurs. Un homme ancien s’occupe de sa femme mourante. Elle est belle. Ils vivent dans un lieu isolé au milieu des collines. La femme, alitée, s’apprête à abandonner son dernier soupir. Il doit par la suite assumer toutes les tâches pour inhumer sa défunte épouse. Dans ce qui est en train de devenir un rituel, il apprend à vivre la perte et la solitude. Dans un cadre naturel aussi beau que dur, un homme poursuit l’apprentissage de la vie en se confrontant à la mort d’un être cher. À travers une démarche à la fois minimaliste et impressionniste (une scène de la maison qui brûle vous fera peut-être penser à Tarkovsky), Pablo Lamar propose un film sensoriel où chaque spectateur est invité à éprouver une commune humanité.

El Legado

Compétition Documentaire

Prix Documentaire Rencontres de Toulouse : El Legado de Roberto Anjari Rossi (Chili)

Dans un lieu simple et semi-rural, le double portrait d’une jeune fille et de sa grand-mère qui l’a élevée. La jeune fille, mécanicienne de son état, cherche du travail, et sa grand-mère, qui égrène des souvenirs avec humour, souhaite que sa petite-fille vive mieux que bien des jeunes du quartier, mères seules et abandonnées. La relation familiale est tendre, parfois drôle. La vie matérielle, dans ce milieu très modeste, tient avec des bouts de ficelle, ça bricole et ça rit beaucoup. Une très belle image, intimiste, qui dessine peu à peu une société avec ses croyances, ses limites très étroites et les rôles que vivent hommes et femmes : rôles théoriques assignés et réalités de la vie ; envies de vivre et bornes certes imposées par le monde, mais aussi par soi, pour préserver un espace de liberté.

Mention spéciale du jury officiel et Prix du jury Lycéen : Juanicas de Karina García Casanova (Mexique)

Peut-être d’abord simplement le portrait intime d’une famille d’immigrants mexicains au Canada. Juanicas est un jeune homme souffrant de trouble bipolaire. Après plusieurs années au Mexique, il revient vivre au Québec dans la maison de sa mère, diagnostiquée elle aussi de la même maladie. Sa soeur Karina le filme pendant dix ans documentant sa descente aux enfers. Aucune vision voyeuriste ou sensationnaliste dans ce film touchant qui cherche tout simplement à comprendre. Nous assistons à la tragédie d’une famille placée en exil intérieur, au désespoir de nomades malheureux à l’esprit tourmenté. Le sujet douloureux, délicat et dérangeant est traité avec une distance pudique, malgré la grande implication émotionnelle de la réalisatrice. À mesure que le film progresse, il devient une chronique de divers problèmes de société.

Prix du public documentaire – La Dépêche du Midi : Jonas E O Circo Sem Lona de Paula Gomes (Brésil)

Né dans une famille d’origine circassienne, Jonas, 13 ans, rêve de cirque et y consacre la presque totalité de son énergie, surtout pendant les vacances. Il va aussi à l’école ; il y est plutôt bon élève, mais s’y ennuie. Alors, il inclut les copains du quartier dans son projet de cirque à domicile. Sa maman, qui voudrait pour lui une vie plus facile que celle qu’elle eut avant de quitter le cirque, lui oppose la réplique classique : « l’école d’abord ». Dans un dialogue trans-caméra avec la réalisatrice, les deux personnages poursuivent leur quête : Jonas, passionné, inventif, infiniment gracieux et tracassé par son projet ; sa mère, qui cherche à savoir s’il n’y a pas moyen de satisfaire les deux buts à la fois… Un film qui pose avec justesse, humour et tendresse les questions de la fin de l’enfance, tout en montrant la grande beauté de la jeunesse en mouvement.

paciente

Prix Signis (Association catholique mondiale pour la Communication) : Paciente de Jorge Caballero (Colombie)

La fille de Nubia est gravement malade. La jeune femme, qui passe de traitement en traitement, est donc patiente, car tel est le mot qui désigne les malades sous traitement. Patiente aussi la mère : elle traverse, têtue, les innombrables tracasseries du système sanitaire, qui font de sa condition de mère de patiente un sacerdoce de tous les instants à l’emploi du temps trop plein de queues, d’attentes, de trimballement de matériel médical… Le film envisage la maladie du point de vue exclusif de cette femme qui se bat au quotidien pour sa fille et le résultat est d’une énergie incroyable. Nubia force l’admiration tout en restant ce qu’elle est, une femme simple, modeste, qui avance avec dignité. On n’est jamais dans le pathos, mais dans la lutte obstinée et droite. Terrible et tonique à la fois.

forastero

Compétition Court-métrage

Prix « COURTOUJOURS » : Forastero de Iván Gaona (Colombie)

La police demande à Leonidas d’héberger un inconnu, dont l’identité se précise suite à une série de meurtres.

polski

Prix Signis et Prix Révélation : Polski de Rubén Rojas Cuauhtémoc (Cuba)

Yoemil a 20 ans et vit à Cuba. Un jour, il hérite de la vieille « Polski » de son père.

el invierno

Prix Cinéma en construction 29

L’objectif de cette section est de contribuer à la finalisation, distribution et promotion de films latino-américains qui rencontrent des difficultés à l’étape de la postproduction et se révèle souvent utile, de nombreux projets primés ici ayant remporté un prix dans la compétition de Cinélatino dans les années qui suivent ainsi que dans d’autres festivals.

Prix Cinéma en construction 29 : El Invierno d’Emiliano Torres (Argentine) qui reçoit aussi le Prix Cine +

Le vieux contremaître d’une grande propriété de Patagonie est renvoyé de son travail. Un ouvrier agricole plus jeune prend sa place. Le changement ne sera facile ni pour l’un ni pour l’autre. Chacun à sa façon devra survivre au prochain hiver.

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Prix Exceptionnel : Los Niños de Maite Alberdi (Chili)

Un groupe d’amis trisomiques est depuis 40 ans dans la même école, et ils ne veulent plus être étudiants. La plupart de leurs parents sont morts, et aucun d’entre eux n’avait cru que leurs enfants leur survivraient. Les amis pensaient que quand leurs parents mourraient, ils pourraient faire tout ce que ceux-ci leur interdisaient comme : vivre seuls, avoir des relations sexuelles, être parents, se marier et avoir de vrais emplois. Mais les choses n’ont pas changé pour eux, et ils doivent se battre avec leur frustration de vivre comme s’ils avaient 10 ans, alors qu’ils approchent de la cinquantaine.

don't swallow my heart alligator girl

Prix des distributeurs et exploitants européens : Don’t Swallow My Heart, Alligator Girl ! de Felipe Bragança (Brésil)

Joca est un enfant brésilien de 13 ans, amoureux d’une fille indigène paraguayenne, à la frontière des deux pays. Pour lutter pour son amour, il lui faudra affronter les secrets de son frère aîné, Fernando.

Prix Cinéma en développement 11 – Prix BRLAB Cinéma en développement

Projet: Ave y Nada de Jose Antonio Cordero (Mexique)

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