La Roche-sur-Yon 2017 : Kung Fu Yoga

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Kung Fu Yoga

Chine, 2016
Titre original : Gong fu yu jia
Réalisateur : Stanley Tong
Scénario : Stanley Tong
Acteurs : Jackie Chan, Disha Patani, Aarif Lee, Sonu Sood
Distribution : –
Durée : 1h47
Genre : Action
Date de sortie : –

Note : 2,5/5

Jackie Chan n’est pas encore bon pour la retraite. La grande époque de ses prouesses acrobatiques dans les films d’action mythiques des années 1970 et ’80 a beau être derrière lui, pour un acteur de son âge, il a su tant soit peu garder en vie la légende qui entoure son nom. Sa présence sur les écrans de cinéma français se résume hélas depuis de longues années à ses pitreries hollywoodiennes, dont une, certes un peu plus sérieuse, sortira dans moins d’un mois. D’où notre reconnaissance, acquise d’avance, envers le comité de sélection du Festival de La Roche-sur-Yon, qui a osé hisser le type de film de genre dans sa programmation, dont on ne voit généralement pas la couleur en salles. Bien que Kung Fu Yoga peine parfois à remplir ne serait-ce que nos attentes les plus modérées, c’est au moins un film qui emploie à satiété la recette Jackie Chan, à savoir plein de bastons ingénieuses avec des accessoires improbables, sur fond d’une histoire sans trop d’intérêt. Car si ce n’était pour l’énergie vitale et l’humour bon enfant de sa vedette, le film de Stanley Tong courrait sérieusement le risque de sombrer dans une posture laidement synthétique, malheureusement de mise dans la plupart des productions commerciales chinoises.

Synopsis : L’éminent archéologue Jack a consacré toute sa carrière de scientifique à un conflit ancestral entre de valeureux guerriers chinois et indiens. Au cœur du conflit était jadis un somptueux trésor, disparu depuis des siècles. La mystérieuse Ashmita apporte au professeur une carte, grâce à laquelle il pourrait être possible de déterrer ce joyau d’une autre époque. Accompagné de ses fidèles assistants, Jack fait appel à son neveu Jones, un chasseur de trésors sans scrupules. Ensemble, ils partent dans les glaciers de l’Himalaya dans l’espoir d’y résoudre l’énigme du trésor disparu.

Lion à bord

Même une star de l’envergure de Jackie Chan ne peut se soustraire à la mode cinématographique, qui consiste essentiellement du côté du cinéma chinois contemporain en l’emploi sans modération d’effets spéciaux d’une laideur affligeante. Ainsi, les premières minutes de sa sixième collaboration avec le réalisateur Stanley Tong sont simplement hideuses, dans leur tentative de reconstituer la bataille épique d’antan à coups d’images de synthèse incapables de créer l’illusion. Les choses s’arrangent un peu par la suite, puisque pareil excès dans l’utilisation d’outils informatiques paraît légèrement plus acceptable dans le contexte d’une course poursuite à travers les rues de Dubaï. Ce qui ne veut pas dire que la surenchère des voitures qui volent presque plus haut que les gratte-ciels ostentatoires de la métropole des émirats – quitte à éjecter doucement leurs passagers qui reprennent leur chemin à pied sans une égratignure – ou celle du fauve tenu en animal de compagnie font nécessairement l’affaire d’un divertissement rondement mené. De même, le côté publicité à peine larvée pour l’efficacité des gadgets scientifiques made in China, surtout notable pendant la première moitié du film, n’a pas manqué de nous agacer.

Juste l’un des meilleurs

Le secret de la longévité, par ailleurs amplement méritée, de la carrière de Jackie Chan est peut-être que son art se contente d’épater la galerie avec ses numéros de clown coriace. Ce film-ci ne fait point exception à la règle, puisque ses parties les plus réussies, pas très nombreuses mais pas non plus inexistantes, ravivent cette verve des gags physiques ébouriffants. Tandis que l’intrigue s’égare mollement dans un manichéisme primaire, hérité directement de l’univers d’Indiana Jones auquel le personnage principal fait explicitement référence, Jackie Chan ne se préoccupe guère des tenants et aboutissants de cette affaire d’état tirée par les cheveux. Pour notre plus grand bonheur à peu près jouissif, il enchaîne les séquences hilarantes, qui se moquent de cibles aussi faciles que le monde de James Bond dans ce qu’il a de plus risible, c’est-à-dire le royaume glacial du navrant Meurs un autre jour de Lee Tamahori, et de la roublardise indienne, symbolisée par toutes sortes de tours de magie, démasqués comme de l’imposture au cours d’un affrontement de haut vol. Or, l’absence de fil cinématographique réellement engageant n’est jamais plus flagrant qu’à la toute fin du film, quand le message platement consensuel vers lequel la narration s’était dirigée sans la moindre imagination est célébré par le biais d’une danse euphorique venue tout droit de Bollywood, quoique sans aucun rapport avec le spectacle très inégal qui l’a précédée.

Conclusion

Combien de temps Jackie Chan pourra-t-il encore maintenir les apparences ? Il est et restera sans doute une vedette mondiale hors pair, mais avec l’âge, il devrait penser à changer de registre, sans pour autant passer la main. Car le hic de son excellence indémodable dans un domaine plutôt pointu, c’est aussi que les successeurs dignes de reprendre le flambeau ne se bousculent pas au portillon. Kung Fu Yoga n’y changera strictement rien, puisqu’il s’agit d’un film beaucoup trop fouillis pour dégager quelque piste de renouveau que ce soit.

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