Intégrale Claude Berri #06 : Le mâle du siècle (1975)

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Le mâle du siècle

France : 1975
Titre original : –
Réalisation : Claude Berri
Scénario : Claude Berri, Jean-Louis Richard, Milos Forman
Acteurs : Claude Berri, Juliet Berto, Yves Afonso
Durée : 1h32
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 12 mars 1975

Note : 3,5/5

Quelques années après Sex-Shop, Claude Berri fait à nouveau le choix en 1975 de s’essayer à la fiction avec Le mâle du siècle, abandonnant de fait la veine « autobiographique » qui conduisait, comme un fil rouge, ses premiers longs-métrages. Mais chassez le naturel, il revient au galop : comme on pouvait s’y attendre, Claude Berri s’investira énormément dans le film d’un point de vue émotionnel, au point que l’on puisse y voir une espèce de « thérapie » par le cinéma, une façon pour lui de régler ses comptes non seulement avec les femmes mais également avec la société des années 70…

 

 

Synopsis : Claude est marié à Isabelle depuis sept ans. Un jour, alors qu’elle dépose un chèque à sa banque, Isabelle est prise en otage par un gangster prêt à tout pour obtenir une rançon. Son mari, très jaloux, se propose de prendre sa place mais le bandit refuse. Claude se met alors en tête que sa femme le trompe avec cet homme…

 

 

Claude Berri l’écrivait lui-même dans son autobiographie parue en 2003 : l’écriture du Mâle du siècle lui a servi « d’exorcisme », de catharsis destinée à « se guérir de ses pulsions colériques d’homme possessif et jaloux ». Il est vrai qu’il est gratiné Claude, le héros du film de 1975 : ce dernier est incapable de supporter la possibilité que sa femme le trompe tout en ayant, de son côté, des aventures extra-conjugales. « La libération de la femme, je m’en fous » balance-t-il à sa moitié, les yeux fous et l’écume aux lèvres. C’est d’ailleurs un peu dans ce personnage que Le mâle du siècle trouve ses limites, du strict point de vue de l’identification du spectateur au personnage principal. Difficile en effet de se reconnaître dans cet homme aux idées étriquées, opposé aux mouvements libertaires, beatniks et baba-cools, ayant fleuri un peu partout en France après mai 68, coincé, odieux et presque caricatural même si l’on sent, en tant que spectateur, que cette douleur et ce mal-être relèvent du vécu.

Et parallèlement aux états d’âme de ce personnage aussi paumé que triste, il y a cette prise d’otage faisant suite à un braquage de banque, mise en scène avec un naturalisme qui fait froid dans le dos, dans un style finalement pas si éloigné de son contemporain Un après-midi de chien, le film de Sidney Lumet étant également sorti en 1975 aux États-Unis. Une prise d’otage qui permet in fine à Claude Berri de souligner qu’à l’intérieur de la banque comme dans les relations homme / femme en général, tout ne semble finalement basé que sur des rapports de force.

 

 

Conclusion

A partir d’un simple fait divers (une prise d’otage), le scénario du Mâle du siècle – originellement imaginé par Milos Forman – permet finalement à Claude Berri de dresser un film profondément personnel, doublé d’un constat social alarmant concernant la France du début des années 70. Un constat amer, désespéré (on ne note aucune évolution entre le Claude du début et celui de la fin du film) pour un film intéressant, tendu, et jamais réellement là où on l’attend.

 

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