Locarno 2022 : rétrospective Douglas Sirk

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Demain est un autre jour © 1955 Universal Pictures / Elephant Films / Ciné Sorbonne Tous droits réservés

Bénéficiant en quelque sorte d’une exemption sanitaire en plein été, le Festival de Locarno est jusqu’à présent passé à peu près indemne entre les gouttes de la pandémie du coronavirus. Par conséquent, ses programmateurs peuvent envisager sereinement son édition anniversaire, la 75ème, qui devrait avoir lieu du mercredi 3 au samedi 13 août prochains. La première étape des préparatifs pour les festivités filmiques autour de la Piazza Grande est traditionnellement l’annonce de la rétrospective, dédiée à un grand nom du cinéma d’antan. C’est donc jeudi dernier, le 20 janvier, que les deux responsables de cet hommage intégral Roberto Turigliatto et Bernard Eisenschitz ont dévoilé l’heureux élu, le réalisateur allemand Douglas Sirk.

En partenariat avec la Cinémathèque Suisse et la Cinémathèque Française, la quarantaine de longs-métrages réalisés par Sirk en Allemagne et aux États-Unis sera projetée du côté du lac Majeur, tout comme les trois courts-métrages produits en collaboration avec ses élèves à la fin des années ’70. Le programme de la rétrospective sera enrichi par des œuvres plus récentes et des documentaires sur Sirk, tant l’influence du roi du mélodrame s’est fait sentir au fil du temps, de Rainer Werner Fassbinder à Pedro Almodovar, en passant par John Waters, Todd Haynes et François Ozon.

Dès la rentrée prochaine, plus exactement à partir du mercredi 31 août, la rétrospective sera reprise à Paris par la Cinémathèque Française. L’illustre institution basée à Bercy lui avait déjà consacré un cycle en novembre et décembre 2005. Par ailleurs, un nouvel ouvrage écrit par Bernard Eisenschitz, à paraître aux Éditions de l’œil, reviendra plus amplement sur la riche filmographie de Douglas Sirk.

Tout ce que le ciel permet © 1955 Universal Pictures / Elephant Films / Ciné Sorbonne Tous droits réservés

Longtemps avant de prendre sa retraite en Suisse et de présenter une sélection de ses films au Festival de Locarno en 1978, Douglas Sirk (1897-1987) avait débuté sa carrière de réalisateur sous le nom de Detlef Sierck auprès de la maison de production prestigieuse UFA dans son pays natal, l’Allemagne. Au cours des années 1930, il avait ainsi signé responsable d’une dizaine de films dont le plus mémorable reste La Habanera, mélodrame exotique qui avait alors lancé la carrière de l’actrice et chanteuse suédoise Zarah Leander. L’arrivée au pouvoir des nazis l’avait obligé de s’exiler, par voie des Pays-Bas, aux États-Unis.

Pendant une dizaine d’années, de 1943 à 1952, il y avait œuvré comme réalisateur fiable de films de genre à la solde des studios. A cette époque, il avait travaillé d’abord pour la Metro-Goldwyn-Mayer (Hitler’s Madman avec John Carradine), puis essentiellement pour la United Artists. Ses films L’Aveu avec Linda Darnell, Scandale à Paris et Des filles disparaissent avec George Sanders et L’Homme aux lunettes d’écaille avec Claudette Colbert ont été produit par cette structure à peu près indépendante. Puis débuta une brève période Columbia, ponctuée de Jenny femme marquée avec Cornel Wilde et Française d’occasion avec Dorothy Lamour, suivi par son premier film pour Universal : Le Sous-marin mystérieux avec Macdonald Carey en 1950.

Avant l’avènement de sa période faste de maître incontesté, quoique tardivement redécouvert, du mélodrame, on peut également citer La Première légion avec Charles Boyer, Tempête sur la colline avec Claudette Colbert, Eva paie sa dette avec Linda Darnell et Les Parents apprivoisés avec Van Heflin.

La Ronde de l’aube © 1957 Universal Pictures / Elephant Films Tous droits réservés

En 1952, Qui donc a vu ma belle ? avec Rock Hudson n’était certes pas le premier chef-d’œuvre mélodramatique de la carrière de Douglas Sirk. Pour cela, il fallait encore attendre quelques années. Ce conte moral ouvrait néanmoins la voie vers le paradis stylisé qui allait bientôt accueillir des films comme Désir de femme et Demain est un autre jour avec Barbara Stanwyck, Le Secret magnifique et Tout ce que le ciel permet avec Jane Wyman et Rock Hudson, Écrit sur du vent avec Lauren Bacall, La Ronde de l’aube avec Robert Stack et Dorothy Malone, Le Temps d’aimer et le temps de mourir avec John Gavin et Mirage de la vie avec Lana Turner, son dernier film sorti en 1959.

En parallèle de ce tour de force stylistique entrepris au bénéfice du studio Universal, Douglas Sirk avait également mis en scène des films de genre de plus modeste allure, tels que La Séductrice aux cheveux rouges avec Ann Sheridan, Taza fils de Cochise et Capitaine Mystère avec Rock Hudson, Le Signe du païen avec Jeff Chandler et Jack Palance et Les Amants de Salzbourg avec June Allyson.

Mirage de la vie © 1959 Rollie Lane / Universal Pictures / Elephant Films / Ciné Sorbonne Tous droits réservés

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