Les sorties du 30 mai 2018

0
1320

Rien de particulièrement porteur à signaler en ce dernier mercredi du mois de mai – qui ressemble côté météo plus à un mois d’août –, pris en sandwich entre les deux mastodontes hollywoodiens Star Wars et Jurassic World. La prédominance des productions françaises, face à la peau de chagrin américaine qui consiste en un seul film, n’est hélas pas nécessairement un garant de qualité. Car même si notre coup de cœur par défaut, le documentaire L’Homme dauphin Sur les traces de Jacques Mayol de Lefteris Charitos, est coproduit par la France, tout comme les autres propositions de cinéma à peu près potables que sont Retour à Bollène de Saïd Hamich et Une année polaire de Samuel Collardey, l’essentiel de l’offre commerciale est plutôt déplorable et laisse donc le terrain des salles obscures en friche. Et ce n’est pas non plus du côté de l’enfant incorrigible du cinéma français Paul Vecchiali, désormais âgé de 88 ans, qu’il faudra attendre la délivrance, malgré la double sortie de ses nouveaux films, toujours aussi imprégnés de son esprit irrévérencieux, voire formellement radical.


Parmi les rares films grands publics dignes d’être au moins mentionnés cette semaine, il y a la comédie hypocondriaque pas sans charme Je vais mieux de Jean-Pierre Améris, ainsi que la relecture sans doute un peu légère et platement romantique de la thématique des réfugiés dans L’Extraordinaire voyage du fakir de Ken Scott. A moins que vous ayez l’âme réellement aventurière et féministe et que vous préfériez par conséquent deux films sensiblement plus sérieux et engagés, venus de pays où la condition des femmes fait l’objet d’une lutte acharnée de tous les jours. De l’Iran, il y aurait Les Rives du destin de Abdolreza Kahani, peut-être pas un grand film, mais au moins un témoin supplémentaire de la vitalité fragile de cette cinématographie tenue fermement sous le joug d’autorités peu tolérantes. Et du Pakistan, quoique produit avant tout avec des moyens britanniques, My Pure Land de Sarmad Masud retrace le combat tenace des membres féminins d’une famille, menacée d’être chassée de ses terres.


Comparée à la disette des nouvelles sorties, l’offre des reprises constitue presque la seule motivation de se rendre au cinéma cette semaine. La sélection est en effet une fois de plus des plus variées, avec deux aventures exotiques au sens large, un grand classique italien et un documentaire fleuve parfaitement adapté pour clôturer l’anniversaire de Mai ’68. Nous nous sommes tant aimés de Ettore Scola est représentatif du courant du cinéma italien qui cherche, jusqu’à aujourd’hui, la symbiose entre la grande et la petite histoire, avec un résultat plutôt respectable dans le cas présent. Reprise de Hervé Le Roux est un fascinant puzzle du temps, une mise en abîme des conflits sociaux du passé, du présent et de l’avenir, qui sait justement prendre son temps, au vu de sa durée considérable de plus de trois heures ! Enfin, si Cinq et la peau du regretté Pierre Rissient relève de la curiosité filmique, notre préférence revient à La Femme insecte de l’immense Shohei Imamura.


Les 7 déserteurs ou la guerre en vrac de Paul Vecchiali (France, Drame, 1h31) avec Jean-Philippe Puymartin, Ugo Broussot et Bruno Davézé

Demi-sœurs de Saphia Azzeddine et François-Régis Jeanne (France, Comédie, 1h46, distribué sur 253 copies) avec Sabrina Ouazani, Alice David et Charlotte Gabris

L’Extraordinaire voyage du fakir de Ken Scott (France, Comédie, 1h32) avec Gérard Jugnot, Bérénice Bejo et Dhanush

L’Homme dauphin Sur les traces de Jacques Mayol de Lefteris Charitos (Grèce, Documentaire, 1h19)

Je vais mieux de Jean-Pierre Améris (France, Comédie, 1h26) avec Eric Elmosnino, Ary Abittan et Judith El Zein

Le Loup et l’agneau de Sevan Maurin (France, Thriller, 1h20) avec Aimie Pothet, Greg Cugnart et Teddy Andujar

Mon Ket de François Damiens (Belgique, Comédie, 1h29, distribué sur 354 copies) avec François Damiens, Christian Brahy et Matteo Salamone

My Pure Land de Sarmad Masud (Royaume-Uni, Drame, 1h30) avec Suhaee Abro, Salman Ahmed Khan et Sahib Ahmad

La Naissance de Narcisse de Hugo Parthonnaud (France, Drame, 1h28) avec Tony Simonneau, Laure Massard et Derek Robin

Opération Beyrouth de Brad Anderson (États-Unis, Thriller, 1h50, distribué sur 223 copies) avec Jon Hamm, Rosamund Pike et Shea Wigham

Retour à Bollène de Saïd Hamich (Maroc, Drame, 1h07, distribué sur 41 copies) avec Anas El Baz, Kate Colebrook et Saïd Benchnafa

Les Rives du destin de Abdolreza Kahani (Iran, Drame, 1h16, distribué sur 25 copies) avec Taraneh Alidoosti, Reza Attaran et Babak Hamidian

Train de vies ou les voyages d’Angélique de Paul Vecchiali (France, Drame, 1h16) avec Paul Vecchiali, Marianne Basler et Pascal Cervo

Une année polaire de Samuel Collardey (France, Drame, 1h34) avec Anders Hvidegaard, Asser Boassen et Thomasine Jonathansen

Reprises

Cinq et la peau (1981) de Pierre Rissient (France, Drame, 1h35) avec Féodor Atkine, Eiko Matsuda et Gloria Diaz

La Femme insecte (1963) de Shohei Imamura (Japon, Drame, 2h03) avec Emiko Aizawa, Setsuko Amamiya et Tomio Aoki

Nous nous sommes tant aimés (1974) de Ettore Scola (Italie, Comédie dramatique, 1h55) avec Vittorio Gassman, Stefania Sandrelli et Nino Manfredi

Reprise (1996) de Hervé Le Roux (France, Documentaire, 3h12)

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici