Journées Dyonisiennes 2015 : ouverture

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Voilà, une nouvelle édition du festival autrefois connu sous le nom de ‘Est-ce ainsi que les hommes vivent ?’ (créé par Armand Badéyan) devenu depuis l’an dernier Les Journées Cinématographiques Dyonisiennes dont la programmation est toujours signée Olivier Pierre, un gage de qualité et d’originalité. Premier invité d’honneur, Paul Vecchiali (aussi connu sous le nom de Vaquielli pour l’adjointe à la culture de la mairie de St Denis) prête le titre de l’un de ses meilleurs films, Femmes Femmes, à ces quinzièmes journées dont le thème est, comme par hasard, les Femmes. Drôle d’idée, mais on fera avec (ouuuh le misogyne, sifflent en cœur nos chères lectrices).

FEMMES FEMMES AFFICHE

Lors de la soirée d’ouverture, le réalisateur octogénaire (et des poussières) a honoré la mémoire de ses collaborateurs, le directeur de la photographie Georges Strouvé et à l’ingénieur du son Antoine Bonfanty, ses complices pour l’impressionnant plan-séquence d’ouverture de ce premier film présenté lors du festival 2015, un sacré moment de cinéma porté par les performances de deux grandes dames du cinéma en général, de Vecchiali en particulier, Sonia Saviange, sa sœur et Hélène Surgère, interprètes de deux actrices vivant retirées ensemble dans un petit appartement que le récit ne quittera guère, sans jamais donner une impression d’enfermement, sinon celui du /des personnage(s). Une comédie hilarante doublée d’une tragédie implacable sur la solitude, l’échec d’une vie qui rend folle et qui glisse subtilement vers le conte fantastique. Un habile croisement entre le gai et le triste, le réel et l’imaginaire écrit par Vecchiali et Noël Simsolo également présent dans la distribution en voisin dandy. Cinq autres longs-métrages du cinéaste seront présentés : Rosa la rose fille publique avec Marianne Basler, présente le soir de l’ouverture mais qui ne reviendra hélas pas pour la séance, Change pas de main (l’un des meilleurs films pornographiques jamais tournés), Corps à cœur, En haut des marches et l’inédit Retour à Mayerling, tourné en 2011 et jamais sorti depuis, malgré une belle distribution (Basler encore, Edith Scob, Fabienne Babe).

Femmes Femmes avec Sonia Saviange et Hélène Surgère
Femmes Femmes avec Sonia Saviange et Hélène Surgère

Paul Vecchiali n’est pas le seul invité prestigieux présent cette année. De grands noms féminins du cinéma seront également présentes, l’italienne Lina Wertmüller (née en 1928) et ses films aux titres épiques : Mimi métallo blessé dans son honneur, Film d’amour et d’anarchie, Vers un destin insolite, sur les flots bleus de l’été et Cette fois-ci, parlons des hommes, les deux premiers en DCP, les deux autres dans des copies 35 annoncées superbes, venant directement d’Italie. Elle sera présente les samedi 7 et dimanche 8 dans la soirée, l’événement est suffisamment rare pour vous encourager prestement à ne pas rater cette grande dame du cinéma, probablement la plus talentueuse cinéaste italienne (avec la documentariste Cecilia Mangini).

Lina Wertmüller
Lina Wertmüller
Mimi métallo blessé dans son orgueil avec Giancarlo Giannini et Mariangela Melato
Mimi métallo blessé dans son orgueil avec Giancarlo Giannini et Mariangela Melato
Rosa luxemburg avec Barbara Sukowa
Rosa Luxemburg avec Barbara Sukowa

Les autres rencontres : Margarethe Von Trotta a présenté Rosa Luxemburg le mercredi 4 dans le cadre d’une Carte Blanche au Festival de Films de Femmes de Créteil qui fêtera son 37ème anniversaire en mars prochain, Agnès Varda donnera une leçon de cinéma le vendredi 6 à 16h après les projections de L’une chante l’autre pas (midi) et Sans toit ni loi (14h), Nelly Kaplan sera là pour La Fiancée du pirate le lundi 9 à 20h45. L’avocate Gisèle Halimi et son double à l’écran Anouk Grinberg seront présentes pour la projection du téléfilm Le Procès de Bobigny de François Luciani, avec un débat autour de l’avortement. Enfin, le japonais Kiyoshi Kurosawa présentera deux films courts récents, Beautiful New Bay Area Project et Seventh Code le vendredi 6 à 20h15.

Baise-moi
Baise-moi

Autre invitée d’honneur, l’écrivaine et réalisatrice Virginie Despentes pour une carte blanche avec son documentaire sur le féminisme porno punk (Mutantes) et ses fictions Baise-moi et Bye Bye Blondie, ainsi que Innocence de Lucile Hadzihalilovic et A Gun for Jennifer de Todd Morris, ce dernier lançant l’autre grand moment de ce festival, la nuit Rape & Revenge (le samedi 7 à partir de 22h30). Le genre très typé est toujours un gage de moments forts de cinéma déviant avec quatre œuvres marquantes du genre, portées par des caractérisations fortes de quatre grandes actrices marquées par leurs rôles respectifs, aidées par les auteurs qui évitent la complaisance de bien de films traitant du même thème. Après A Gun for Jennifer, Crime à froid de Bo Arne Vibernius, I spit on your grave de Meir Zarchi (un modèle de retenue malgré le potentiel douteux) et L’Ange de la vengeance d’Abel Ferrara sont trois autres films d’un très grand niveau.

Crime à froid
Crime à froid

À voir encore Gloria de John Cassavetes, Loulou de Pabst, Elle s’appelait Scorpion de Shunya Ito, avec la délicieuse Meiko Kaji, Norma Rae de Martin Ritt, La Bataille de Solférino de Justine Triet, Mooladé de Ousmane Sembene suivi d’un débat sur l’excision, le très beau récit de vampire au féminin A Girl walks home alone at night d’Ana Lily Amirpour, le film noir Outrage d’Ida Lupino autour d’une victime de viol. À éviter absolument : Les Merveilles d’Alice Rohrwacher, grand prix du dernier Festival de Cannes totalement injustifié, obscur et repoussant d’ennui et de prétention.
Programme complet en cliquant sur ce lien vers le site officiel.

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