Je me suis fait tout petit

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Je me suis fait tout petit

Je me suis fait tout petitJe me suis fait tout petit

France : 2012
Titre original : Je me suis fait tout petit
Réalisateur : Cecilia Rouaud
Scénario : Cecilia Rouaud
Acteurs : Denis Ménochet, Vanessa Paradis, Léa Drucker
Distribution : Rezo Films
Durée : 1h 36
Genre : Comédie, Romance
Date de sortie : 11 juillet 2012

Globale : [rating:4][five-star-rating]

Premier film de Cécilia Rouaud, cette histoire de famille recomposée s’avère une très jolie réussite grâce à un ton résolument tourné vers le comique mais qui ne laisse jamais en rade toute la composante sociétale et tragique du propos. Un juste équilibre qu’incarne magistralement Denis Ménochet et Vanessa Paradis, par ailleurs remarquablement entourés de seconds rôles épatants.

Synopsis : Cinq ans qu’Ivan ne parvient pas à faire le deuil de sa relation avec Eve dont il a eu deux filles qui vivent chez leur tante. Durant ces cinq années, Eve a pondu un troisième lardon qu’elle vient d’abandonner pour partir en Thaïlande. C’est Ivan qui va, en désespoir de cause, héberger l’enfant au caractère un peu bizarre. Aussi bizarre que le comportement d’Emmanuelle, prof d’art plastique qu’il croise un beau jour…

Je me suis fait tout petit

Bizarre, vous avez dit bizarre ?

Nous avions adoré Denis Ménochet dans le premier long métrage de Mélanie Laurent, « Les Adaptés » où il tenait enfin un vrai premier rôle. Sa bonhomie naturelle, l’empathie immédiate que laisse échapper la sous-jacente et désarmante fragilité de son regard le portent à camper des personnages à la limite de la loose, ces âmes égarées en perpétuel questionnement. La scénariste et réalisatrice Cécilia Rouaud (dont c’est le premier long) a misé juste en lui confiant le rôle d’Ivon. Il y est simplement bouleversant, sans conférer pour autant à son personnage plus de pathos qu’il n’en faut. Magnifiquement secondé par une Vanessa Paradis au jeu décidément d’une parfaite justesse rehaussé ici d’une délicieuse pointe de folie, il crève l’écran.

Je me suis fait tout petit

Grains de folie

La folie du personnage d’Emmanuelle va d’ailleurs inonder tout le propos. Chaque protagoniste semble en effet avoir un grain plus ou moins germé, ce qui installe cette histoire dans un registre à la lisière du surréalisme. Familles recomposées, père élevant un gamin seul, adoption à l’étranger, tout ce camaïeu de situations bien réelles vont pourtant ancrer le sujet dans une société française éminemment d’aujourd’hui. Mais qu’il s’agisse des T.O.C d’Ariane (Léa Drucker, excellente), de la haine assez incompréhensible des deux filles d’Ivan pour leur père ou de l’encombrant collègue d’Ivan, chaque personnage apparaît passablement frappé et le rire, ce rire qui désacralise tout, ne manque pas de dominer grâce à des situations loufoques et cocasses relayées par un dialogue joliment ciselé.

Mais au-delà de cette drôlerie quasi-permanente qui habite le sujet, l’incommunicabilité, thème essentiel de ce film, vient trainer son cortège de désarrois, de non-dits anxiogènes, de désespérantes solitudes. Le personnage du sourd-muet dont tombe amoureuse la fille aînée d’Ivan incarne à lui tout seul toute cette incompréhension dont se plombe toute absence de dialogue. Chaque personnage semble s’être enfermé dans une carapace que seul brisera le dialogue. Et même si ce film fait songer à une chanson de Brassens, c’est bien à Barbara que nous pourrons emprunter la phrase qui résume tout : « Les hommes meurent de ne rien se dire ». Heureusement, ces héros ordinaires n’en sont pas là. Leur bizarrerie (le mot est prononcé maintes fois) va finalement les sauver. Leur drôlerie et leur tendresse aussi.

Résumé

Superbe duo formé par Vanessa Paradis et Denis Menochet, ce premier film joliment maîtrisé laisse souffler un vent de folie salvatrice qui provoque de vrais rires. Dialogue et situations fort drôles apportent un contrepoint nécessaire à cette histoire aux accents parfois tragiquement humains.  

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