L’Étrange Festival 2015 : jour 1

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Voilà c’est parti le Festival des esprits bêtes et méchants, des délires gores ou sauvages mais aussi des fables poétiques, absurdes et drôles, et des documentaires sur des thèmes pop au sens large. On commence avec une valse hongroise absurde et un portrait du créateur H.R.Giger plus émotionnel qu’instructif.


Free_Fall afficheFree Fall de György Pálfi (Hongrie, 2015, Comédie)

Synopsis : Une vieille femme dépressive se suicide en sautant du toit de son immeuble. Avant d’atterrir et de trépasser six étages plus bas, elle croisera ses voisins comme autant d’histoires…

Notre critique 3/5 :

Avec Kornel Mundruczo (White God), György Pálfi est l’un des grands espoirs actuels du cinéma hongrois. Il le confirme une nouvelle fois avec cette fable absurde où le suicide d’une femme lassée de sa vie morne avec un mari égoïste et pathétique permet de découvrir les étranges mœurs d’un immeuble où la pureté excessive menace l’équilibre amoureux et vital d’un couple pour ne citer qu’un exemple. L’idée est intéressante, certaines séquences sont glaçantes, d’autres hilarantes et l’on regrette que la virtuosité stylistique de Hic fasse défaut à ce film presque à sketchs inégal mais plaisant. Pálfi fait preuve d’une justesse inquiétante sur les tares de la société hongroise représentée sans réalisme direct mais avec une noirceur non feinte.


Dark Star affiche vfDark Star : l’univers de H.R. Giger de Belinda Sallin (Suisse, 2014, Documentaire)

Synopsis : Plongez dans l’univers incisif de l’artiste suisse Hans Ruedi Giger, fondateur de l’art biomécanique, décédé l’an passé, qui donna vie à des sculptures au design à la fois effrayant et fascinant, à mi-chemin entre les obsessions de H. P. Lovecraft et les cauchemars de Gustave Doré. Si on résume parfois son travail à sa participation au Alien de Ridley Scott, pour qui il créa la célèbre créature, son œuvre est beaucoup plus large.

Notre critique 3/5 :

Collectionneur de crânes (il en promenait un à l’enfance), artisan modeste d’un train fantôme privé dans son jardin riche en sculptures étranges, séducteur dont les ex deviennent ses assistantes… Quel est donc la principale occupation du suisse H.R.Giger, designer de l’iconique xénomorphe de l’Alien de Ridley Scott en vitrine principale de son génie, de son aptitude unique à inventer des mondes, des figures et des jungles surréalistes peuplées de créatures féminines sensuelles ? Le documentaire n’y répond hélas qu’à la marge malgré quelques belles découvertes sur ses motivations, comme l’aveu que son travail le guérit de ses peurs enfantines, de la mort mais pas seulement ou sa muse défunte qui se retrouve dans de nombreuses esquisses et que l’on devine centrale dans l’apparence de la reine d’Alien. Le spectateur est invité à pénétrer dans son antre, son lieu de vie et atelier où vivre ne semble pas aisé pour lui-même et son épouse. La partie artistique de ce grand artiste qui aura marqué le cinéma fantastique (finalement pas assez, hélas) se révèle un peu trop légère, avec la tonne de documents que l’on devine au détour d’une porte. La représentation de ses œuvres et la réflexion sur son travail reste trop superficielle. Pour en savoir plus sur Alien ou le Dune version Jodorowsky (totalement absent ici, un comble), il faudra voir d’autres films comme le making-of officiel pour le premier, Jodorowsky’s Dune pour le deuxième repris le dimanche 13 septembre à 15h dans le cadre de L’Étrange Festival. C’est dommage pour un portrait qui aurait du se vouloir un peu plus généraliste et moins sentimental, les entretiens avec Giger s’achevant quelques semaines avant son décès et révélant un homme fatigué d’avoir trop vécu et dont on devine malgré tout une envie de vivre et de partager. En résumé, le documentaire est touchant, bouleversant jusqu’à l’impudique mais il manque une véritable «chronique artistique des ténèbres qui nous habitent» pour citer les mots d’un intervenant. C’est un monde qui aurait du s’ouvrir à nous et non un petit jardin ou même le bar incroyable qui fut le projet (magique) de sa fin de vie. Frustrant, donc, mais pas inintéressant malgré tout. Avec une mention spéciale au chat Müggi.

 

 

 

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