Festival Genre 3 – 2012

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© Franck Bortelle

C’est une sélection de haut vol qui attendait les festivaliers à Saint-Ouen ce week-end. « En pays cannibale », premier long métrage d’Alexandre Villeret a fait l’ouverture vendredi soir avant de céder la salle aux douze courts sélectionnés. Beaucoup de talents. Deux récompensés : « Sick » (meilleur film) et « Trotteur » (meilleure réalisation). Coup de projecteur sur un événement qui mérite de faire parler de lui.

Le nom de Saint-Ouen, plus associé aux célèbres marchés aux puces qu’au 7ème art, résonne toujours, et pour les Parisiens plus encore, comme une destination qui relève du purgatoire. Y faire venir du monde n’est pas toujours chose acquise et ne parlons même pas de la presse ! Pourtant, avec des moyens dérisoires, l’association Commune Image a organisé pour la troisième année consécutive un festival du court métrage. Cette année, le niveau était particulièrement élevé.

Vendredi soir, c’est un long qui a ouvert les festivités. « En pays cannibale », présenté dans une version encore provisoire, fait montre d’un savoir-faire prometteur de son metteur en scène, Alexandre Villeret. Dopé à une cinéphilie assumée, son film, véritable bombe en noir et blanc, capte l’univers d’un talent qui devrait rapidement s’identifier sans même qu’on ait à lire son nom à l’écran. Nous aurons l’occasion de reparler de ce film avant sa sortie prévue pour la fin de l’année.

Samedi, douze films en compétition. Tour d’horizon de ces douze travaux.

« Karolyn » de Philippe Ibinga (France). Un huis clos étouffant de passage à tabac d’une jeune femme avec en contrepoint des images passées en ordre inversement chronologique. Le procédé de mise en scène est aussi séduisant que l’image. On regrettera juste la fin quelque peu escamotée.

« Estomago » de Camille Achour et Jean-Thomas Séité (France). Un gardien seul survivant doit faire face à des zombies. Un sujet maintes fois rabâché certes, mais doté ici d’un savoir-faire visuel intéressant et d’effets spéciaux qui, en dépit d’un budget serré, ne sombrent pas dans le ridicule.

« Entre deux » de Lucas « Kub » Fabiani & Pascal Barbier (France). Le plan simple et réglé qui foire lamentablement. Déjà vu ? Certes. Mais pourtant les auteurs ont parfaitement réussi à déjouer les codes du genre tout en assumant pleinement leur « tarantinophilie ». C’est drôle, décalé, déjanté. Les comédiens excellent et la réalisation est au cordeau. Un de nos quatre coups de cœur.

« Sick » de Jean-Luc Herbulot (France). Une histoire de self vengeance fomentée par les parents suite à la relaxation de l’assassin de leurs enfants. Un scénario machiavélique au final étourdissant qui justifie son titre. Flippant. Une très belle réussite. Prix du meilleur film.

« Block 66 » de Patrice Gablin (France). Dans un camp de la mort pendant la Seconde Guerre mondiale. Comment échapper à l’éventration lorsqu’on est une femme enceinte ? Une reconstitution remarquable, un superbe travail sur la photo et un sujet fort. L’ensemble, porté par l’interprétation d’Elsa Lughini, est de très belle facture.

« Trotteur » de Arnaud Brisebois et Francis Leclerc (Canada). Course entre un homme et une locomotive. Certes, la métaphore du combat contre plus fort que soi est belle, tout autant que l’image et le filmage mais l’ensemble paraît avoir été extrait d’un clip du duo Farmer/Boutonnat, le scénar en moins. Prix de la mise en scène.

« A tout prix » de Yann Danh (France). Le kidnapping d’un boss par trois de ses employés après l’annonce d’une délocalisation. Tendu, nerveux et efficace. Encore un bel exercice de style.

« Bucle » de Aritz Moreno (Pays Basque). Un ovni qui revendique sa nationalité. Le film dont la présence semble la plus légitime dans ce festival puisque c’était le plus court. Trois minutes à peine d’un mec qui prend un café. Puissamment mis en scène et parfaitement maîtrisé dans son filmage et avec une chute drôlissime, ce petit bijou était notre deuxième coup de cœur.

« La Casa del lago » de Galder Gaztelu-Urrutia (Pays Basque). Une vengeance ultra stylisée, sans un mot dans un film qui laisse les bruitages faire office de dialogue. Un procédé audacieux. Du cinéma prometteur.

« Un jour Sang » de Steven Pravong (France). Trop belle pour vivre, elle va se faire massacrer, lapider, profaner jusque dans ses entrailles. En utilisant le hors champs, le cinéaste réussit un coup de maître à partir d’un scénario sado machiavélique à souhait qui renvoie au « Funny Games » de Haneke. Notre troisième coup de cœur.

« Cinderella 3.0 » de Sebastian Harrer (Allemagne). Deux personnes se draguent sur le Net et se rencontrent. Un conte fantastique et futuriste délirant, variation trash et délurée de Cendrillon sur fond de sexe, de transformisme, de magie loufoque. Un bijou venu d’outre-Rhin et notre quatrième coup de cœur.

« Innocence » de Jean-Christophe Savelli (France). Des morts vivants investissent un local où un commando armé tente de lutter face à cette invasion. Ca dégomme, ça sulfate, ça pulvérise. Le final délirant au message sociétal assez clairement assumé justifie toute cette première partie qui lorgne toutefois de manière un poil trop appuyée sur « Assaut » de Carpenter. Il n’en demeure pas moins une réussite.

© Franck Bortelle

 

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