Les sorties du 9 mars 2022

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Théo et les métamorphoses © 2021 Kidam / ABS Productions / Same Player / Wild Bunch Distribution Tous droits réservés

En cette semaine, où les masques devraient tomber et les pass disparaître enfin presque partout, mieux vaut apprécier le cinéma français sous toutes ses facettes, afin d’apprécier à sa juste valeur le programme des sorties hebdomadaires ! Vous y chercherez en effet en vain une quelconque production américaine ou étrangère d’envergure, à de très rares exceptions près. Une tendance qui devrait se confirmer au fil du mois, puisque l’on vient d’apprendre, par exemple, l’annulation de la sortie française du nouveau film de Joe Wright, Cyrano avec Peter Dinklage. Néanmoins, cette semaine de cinéma se démarque, globalement en bien, par un fort accent mis sur les histoires au féminin. Rien d’étonnant à cela, au lendemain de la Journée internationale des droits des femmes !

Dans nos trois coups de cœur de ce mercredi, les personnages féminins doivent cependant toujours composer avec une présence masculine plus ou moins bienveillante. Cela se passe dans le cadre d’une harmonie intellectuelle cultivée tout au long d’une vie militante dans le très beau documentaire A demain mon amour de Basile Carré-Agostini. Du côté de l’exception nippone à l’hégémonie des productions nationales, le rapport des forces entre une femme et trois hommes ne joue pas forcément en faveur de la première, à découvrir dans The Housewive de Yukiko Mishima. Enfin, l’œuvre filmique la plus atypique de la semaine nous paraît être le conte d’un jeune homme trisomique féru d’arts martiaux dans Théo et les métamorphoses de Damien Odoul, un réalisateur fermement positionné en dehors des sentiers battus du cinéma français.

Sans frapper © 2020 Alter Ego Production / Centre Vidéo de Bruxelles / La Vingt-Cinquième Heure Tous droits réservés

En plus du coup de cœur de notre confrère Jean-Jacques précité, ce sont cinq documentaires qui nous rappellent avec force à quel point ce regard singulier du cinéma sur le réel est essentiel. Même si certains d’entre eux abordent des sujets dans l’air du temps, comme les agressions sexuelles dans Sans frapper de Alexe Poukine ou la vie politique en province dans La Campagne de France de Sylvain Desclous, ils participeront tous à l’élargissement de notre horizon de compréhension et d’acceptation du monde qui nous entoure.

Cela vaut donc également pour l’enquête linguistique sur une langue en voie de disparition dans Des mots qui restent de Nurith Aviv, le portrait très personnel du frère de la réalisatrice dans Soy libre de Laure Portier, ainsi que l’incroyable histoire d’une conquête sportive malgré le handicap entreprise dans Climbing Blind de Alastair Lee.

Goliath © 2021 Caroline Dubois / A Single Man Productions / Studiocanal Tous droits réservés

Et la fiction dans tout cela, qui reste malgré tout la forme de cinéma préférée des spectateurs français ? Parmi des histoires qui se ressemblent tout de même pas mal – et pourquoi ne pas vous faire une double séance de jeunes filles en détresse / en mode rébellion avec La Mif de Fred Baillif et Les Meilleures de Marion Desseigne Ravel ? – et qui jouent fièrement la carte des femmes fortes, permettez-nous de vous conseiller surtout le thriller sur fond environnemental Goliath de Frédéric Tellier. Alors que les personnages masculins campés par Pierre Niney et Gilles Lellouche y mènent certes la danse de l’opinion publique, Emmanuelle Bercot y a sensiblement plus son mot à dire que dans Ma nuit de Antoinette Boulat, un récit supplémentaire sur une jeune femme en quête de sens dans sa vie.

Quant aux sorties purement commerciales de la semaine, elles nous laissent assez indifférents avec leur approche plutôt archaïque de l’éternelle particularité corse dans Permis de construire de Eric Fraticelli d’un côté et de celle, discutable, des violences conjugales dans Kung-Fu Zohra de Mabrouk El Mechri de l’autre. La même chose s’applique, à peu de choses près, à l’adaptation française du principe de A couteaux tirés de Rian Johnson aux couleurs plus kitsch et au ton encore plus survolté dans Murder Party de Nicolas Pleskof.


A demain mon amour de Basile Carré-Agostini (France, Documentaire, 1h32, distribué sur 50 copies) (critique)

La Campagne de France de Sylvain Desclous (France, Documentaire, 1h38) (critique)

Climbing Blind de Alastair Lee (Royaume-Uni, Documentaire, 0h58, distribué sur 5 copies)

Des mots qui restent de Nurith Aviv (France, Documentaire, 0h52)

Goliath de Frédéric Tellier (France, Thriller, 2h02) avec Pierre Niney, Gilles Lellouche et Emmanuelle Bercot

L’Homme de dieu de Yelena Popovic (Grèce, Drame, 1h49) avec Aris Servetalis, Alexander Petrov et Mickey Rourke

The Housewive de Yukiko Mishima (Japon, Thriller, 2h03, distribué sur 55 copies) avec Kaho, Tasuku Emoto et Shotaro Mamiya (critique)

Kung-Fu Zohra de Mabrouk El Mechri (France, Drame, 1h38) avec Sabrina Ouazani, Ramzy Bedia et Eye Haidara

Ma nuit de Antoinette Boulat (France, Drame, 1h27) avec Lou Lampros, Tom Mercier et Carmen Kassovitz

Les Meilleures de Marion Desseigne Ravel (France, Drame, 1h21, distribué sur 76 copies) avec Lina El Arabi, Esther Rollande et Kiyane Benamara

La Mif de Fred Baillif (Suisse, Drame, 1h50) avec Claudia Grob, Amélie Tonsi et Anaïs Uldry

Murder Party de Nicolas Pleskof (France, Comédie policière, 1h43, distribué sur 292 copies) avec Alice Pol, Miou-Miou et Eddy Mitchell

Permis de construire de Eric Fraticelli (France, Comédie, 1h33, distribué sur 412 copies) avec Didier Bourdon, Eric Fraticelli et Anne Consigny

Petite nature de Samuel Theis (France, Comédie dramatique, 1h33) avec Aliocha Reinert, Antoine Reinartz et Izïa Higelin (critique)

Sans frapper de Alexe Poukine (France, Documentaire, 1h23)

Soy libre de Laure Portier (France, Documentaire, 1h18)

Théo et les métamorphoses de Damien Odoul (France, Comédie dramatique, 1h36, distribué sur 21 copies) avec Théo Kermel, Pierre Meunier et Ayumi Roux

Women Do Cry de Mina Mileva et Vesela Kazakova (Bulgarie, Drame, 1h47) avec Maria Bakalova, Ralitsa Stoyanova et Vesela Kazakova (critique)

Reprise

Les 11 fioretti de François d’Assise (1950) de Roberto Rossellini (Italie, Drame religieux, 1h15, distribué sur 5 copies) avec Aldo Fabrizi, Peparuolo et Roberto Sorrentino

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